Vincent Peillon annonce 10 000 contrats aidés pour l'enseignement secondaire... mais pour quoi faire ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé 10 000 recrutements supplémentaires « spécifiquement pour le secondaire ».
Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé 10 000 recrutements supplémentaires « spécifiquement pour le secondaire ».
©Reuters

Plus n'est pas mieux

Alors que la loi de refondation de l'école a été adoptée définitivement mardi soir, le ministre de l'Education nationale a annoncé, mercredi matin sur Europe 1, la création de 10 000 postes supplémentaires dans les collèges et lycées.

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard

Jean-Rémi Girard est vice-président du SNALC-FGAF (Syndicat National des Lycées et Collèges). 

Il tient le blog sur l'Education nationale "Je Suis en retard" : http://celeblog.over-blog.com

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Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a annoncé 10 000 recrutements supplémentaires « spécifiquement pour le secondaire ». Derrière ces « postes », on ne trouve en fait pas de professeurs en plus (le nombre de postes aux concours a par ailleurs été augmenté lui aussi), mais ce qu'on appelle des contrats aidés. Ces contrats aidés sont une sorte de variante des « emplois jeunes » pour insérer de diplômés qui ne parviennent pas à trouver un emploi. La question est de savoir à quoi ils vont servir. Autant ces mêmes contrats semblent avoir une réelle utilité dans le premier degré (10 000 contrats pour faire de l'aide administrative aux directeurs d'école) ainsi que pour mieux accompagner les élèves en situation de handicap (8 000 contrats), autant on reste dans le flou quant à l'utilisation dans les collèges et les lycées de ces recrutements qu'on peut qualifier de précaires.

En tant que professeur, je suis pour le renforcement de la présence des adultes dans les établissements : nous manquons de surveillants, nous manquons de remplaçants, nous manquons d'infirmiers et d'assistants sociaux. Mais le nombre ne fait pas tout : la qualification est essentielle. Un adulte non formé et non préparé que l'on balance dans un collège, c'est le plus souvent un adulte inutile, voire ans certains cas néfaste, car incapable de gérer les situations propres à notre institution. Pour le dire clairement : l’Éducation nationale a besoin de vrais professionnels. Elle a par exemple besoin que la charge d'assistant de vie scolaire (ceux qui accompagnent les élèves handicapés au quotidien) devienne un véritable métier, avec une formation, un salaire décent et des perspectives à long terme. Au lieu de ça, nos AVS actuels sont là pour 6 ans au maximum, et merci d'être venu, on ne vous recontactera pas. Il en va de même pour nos 10 000 contrats : nous avons besoin de vrais assistants pédagogiques, de vrais surveillants... et de vrais professeurs, d'ailleurs, et non d'ersatz qui font du nombre.

La quantité est une chose : la qualité en est une autre. 10 000 contrats aidés ne résoudront certainement pas les problème de notre système ; en revanche, 10 000 personnels formés de plus ne seraient pas du luxe. Nos professions ne peuvent être exercées par n'importe qui n'importe comment : elles demandent du temps, de l'énergie, des compétences qui ne s'acquièrent pas d'un coup de baguette magique. L'école est une chose sérieuse : qu'on y mette des gens sérieux.

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