Faire une grande école est-il toujours rentable ? <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
"Dans le match des salaires et de l'insertion, les grandes écoles demeurent toujours supérieures aux facultés."
"Dans le match des salaires et de l'insertion, les grandes écoles demeurent toujours supérieures aux facultés."
©Reuters

Retour sur investissement

Si les salaires moyens des jeunes diplômés de grandes écoles ne cessent de baisser depuis les années 2000, ce choix demeure plus que jamais une bonne affaire financière.

Julien Pompey

Julien Pompey

Julien Pompey est journaliste spécialiste des formations supérieur. Il est le réacteur en chef de Panthéon-Sorbonne, le magazine de l'université Paris 1.

Voir la bio »

Atlantico : Une note d'insertion professionnelle rendue publique par la Conférence des grandes écoles montrent que le salaire moyen des jeunes issus de grandes écoles ne cesse de s'infléchir depuis le début des années 2000, ainsi que le nombre de contrat de travail en CDI. Cette inflexion est-elle seulement due à la crise, ou y a-t-il un vrai début de désaffection des employeurs pour les grandes écoles ? 

Julien Pompey : Une inflexion, oui ! Une désaffection des employeurs, non ! Cette inflexion s'explique seulement en partie par la crise et ses conséquences. Les entreprises sont en effet de plus en plus dans un rapport de force, moins favorable aux jeunes diplômés de grandes écoles. Les entreprises étaient prêtes, il y a peu encore, à faire parfois de la surenchère pour recruter les meilleurs, tandis que maintenant elles ont tendance à se cantonner à la grille de salaires. Les jeunes diplômés doivent donc faire des concessions, et accepter de plus en plus souvent un contrat précaire ! Mais cette inflexion s'explique aussi par un certain déséquilibre entre l'offre et la demande, provoquant une baisse des salaires. C'est par exemple le cas de des ingénieurs dans le secteur marchand…

Les salaires à la sortie baissent, mais les frais d'inscriptions (parfois payés via des prêts) à l'entrée augmentent. Les grandes écoles deviennent-elles une mauvaise affaire financière ?

Au contraire, en cette période délicate pour l'emploi, notamment des jeunes, les grandes écoles demeurent plus que jamais une bonne affaire financière. Certes, les salaires à la sortie ont baissé, les frais d'inscription ont tendance à augmenter, mais les jeunes diplômés affichent toujours des chiffres bien supérieurs à la moyenne française, que ce soit en termes de salaires, d'insertion… Il y a un effondrement quasiment partout, tandis que les grandes écoles parviennent plus ou moins à se maintenir.

Si les revenus se sont réduits, qu'en est-il par contre de l'écart entre les grandes écoles et la fac ? Un étudiant qui aurait le choix et hésiterait doit-il encore se poser la question – sur la seule base du salaire et de l'insertion – entre les deux types d'établissements dans la situation actuelle ?

Dans le match des salaires et de l'insertion, les grandes écoles demeurent toujours supérieures aux facultés. La preuve par les chiffres : 81,5 % des jeunes diplômés occupent un poste six mois après l'obtention de leur diplôme. Du côté de l'université, la dernière enquête d'insertion du ministère de l'Enseignement supérieur affiche des taux conséquents (92 % après une licence pro, 91 % après un master). Mais ces chiffres sont à relativiser, car ils sont recueillis 30 mois après l'obtention du diplôme… Quant au salaire moyen, l'écart demeure important, et toujours à la faveur des grandes écoles. De ce fait, un étudiant hésitant devra plutôt s'orienter vers une grande école, mais cela dépend encore de son projet professionnel !

Les grandes écoles jouissent-elles encore de l'aura qui pouvait laisser penser qu'il valait mieux, pour assurer son avenir, être un étudiant médiocre d'un grande école mal classée, qu'un bon élève de fac ? Gardent-elles auprès des employeurs, et même du grand public, cette image d'excellence en toute circonstance ? 

Les grandes écoles conservent une excellente réputation et une certaine aura, aussi bien sur le plan national qu'international. Et pour cause, elles ont un atout de taille : leur proximité avec les entreprises. Tous les jeunes diplômés de grandes écoles se lancent sur le marché du travail en ayant fait au moins un stage, un apprentissage, une césure… C'est un vrai avantage, qui fait la différence et qui est bien souvent synonyme d'excellence!

Plus d'une centaine d'écoles, souvent de petite taille, et au parcours pas toujours lisible... les grandes écoles ne sont-elles pas victimes de leur élitisme et de leur "fermeture", figure de "bizarrerie" française dans un monde des études supérieures de plus en plus ouvert ?

Il y a encore quelques années, on pouvait critiquer les grandes écoles pour leur manque d'ouverture et leur volonté de développer un certain élitisme. Mais ce n'est plus vrai désormais : elles s'ouvrent de plus en plus, et ont tendance à rationaliser leurs formations en se concentrant sur des parcours d'excellence tout en innovant. Elles multiplient aussi les mesures pour développer la diversité et ont même tendance à fusionner ou, du moins, à se rapprocher. Et ce, en vue d'attirer bien entendu, mais également d'exister dans une sphère de la formation qui manque en effet de lisibilité !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !