Ce que le capitalisme vous offre, ce que le socialisme vous laisse : seul un tiers de la hausse du coût du travail depuis 1980 s'est répercutée sur les salaires<!-- --> | Atlantico.fr
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En trois décennies, le salaire net moyen n’a crû, après correction de l’inflation, que d’à peine 4000€.
En trois décennies, le salaire net moyen n’a crû, après correction de l’inflation, que d’à peine 4000€.
©Reuters

Ponction douloureuse

Entre 1980 et 2010, le prix payé par les entreprises pour un salarié français "moyen" a crû de 12 000€, net de l’inflation. Cependant seuls 4000€ sont arrivés dans les poches des travailleurs. Le reste a été capté par l’État.

 Acrithène

Acrithène

Acrithène tente tous les jours de vulgariser la science économique sur son blog.

Il est diplômé d’HEC Paris (finance) et de l’Ecole d’Economie de Toulouse (économie théorique) et actuellement doctorant.

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Car s’il fallait compter sur le capitalisme pour faire vivre les travailleurs et les travailleuses, nous serions bien mal partis. Pensez qu’en trois décennies, le salaire net moyen n’a crû, après correction de l’inflation, que d’à peine 4000€ (euros de 2012 dans tout l’article). Et ce alors qu’il avait crû de 14 000€ entre 1950 et 1980.

A en croire les socialistes, on aurait là la preuve que le capitalisme exploite le travail en refusant de le payer à sa juste valeur. Une histoire qui ne tient pas la route lorsqu’on analyse sérieusement les chiffres.

A l’aide des données historiques du salaire net moyen de l’INSEE (source) et de l’historique des barèmes des prélèvements sociaux fourni par l’Institut des Politiques Publiques (source), j’ai reconstitué l’historique de trois séries. Salaire net, charges patronales et charges salariales pour un salarié moyen. Heureusement que la fiscalité française est relativement simple, permettant à un doctorant en finance de faire ce travail en moins de 5 heures.

Le graphique qui suit présente l’évolution historique de ce que paye une entreprise pour embaucher un salarié français moyen, et de ce que le salarié reçoit effectivement comme salaire annuel net. Le graphique laisse apparaître une forte inflexion dans le rythme d’augmentation du salaire net à partir de la fin des années 1970. L’essentiel de l’inflexion est dû à la fin du rattrapage du niveau de productivité américain. Cependant, il est aussi frappant que le ralentissement de la hausse du salaire net moyen a été beaucoup plus fort que celui de la hausse de ce que payent les employeurs. Autrement dit, le marché a continué à valoriser le travail de plus en plus, ce qui ne s’est pas vraiment ressenti dans les salaires.

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Pourquoi ? Pour comprendre, il suffit de jeter un œil au graphique suivant, qui décompose le prix du travail entre les charges prélevées par l’État et la part revenant au final au salarié. Depuis 1950, la part du salaire net dans le coût d’un salarié est passée de 74% à 56%. On pourrait disserter sur le chômage induit par ce genre de matraquage, mais ce billet porte principalement sur le pouvoir d’achat des salariés du privé.

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Pour conclure, le dernier graphique décompose la hausse du salaire net moyen entre 1980 et 2010. Pour les employeurs, la facture pour un salarié moyen a crû de 12 000€, mais 65% de cette hausse de la valeur de marché du travail a été absorbée par l’État-providence. Évidemment, une fois arrivé au salaire net, reste-t-il encore à payer la TVA, l’impôt sur le revenu, la cantine des enfants des autres… et cetera.

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Pour transparence, vérification, correction : l’ensemble des données ici.

Ce texte a été initialement publié sur le blog d'Acrithène

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