Chronique d’un conflit annoncé : pourquoi tout est déjà écrit sur le dénouement de la conférence sociale<!-- --> | Atlantico.fr
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Le gouvernement va lancer un plan massif pour tenter de pourvoir les emplois non pourvus qui plombent les secteurs de l’économie qui marchent.
Le gouvernement va lancer un plan massif pour tenter de pourvoir les emplois non pourvus qui plombent les secteurs de l’économie qui marchent.
©Flickr

Couru d'avance

L’emploi et les retraites ont été hier jeudi au cœur de la première journée de la conférence sociale tenue par le président de la République François Hollande et les syndicats.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Comme pour la première édition, c’est le Premier Ministre qui va dérouler l’agenda social de la fin de l’année 2013 et du début 2014, en clôture de la conférence sociale au Palais d’Iéna, (siège du Conseil Economique et Social et Environnemental) à Paris. François Hollande en a défini l’esprit : priorité à l’Emploi, s’accrocher à la très légère embellie conjoncturelle du moment ; louable intention, mais cela signifie qu’il ne veut pas provoquer de traumatisme avec d’autres réformes, à commencer par celle des retraites qui doit constituer le gros morceau de la rentrée .

Pour l’heure le gouvernement va lancer un plan massif pour tenter de pourvoir les emplois non pourvus qui plombent les secteurs de l’économie qui marchent. L’accent sera mis sur la formation et  l’apprentissage : il y a 435.000  apprentis en France pour 1,5millions en Allemagne. Les chiffres parlent d’eux-mêmes quand on les compare à ceux du chômage dans les deux pays ! « Incitera »-t-on pour autant davantage les chômeurs à reprendre une activité ? A voir.

François Hollande persiste à vouloir inverser la courbe du chômage d’ici la fin de l’année. Une méthode Coué qui portera peut-être ses fruits, mais pour l’heure le chef de l’Etat est contredit par l’INSEE qui a publié ses dernières statistique et dont le verdict est  sans appel : il n’y aura pas inversion de la courbe. Il est certes arrivé que les plus talentueux conjoncturistes soient contredits par les faits. Faut-il rappeler cependant que ces rebonds surviennent après des réformes drastiques (voir l’Allemagne et les légères embellies des économies espagnoles et grecques) ?

Or François Hollande, qui n’a pas manqué de rappeler que « c’est le Gouvernement et lui seul qui décide », choisit la méthode douce : «  la réforme que nous avons donc à faire n’est pas pour ajouter une peur à une autre » a-t-il déclaré. Partant de là, il a redit son refus d’augmenter l’âge légal de départ à la retrait, afin de «ne pas pénaliser ceux qui ont commencé à travailler tôt », préférant la formule qu’il considère comme « plus juste» de l’allongement  de la durée de cotisation, «à condition de l’appliquer à tous, et à tous les régimes, et de tenir compte de la pénibilité des tâches, mais aussi d’un autre élément qui doit être dans la discussion, qui est l’allongement de la période des études et qui appellera nécessairement un effort contributif, calculé d’une manière différente d’aujourd’hui ». Propos sibyllins qui signifient  qu’en dépit de longues années d’études on ne travaillera pas jusqu’à 70 ans, comme le craignait le leader de FO, Jean-Claude Mailly. François Hollande  n’a pas soufflé les mots sur les régimes spéciaux dont les bénéficiaires partent toujours avant 60 ans, mais dans la mesure où il parle d’appliquer « à tous » l’allongement de la durée cotisation, ils devraient être concernés ! A moins que l’on ne trouve, pour les en exclure, un subterfuge comparable à celui du calcul de la retraite.  Pour le privé, il s’effectue sur les 25 dernières années, dans le public, sur les 6 derniers mois. Mais à en croire le chef de l’Etat, le résultat comparable ; les fonctionnaires ne sont pas privilégiés ! Le message a été reçu cinq sur cinq par les organisations syndicales.  Là où tout le monde risque en revanche d’être concerné, c’est par « l’effort contributif », c’est-à-dire l’augmentation des cotisations pour tenter de combler le lourd déficit du régime des retraites. Mais là, c’est le patronat qui va monter au front.

Or il est reconnu  que l’allongement d’un an de la  durée d cotisation rapporterait environ 4milliards d’euros, alors que l’augmentation de l’âge légal d’une année  rapporterait  entre 8 et 10 milliards aux Caisses de l’Etat. Et cela n’empêcherait pas d’exclure ceux qui exercent des métiers pénibles de cette disposition. A Droite, c’est une idée qui commence à faire son chemin. L’ancien Ministre Xavier Bertrand reconnait qu’il réfléchit à la «  pénibilité ». Si aujourd’hui François Hollande se montre aussi  réservé sur une réforme des retraites, c’est parce qu’elle serait mortelle pour la Gauche sur le plan électoral. Or les échéances arrivent : municipales et européennes l’année prochaine, avec une nouvelle donne, le Front National qui s’impose dans le paysage électoral grâce notamment à des prises de position très égalitaires de Marine Le Pen qui défend « 40 années de cotisation pour tous et le calcul des pensions sur les dix meilleurs années dans le privé ». Même si les grandes décisions seront annoncées officiellement en septembre, les organisations syndicales et patronales ont déjà été prévenues : il n’y aura pas de grande Réforme, car le gouvernement veut éviter une crise sociale qui plomberait le pays. François Hollande compte sur l’effet tampon des Emplois d’Avenir et des Contrats de génération, (outils respectivement destinés à mettre les jeunes non qualifiés au travail et à préserver l’emploi des Séniors), pour ralentir la hausse du chômage, à défaut de l’inverser. Une reprise économique et le plan d’investissement européen enfin mis en œuvre feraient le reste. Et lui donneraient ses chances pour une réélection en 2017.

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