Les reclus de Monflanquin : au cœur de l'engrenage infernal <!-- --> | Atlantico.fr
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Thierry Tilly a été condamné, mardi 4 juin, par la cour d'appel de Bordeaux à dix ans de prison dans l'affaire des reclus de Monflanquin.
Thierry Tilly a été condamné, mardi 4 juin, par la cour d'appel de Bordeaux à dix ans de prison dans l'affaire des reclus de Monflanquin.
©Reuters

Bonnes feuilles

Pour la première fois, Christine de Védrines, l'une des principales victimes de l'affaire "des reclus de Monflanquin", témoigne de son calvaire. Extrait de "Nous n'étions pas armés" (2/2).

Christine   de Védrines

Christine de Védrines

Christine de Védrines est une des onze personnes qui ont vécu les épreuves de l'affaire largement médiatisée sous le titre : "Les reclus de Monflanquin". Elle livre son témoignage personnel dans le livre "Nous n'étions pas armés".

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Le premier vrai coup que va porter Tilly à notre famille, c’est en novembre 2000, lorsqu’il organise le scénario rocambolesque de Bordeneuve, du nom de la résidence secondaire de Ghislaine et Jean Marchand. L’histoire mettra en scène Ghislaine, Jean, son mari, Mamie, Philippe et Charles-Henri. Par un bel après-midi d’automne, alors qu’il est à son cabinet, Charles-Henri reçoit un coup de téléphone de Ghislaine : « Je suis très inquiète. Jean est en pleine dépression et risque de décompenser ! Il est à Bordeneuve. Maman et Philippe sont heureusement auprès de lui. Ils font tout pour l’empêcher de sortir et de commettre une bêtise ! Il faut absolument qu’il se soigne et soit hospitalisé.

— Pourquoi, c’est si grave que ça ? Tu en es sûre ?

— Oui, il faut absolument trouver un psychiatre. » A peine a-t-il reposé le combiné que Charles-Henri reçoit un nouvel appel : c’est Tilly !

« Charles-Henri, c’est grave, c’est très important, insiste-t-il. Il faut que vous trouviez un psychiatre !

Ghislaine a besoin de vous. Elle a peur que Jean ne commette une bêtise ! Nous comptons sur vous ! »

Extrêmement inquiet, Charles-Henri appelle l’un de ses amis psychiatres qui accepte de venir sur-le-champ à Bordeneuve. Lui-même quitte son cabinet pour rejoindre son confrère. Mais Jean va très mal tolérer qu’on l’ait retenu contre son gré, tout comme cette intrusion de sa belle-mère et de ses beaux frères, Charles-Henri et Philippe. Isolé dans sa chambre, il refusera leur aide. Ce jour-là Tilly aura malheureusement trouvé le moyen d’opérer les premières dissensions entre les beaux-frères. Il aura également réussi à mettre le branle-bas dans la famille, franchissant un premier pas déterminant dans la captation de mon mari et de Philippe.

Un peu plus tard, un cousin dont la fille suivait les cours de la Femme Sec me téléphone. Il s’inquiète : il semblerait que l’école traverse des problèmes financiers, le personnel serait menacé de licenciement et il n’y aurait plus de chauffage. N’étant au courant de rien, je ne peux le rassurer. Le soir même, j’en parle à Charles-Henri. Il m’apprend qu’avec Mamie ils ont fait des chèques assez importants à Ghislaine pour l’aider. Mais ils sont l’un et l’autre persuadés qu’il ne s’agit que d’un coup de pouce passager…

C’est aussi à cette époque que Thierry Tilly nous amène à créer deux sociétés civiles immobilières avec nos enfants. Il fait de même avec Philippe, sa compagne Brigitte, Mamie et Ghislaine. Guillaume, notre aîné, achève Sup de Co à Marseille où il mène la vie étudiante studieuse, riche et insouciante d’un garçon de vingt-deux ans. Au mois d’août précédent, Guillaume a déjà croisé Tilly, lors d’un dîner chez Ghislaine et Jean Marchand, à Bordeneuve. Il en est d’ailleurs revenu impressionné par la précision de ses connaissances dans le domaine des cartes à puces, une activité que Guillaume connaît bien pour avoir travaillé chez Gemplus, un spécialiste du secteur. Pour lui, cette rencontre devait être sans lendemain. Mais lorsque Charles-Henri lui téléphone et lui demande de venir passer le week-end à Bordeaux pour parler de « choses importantes dont il ne peut rien dire au téléphone », Guillaume accourt. En fait, il s’agit de signer les avis de constitution des SCI avec ses frère et soeur Amaury et Diane. Ces créations seront enregistrées à la recette des impôts de Villeneuve-sur-Lot, sur instructions de Tilly qui sait que cette démarche officielle va nous rassurer et nous ôter toute méfiance.

L’engrenage infernal est en place et nous y entraînons nos enfants.


Extrait de "Nous n'étions pas armés", Christine de Védrines, (édition Plon) 2013. Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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