Non, Canal Plus ne parviendra pas à faire du neuf avec du vieux<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Non, Canal Plus ne parviendra pas à faire du neuf avec du vieux
©

Mercato médiatique

Michel Denisot cède sa place de présentateur du Grand Journal à Antoine de Caunes. La chaîne cryptée prend le pari de l'ancienne icône de Nulle par Ailleurs pour relancer son émission fétiche, mais changer de présentateur ne semble pas LA solution miracle pour ressusciter ce programme.

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

Voir la bio »

Atlantico : La chaîne Canal Plus a annoncé qu'Antoine De Caunes remplacerait Michel Denisot à la présentation du Grand Journal à la rentrée. Antoine de Caunes a été le trublion de Nulle par ailleurs pendant des années. Est-ce une bonne technique pour Canal, d'essayer de relancer son émission de prime-time avec un ancien chroniqueur ? Peut-on vraiment faire du neuf avec du vieux ?

Antoine Bueno : Le problème du renouvellement n’est pas tant celui du présentateur vedette que de son entourage et de l’émission elle-même. La technique de reprendre quelqu’un qui fait les grandes heures de Nulle par ailleurs semble être une bonne idée. Le personnage central, le monsieur Loyal de l’émission doit être facilement identifiable par le téléspectateur. Antoine de Caunes bénéficie d’une très bonne image : il est populaire, cultivé, drôle. Il cumule un certains nombres de qualités  qui le rendent légitime, de plus il rappelle de bons souvenirs pour Canal.

Son âge est un atout car il est d’une génération supérieure à la moyenne d’âge des autres chroniqueurs. C’est tout le reste qui pose problème : à savoir les autres chroniqueurs, les invités et, surtout, mais cela va avec, le ton de l’émission.

Pour ce qui est des chroniqueurs, on peut s’étonner qu’il y ait aussi peu de renouvellement de têtes sur Canal que dans le reste du PAF alors que la chaîne s’est dotée dès l’origine d’une « cellule repérage ». Cette cellule est bien active ! J’en sais quelque chose ! Elle m’a repéré pour mes chroniques sur Atlantico !

Malheureusement, après avoir intégré le book des chroniqueurs potentiels, je n’ai pas été retenu. Comme tant d’autres. Pas assez bon, pas assez connu, trop original, je ne sais pas. Mais ce que je sais c’est que, hélas, beaucoup de recrutements sur Canal ne passent pas par la cellule repérage, mais bien par les voies classiques de recrutement, comme sur toutes les chaînes.

Et quoi qu’il en soit ce n’est plus l’originalité, la créativité et la fraîcheur du ton des chroniqueurs qui semble recherché par la chaîne. C’est bien là que le bât blesse. C’est cela que Canal a perdu au fil des années. La chaîne, sa vitrine Le Grand journal en particulier, s’est embourgeoisée et institutionnalisée. Le changement de nom de cette vitrine est à cet égard instructif : Ce que l’on voyait à Nulle part ailleurs ne se voyait effectivement nulle part ailleurs. Le Grand journal est avant tout… un talk comme tant d’autres.

Dans les années 90 et 2000, le ton était spontané, frais, unique. Mais avec le succès, l’émission s’est transformée en tout autre chose, voire même son contraire. C’est d’ailleurs le constat d’Ollivier Pourriol dans son livre.

Aujourd’hui l’émission est convenue, l’expression est bridée, ce n’est plus un espace de liberté, elle a perdu ce qui faisait son succès. Le problème ce n’est donc ni Denisot, ni De caunes,  mais l’institutionnalisation de l’émission.

L'arrivée d'Antoine de Caunes peut-elle sauver une émission en baisse dans les audiences ? N'est-ce pas surestimer le capital sympathie d'Antoine de Caunes ?

Le choix d’Antoine de Caunes peut être un atout mais il ne peut pas constituer l’atout déterminant du « sauvetage » de l’émission. Le point central c’est la nature même de l’émission : à savoir qui ont fait intervenir autour d’Antoine de Caunes et qui on invite, et surtout pour quel ton.

Pour se relancer l’émission doit innover, donner sa chance à des personnalités piquantes, faire venir des invités un peu moins médiatisés comme le fait un peu plus Ardisson par exemple.

Bref, retrouver l’originalité et la spontanéité perdues.

Après près de 10 ans de diffusion faut-il envisager un nouveau chapitre, et créer un nouveau concept d'émission ?

Il n’y a pas besoin de changer de format mais plutôt de contenu. On peut avoir exactement la même chose c’est-à-dire un Talk dans ce format mais avec une vrai liberté de ton. L’émission est concurrencée par C à Vous sur France 5. Cela ne fonctionne pas tant parce que l’émission propose une façon différente de présenter les invités – pendant le diner- que parce que les chroniqueurs sont plus libres et plus naturels.

En un mot, ce talk peut rester un talk s’il retrouve… sa folie !

Alors bon sang, gens de Canal, remuez-vous et recrutez-moi !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !