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Que peut-on encore attendre de la Chine ?
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Decod'Eco

La série d’indicateurs économiques décevants de ces derniers mois a instillé des doutes sur la solidité du modèle économique chinois. Faut-il en déduire que la Chine n'a plus rien à offrir ?

Florent Detroy

Florent Detroy

"Florent Detroy est journaliste économique, spécialisé notamment sur les questions énergétiques, environnementales et industrielles. Voir son site."
 
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Nous ne saurons pas si Xi Jinping aime la Budweiser. C’est peut-être le seul point qui n’aura pas été abordé par le président chinois au cours de sa rencontre avec Barack Obama lors de son séjour dans un ranch californien. Tout a été fait pour que la rencontre montre un tournant dans la relation sino-américaine.

Sans première dame, sans interprète parfois et sans cravate tout au long du séjour, les deux présidents ont pu aborder ensemble tous les sujets brûlants du moment. Seule la visite de Jiang Zemin en Corrèze mérite la comparaison avec les effusions que les deux présidents ont déployées.

Si les deux chefs d’Etat se sont entretenus de sujets qui leur sont propres, comme le cas de la Corée du Nord ou des cyber-attaques, ils ont également traité de sujets plus globaux, comme le réchauffement climatique. Ce “nouveau modèle de relation” nous confirme que la Chine est plus que jamais un interlocuteur majeur pour Washington.

Alors pourquoi nous inquiétons-nous de la santé chinoise ?

La série d’indicateurs économiques décevants de ces derniers mois a instillé des doutes sur la solidité du modèle économique chinois. Pourtant, il est toujours dangereux de brûler ce que nous avons adoré. Le modèle chinois ne va pas s’effondrer, mais est engagé dans une série d’évolutions qui bouleverse ses anciens équilibres.

C’est l’occasion pour nous d’explorer les opportunités d’investissements qui vont apparaître avec l’évolution du modèle chinois.

La plus forte croissance mondiale


C’est ce que l’on peut tirer de l’étude de la Banque Mondiale publiée cette semaine sur la croissance mondiale. Moins forte, mais moins volatile, la croissance mondiale continue d’être tirée par le continent asiatique.

Les chiffres sont incontestables, cela fait bientôt plus de 10 ans que le continent asiatique est le premier continent en terme de croissance. Elle sera de 7,3% pour l’Asie de l’Est et du Sud, contre 5,1% pour les pays en développement, sans parler des pays développés. Pour la Chine spécifiquement, la croissance devrait atteindre 7,7% cette année et pourrait revenir à 8% l’année prochaine.

La plupart des analystes qui ont commenté ces chiffres utilisent abondamment la comparaison avec les 10% de croissance que Pékin exhibait fièrement ces 20 dernières années pour pointer du doigt les failles du modèle. Il est vrai que l’indice PMI, l’indice manufacturier chinois d’HSBC, peine à convaincre de la vigueur de l’industrie. Après avoir flirté avec les 50 points, il est passé sous ce seuil en mai dernier, signe d’une contraction de l’activité.

Mais ces types de commentaires me font penser à ces employés de Darty qui déploraient la chute des ventes de magnétoscopes, ignorant l’essor du DVD. La Chine change de modèle. Le propre d’une opportunité d’investissement est d’être largement inconnue du plus grand nombre. Voici trois tendances qui vous aiderons à identifier les futures opportunités :

- Le gonflement de la classe moyenne chinoise


Estimés à 174 millions de foyers en 2012, les foyers à avoir un revenu annuel compris entre 9 000 $ et 34 000 $ seront 272 millions en 2022. Le plus impressionnant, c’est que la croissance de la fourchette haute de ces foyers, dont le revenu est compris entre 16 000 $ et 34 000 $, va dépasser de loin celle des autres pays. Ainsi, le pouvoir d’achat de cette classe devrait augmenter de 25% entre 2010 et 2025, contre 6% en Inde, 4% au Brésil et en Russie.

Cette montée en puissance du pouvoir d’achat des ménages – la consommation ne comptant encore que pour 38% du PIB chinois contre 60% en France et 70% aux Etats-Unis – fera le bonheur des grandes surfaces, des opérateurs téléphoniques ou encore des laboratoires pharmaceutiques par exemple.


A l’inverse, la croissance des compagnies du BTP, de l’industrie lourde ou encore des transports vont marquer le pas.

- La productivité contre la production


Comme le rappelle Gordon Orr, du cabinet de consulting McKinsey, avant, “il suffisait d’appeler un bataillon de travailleurs pour résoudre le manque de performances de l’industrie chinoise”. Par exemple, des centaines de Chinois avaient été envoyés le long des côtes lors de la marée noire de Bohai en 2010. Aujourd’hui, “l’efficacité est en train de devenir centrale”, rappelle l’analyste.

Ce tournant nous oblige à ajouter de nouveaux critères dans nos stratégies d’investissement. Comme le souligne Nicolas Leung, de McKinsey, les “fruits faciles à attraper” ont été ramassés, les opportunités les plus évidentes ont déjà été saisies.

Le virage vers la compétitivité ne fait que commencer en Chine, c’est pourquoi je resterai encore à l’écart des géants qui ont mené la croissance chinoise ces dernières années, à l’image des grandes compagnies publiques.

- L’industrie sud-asiatique


Ce mouvement vers la consommation et l’efficacité va profiter à un secteur : les industriels du sud asiatique. C’est ce que souligne McKinsey. “Faibles coûts de production, taux d’intérêt contrôlés, et monnaie sous-évaluée”, voici le cocktail gagnant de l’industrie chinoise. A partir du moment où la Chine procède à des augmentations de salaire, relève le coût de l’argent pour limiter les risques de formation de bulle spéculative et laisse sa monnaie s’apprécier pour soutenir ses importations, son industrie va devenir moins compétitive. C’est une occasion en or pour les voisins de la Chine d’occuper le créneau de l’industrie à bas coût.

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