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Comment le gouvernement alimente la résistance au changement en cédant régulièrement aux minorités bénéficiaires de privilèges
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Editorial

Les contradictions manifestées au sein de l’exécutif reflètent en grande partie la faiblesse d’une méthode fondée sur le souci de régler les problèmes par un consensus introuvable.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Étrange nation. Les diagnostics se multiplient pour évaluer les maux dont souffre notre pays. Les rapports s’enchaînent pour énoncer des évidences bien connues. L’opinion médusée prend connaissance chaque jour d’avantages consentis à telle ou telle catégorie sociale. Elle en retire un sentiment de frustration dans la mesure où ce sont toujours les autres qui paraissent en bénéficier. Le Premier ministre a un mot à la bouche, celui de justice, qu’il clame à longueur d’interview, comme s’il doutait de son existence réelle, car c’est tout le contraire que l’on observe. Le gouvernement fait mine de vouloir remédier à des situations que dans sa majorité le peuple condamne. Mais chaque fois la minorité bénéficiaire de privilèges montre les dents et aussitôt le pouvoir recule.

Chaque jour en fournit une illustration nouvelle.

Les aiguilleurs du ciel viennent de se signaler par une grève aussi brutale qu’injustifiée au moment où l’on cherche à lutter contre le découpage de la carte du ciel européen en 27 morceaux correspondant à chacun des états membres, alors qu’ils disposent d’un statut hors normes et plus avantageux que les autres. Devant leur fermeté, le gouvernement n’a pas esquissé l’ombre d’une opposition. Le ministre des transports a baissé aussitôt pavillon, repoussant sine die une réforme initiée par la Commission de Bruxelles.

En maintenant sans coup férir des avantages indécents à cette catégorie de personnels, le gouvernement incite naturellement  les autres professions à la résistance au changement. Les cheminots ont emboité le pas, en invoquant le faux prétexte d’une réforme interne, pour refuser qu’on touche à un statut hérité de la période des trains à vapeur.

Car derrière cette agitation se profile la menace sur les retraites. Le rapport Moreau envisage une panoplie de réformes et agit comme un chiffon rouge face à des syndicats vent debout et une opinion qui à une très large majorité ne fait aucune confiance au gouvernement pour résoudre le problème.

Mais il y a plus grave : le gouvernement supprime des dispositifs qui allaient dans le bon sens. Tel est le cas du jour de carence institué dans le secteur public qui luttait avec efficacité contre les congés de complaisance et permettait à la sécurité sociale de réaliser des économies. Sa suppression est totalement incompréhensible dans la situation présente.

Autre affaire étonnante : le régime des autoentrepreneurs, qui a connu un vif succès car il favorise la création d’entreprises : on vient de lui rogner les ailes, en plaçant un couperet au-delà d’un chiffre d’affaires plutôt modeste, sous prétexte qu’il pouvait nuire à certaines professions artisanales.

Et que dire du projet de loi Duflot dédié aux locataires, qui va fragiliser la situation des propriétaires, et les détourner de l’investissement logement alors qu’il serait vital de relancer la construction, ce qui accroîtra encore la pénurie dans un secteur déficitaire.

Au total, les contradictions manifestées au sein de l’exécutif reflètent en grande partie la faiblesse d’une méthode fondée sur le souci affiché de régler les problèmes par un consensus introuvable face à des opinions contradictoires basées sur la défense de positions catégorielles. Cela conduit à un véritable fiasco, faute d’un pouvoir qui fixe le cap et prenne des décisions, bref qui gouverne au lieu de se réfugier dans l’immobilisme, par impuissance à faire des choix.                  

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