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Docteur Jean-Louis et Mister Borloo
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Schizophrénie politique

Jean-Louis Borloo a annoncé son départ de l'UMP et la candidature de son parti - le Parti radical dont il est le président - pour les élections présidentielles de 2012. Retour sur les contradictions de l'ancien ministre de l'Ecologie, désormais considéré, selon un récent sondage, comme le meilleur des candidats centristes.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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« Alea jacta est », le sort en est jeté, avait déclaré Jules César lorsqu’il franchit le Rubicon avec ses légions le 12 janvier de l’an 49 avant Jésus Christ.

Le sort en est lui aussi jeté entre Jean-Louis Borloo et l’UMP depuis jeudi soir et l’annonce sur France 2 du franchissement du Rubicon par le député maire de Valenciennes qui fût loin d’exploser l’audimat pour la dernière d’Arlette Chabot.

Pour une alliance  « républicaine, écologique et sociale » 

Ainsi Jean-Louis Borloo quitte l’UMP pour créer une alliance « républicaine, écologique et sociale » censée regrouper tous les centristes de France et de Navarre, du centre gauche au centre droit en passant par l’extrême centre et ayant vocation à avoir un candidat à la prochaine présidentielle. On imagine l’ambiance si Jean-Louis Borloo arrivait à fédérer tous les centristes qui ont déjà 3 candidats déclarés, officiellement ou officieusement, à la prochaine présidentielle qui sont François Bayrou, Hervé Morin et, bien entendu, Jean-Louis Borloo. A peine créé, ce parti risquerait d’imploser sous les querelles d’ambitions entre hommes aux egos plus démesurés les uns que les autres.

Cependant, Jean-Louis Borloo est-il réellement qualifié pour devenir le héros de la nouvelle Sainte Trinité centriste : « République, Ecologie, Social ». En évitant totalement le procès d’intentions, on peut légitimement en douter en se basant uniquement sur des faits et, comme disait Lénine : « Les faits sont têtus ».

Nul besoin de parler du « Républicanisme », qui ne veut strictement rien dire, aucun parti français dépassant 1% des suffrage ne demandant le retour à la Monarchie ou à l’Empire qui ont disparu en 1848 et en 1870.

Restent l’écologie et le social et il faut bien dire que, dans ce domaine, Jean-Louis Borloo souffre d’un véritable dédoublement de personnalité, selon qu’il soit en position de ministre ou d’élu local, dans la majorité ou dans l’opposition.

Dédoublement de personnalité

Dernier exemple en date, le dépôt le 4 avril dernier par le Député Borloo d’une proposition de loi  visant à « donner à l'Etat les moyens d'interdire la recherche et l'exploitation immédiates des gaz et huiles de schiste ». Il y a moins d’un an, le ministre de l’Ecologie et de l’Energie Jean-Louis Borloo accordait trois permis d’exploration de gaz de schiste dans le sud de la France…

Toujours dans le registre de l’écologie, le ministre de l’Ecologie Jean-Louis Borloo avait fait voter la fameuse « Taxe carbone », censurée ensuite par le Conseil constitutionnel, qui exonérait 93 % des émissions de CO2 d’origine industrielle (hors carburants) en épargnant tantôt totalement (les agriculteurs) tantôt partiellement (les transporteurs routiers) les plus grands pollueurs. Ainsi cette taxe, si elle n’avait pas été censurée, aurait frappé avant tout les particuliers qui en auraient été les contributeurs quasi uniques et il est hallucinant de penser que les agriculteurs qui épanchent des tonnes et des tonnes de pesticides hautement polluants n’auraient rien eu à payer tandis que les smicards, qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois, auraient été mis à contribution en payant le carburant leur permettant d’aller travailler.

Pour le ministre Borloo, la voiture était polluante, anti-écologique et il fallait donc la taxer (une fois de plus) tout le contraire du député maire Borloo qui fit, et qui fit bien et à juste raison, des pieds et des mains pour obtenir l’installation d’une usine Toyota à Valenciennes, la ville dont il est l’édile, et qui y est parvenu. Tout comme le député maire Borloo ne crache pas sur les emplois et les taxes générés par l’usine PSA-FIAT située elle aussi à Valenciennes…

Difficile après avoir voulu créer une taxe qui ne frappait pas les plus gros pollueurs mais qui frappait durement financièrement les plus petites gens d’être crédible sur le credo « écologique et social », d’autant que la « taxe carbone » n’était que le remake de, feu elle aussi, la taxe pique-nique imaginée par le ministre Jean-Louis Borloo en septembre 2008.

Si vous l’avez oubliée, cette taxe devait frapper les assiettes, gobelets et couverts en carton ou en plastique d’une taxe de 0.90€ par kilo. Dans le même temps, le gouvernement auquel appartenait le ministre Borloo baissait la TVA sur la restauration (y compris celle des restaurants de luxe) de 19.6 % à 5.5 % où comment détaxer les plus riches pour taxer les plus pauvres. Drôle de conception du « social »…

Lénine avait raison, les faits sont bel et bien têtus et, vu les positions de Jean-Louis Borloo qui varient de l’alpha à l’oméga selon la position dans laquelle il se trouve, il y a bien deux personnages dans cet homme : Docteur Jean-Louis et Mister Borloo.

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