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Comment donc expliquer la hausse de la production industrielle ?
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Inespéré

Après une baisse de 0,6% en mars dernier, la production industrielle de la France a rebondi de 2,2% en avril. Comment expliquer cette hausse, qui d'après l'Insee touche tous les secteurs, et qu'augure-t-elle ?

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Atlantico : Après une baisse de 0,6% en mars, la production industrielle de la France a rebondi de 2,2% en avril. Tous les secteurs sont concernés selon l'Insee, des transports (5,7%) aux produits agro-alimentaires (2,3%) en passant par la métallurgie  et les produits métalliques (3,1%). Quelle interprétation faut-il en faire ?

Jean-Paul Betbèze : Il faudra voir ce qui se passe du côté des stocks qui avaient beaucoup baissé, et peut-être trop baissé. Un simple ralentissement du déstockage peut ainsi avoir un effet positif, mais il est vraisemblable que les entreprises réajustent actuellement leurs stocks. Au-delà, la situation économique est en train de se stabiliser en zone euro et les entrepreneurs, toujours très pessimistes, se disent qu’ils le sont peut-être trop. On ne peut oublier aussi que le CICE est très demandé et participe ainsi à un soutien économique et à une baisse des charges.

La hausse de 4,6% dans l’automobile n’est pas étrangère à ces chiffres. Ce secteur s’en porte-t-il mieux pour autant ? Comment expliquer ce qui a tout l’air d’un paradoxe ?

L’activité industrielle, d’abord, ne peut pas continuer à baisser dans une situation qui n’est quand même pas catastrophique. Mais un problème demeure : celui de la situation des Petites et Très Petites entreprises qui se plaignent, avec des fermetures et des licenciements. On voit par exemple ce qui se passe dans la distribution, le bâtiment, l’agriculture ou les services à la personne. Il est donc possible que les mesures de l’Insee ne voient pas assez bien ce qui se passe dans les petites unités, et ceci pour des raisons techniques.

Est-il hâtif de se réjouir de ces chiffres ? A partir de quel moment pourrait-on s’estimer serein quant à la bonne santé de l’industrie française ?

Ces chiffres nous disent que la récession s’amortit et que nous sommes presque en croissance zéro. Mais n’oublions pas que les trimestres antérieurs ont été négatifs. Si plancher il y a, la reprise sera lente et compliquée pour arriver aux prévisions officielles (0%) et plus encore aux 2% prévus dans deux ans pour le PIB. Le phénomène important est en effet le moral des entrepreneurs, qui est très bas, et celui des ménages, très bas aussi. Les premiers réduisent leur investissement, les seconds leur consommation. Derrière leurs inquiétudes, il y a une profitabilité très faible, pour repartir et investir, du côté des entreprises et la question du chômage, pour consommer, du côté des ménages. En fait, l’avenir est sombre. Notamment l’inquiétude monte sur les déficits publics. Ce qui se demande, en réalité, c’est une diminution de la dépense publique, graduelle, seule garantie que la fiscalité ne montera pas davantage. Cet État moderne permettra aussi, dans le temps, plus d’efficacité et de réactivité. Mais on voit que, derrière, se pose la question de l’emploi, autrement dit de l’adaptation des salariés aux nouvelles conditions de la concurrence et aux nouvelles compétences requises.

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