Bouc-émissaire : pourquoi la mort des maisons de disques ferait plus de mal que de bien à l’industrie musicale <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
Bouc-émissaire : pourquoi la mort des maisons de disques ferait plus de mal que de bien à l’industrie musicale
©

Une major qui vous veut du bien

Le magazine Rolling Stone a étudié la répartition des revenus de la musique selon le support utilisé.

Xavier  Paufichet

Xavier Paufichet

Xavier Paufichet est représentant de la radio FG. à Berlin. Rédacteur musical, il tient également le blogRe/Ec dédié aux clips vidéos. 
 

Voir la bio »

Atlantico : Le magazine Rolling Stone a étudié la répartition des revenus de la musique selon le support utilisé. Comment cette dernière a-t-elle évolué ces dernières années entre les différents acteurs de l'industrie musicale ? 

Xavier Paufichet : Avec l’arrivée d’Internet, l’industrie musicale et ses ayants droit se sont retrouvés confrontés à un grand paradoxe : alors que les sources de revenus des différents acteurs se sont multipliées, leur chiffre d’affaire s’est vu considérablement diminuer.

Il faut bien comprendre quels sont les protagonistes de la chaine de revenus issus de la vente de musique avant de continuer : grossièrement, un auteur compose pour un artiste lié contractuellement à une maison de disques (son producteur) qui sera, entre autres, chargé de faire en sorte que l’œuvre finale soit commercialisée en magasins ou sur Internet. Le distributeur, physique ou digital, s’occupe de la mise à disposition du produit au public. Nous avons donc ici une base de partage de revenus entre un artiste, un (ou des) auteurs, un producteur et un distributeur.

L’équation pré-Napster était pourtant facile : sur un CD vendu à la FNAC par exemple, le producteur touchait environ 50%, le distributeur 22%, l’artiste 18% et les auteurs 10%.

Sur iTunes, d’après une étude récente présentée par l’ADAMI au MIDEM 2013, un artiste touchera en moyenne 0,04 euro sur un achat de 1,29 euro, tandis que son producteur récoltera 0,76, soit 19 fois plus.

Concernant le streaming, une opacité totale entoure l’obtention d’informations détaillées de la part des plateformes. Il n’existe pas un modèle fixe, chaque maison de disques peut définir des closes contractuelles différentes avec telle ou telle plateforme. Cependant, l’ADAMI a pu déterminer qu’un stream rapportera entre 0,0001 et 0,004 euro à un artiste, contre 0,0019 et 0,0076 à son producteur. 

Beaucoup veulent voir dans le numérique la fin de l'âge des maisons de disque. Est-ce une hypothèse envisageable ? 

Le paysage musical change, c’est indéniable. De nombreux labels de petites et moyennes taille ferment leurs portes chaque année et même les majors, que l’on croyait intouchables, ont subi le rachat d’EMI par Universal.

L’âge d’or des maisons de disques est certes fini, mais parler d’une fin définitive paraît inenvisageable. Il faut rappeler à nos lecteurs que la maison de disques finance l’enregistrement, le marketing, la promotion et le pressage des albums. Il s’agit donc d’un maillon essentiel de la chaine de distribution d’un artiste.

Si le numérique a su développer d’autres moyens pour les artistes afin de toucher leur public, et souvent sans maison de disques, elles représentent encore pour la plupart le Graal qui leur permettra d’émerger.

Si cela venait à se produire, quelles seraient les conséquences pour l'industrie du disque ? En quoi ce pourrait-être dommageable pour l'industrie musicale dans son ensemble ? 

L’hypothèse reste difficile à envisager. Par contre, nous nous dirigeons de plus en plus vers une concentration du marché, et il est fort probable que d’ici quelques années, Universal devienne la seule major face à une multitude de labels indépendants.

A cela il ne faut pas oublier les nouveaux acteurs incontournables du marché comme les agrégateurs digitaux (Believe, Idol…) ou les plateformes (iTunes, Spotify, Deezer…), dont le rôle ne cesse de s’accroitre dans cette redéfinition de la consommation musicale.

Plus globalement, l'industrie musicale a-t-elle besoin d'être réformée ? Comment ?

L’industrie musicale se cherche encore, et de nombreuses théories émergent sur le business-model qui parviendra à satisfaire le plus grand nombre.

Parmi elles, la gestion collective sur internet propose que chacun se concentre sur son métier propre (les artistes à la création et les labels à la production) pour concentrer les tâches administratives, la fixation des tarifs, la collecte et les négociations.

La question de fond qui divise le plus est : qui doit-on favoriser dans une éventuelle réforme de l’industrie musicale ? Les créateurs, les producteurs, les distributeurs ?

Si chacun cherche évidemment à défendre sa position, il faudrait plutôt réfléchir à rééquilibrer les forces en puissance. En attendant, le rapport Lescure a dévoilé 80 propositions dans le but de redéfinir l’écosystème et adapter son cadre réglementaire à l’ère du numérique. A la vue des diverses réactions des acteurs, il est aisé de voir que le processus risque d’être long et complexe.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !