Ces erreurs que le FMI reconnaît à demi-mot dans le traitement imposé à la Grèce : comment lire entre les lignes de la note dévoilée par le Wall Street Journal<!-- --> | Atlantico.fr
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Le FMI indique que le plan de sauvetage grec est en réalité un plan de sauvetage de l’euro realisé au détriment de la Grèce elle-même.
Le FMI indique que le plan de sauvetage grec est en réalité un plan de sauvetage de l’euro realisé au détriment de la Grèce elle-même.
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Marche arrière

Mercredi, le FMI a reconnu que le premier plan de sauvetage de la Grèce en 2010 s'était soldé par des "échecs notables" en raison de projections de croissance trop optimistes et des désaccords avec ses partenaires européens au sein de la troïka des créanciers (Union européenne, Banque centrale européenne, Fonds monétaire international).

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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La Grèce affiche aujourd’hui un taux de chômage proche de 27%, ce taux dépassant allègrement les 50% pour les jeunes. Pour 2014, les prévisions font état d’une chute cumulative de 25% du PIB grec depuis l’entrée en crise 6 ans plus tôt. C’est-à-dire la destruction d’un quart de son économie. Voici le résultat offert par la zone euro à un de ses membres. Pourtant, les plus brillants esprits de la Troika, Commission européenne, FMI et BCE étaient au chevet de la Grèce dès 2010.

Dans une note interne relative au cas de la Grèce, révélée tout d’abord par le Wall Street Journal, puis publiée en date du 5 juin, LE FMI fait état de ses propres erreurs. En sous estimant largement les effets de l’austérité imposée au gouvernement Grec, la Troïka a envoyé le pays dans le mur. Et cette erreur couvre aussi bien l’hypothétique retour de la croissance, la maitrise des finances publiques que la situation d’endettement du Pays.

Le FMI s’adjuge cependant le mérite d’avoir pu donner du temps aux autres pays de la zone euro, en permettant de neutraliser, en partie, la propagation de la crise. Ce qui n’est qu’un point de vue. Dans cette note, le FMI indique plus généralement que le plan de sauvetage grec est en réalité un plan de sauvetage de l’euro, au détriment de la Grèce elle-même. La population locale appréciera sans aucun doute cette précision.

En faisant porter la plus importante part de responsabilité aux instances de la zone euro, le FMI entre dans un jeu bien plus politique qu’il n’y parait.  Le FMI n’hésite pas à mettre en avant un problème de compétence au sein des institutions européennes.

A l’aube d’une réunion se tenant ce lundi 10 mai concernant le déblocage du dernier prêt en date pour la Grèce, pour un montant de 3.3 Milliards d’euro, le FMI prépare le terrain de la division. L’actuel président de l’Eurogroupe, Joroen Dijsselbloem, étant également sur un siège éjectable depuis ses  prouesses sur le cas Chypriote, c’est une Troika unie et sereine qui se réunira Lundi.

Après avoir soutenu l’idéologie de l’austérité depuis le début de l’entrée en crise, le FMI a entamé quelques retours en arrière depuis le début de cette année 2013. Après les déclarations de son chef économiste, Olivier Blanchard, relatives à l’inefficacité avérée des plans d’austérité, le FMI a pu, notamment par la voie de Christine Lagarde, se féliciter des progrès réalisés par d’autres états. Etats-Unis et Japon sont en effet aujourd’hui orientés dans une voie opposée, reposant sur une politique de relance monétaire dont les effets vertueux n’ont pas tardé à se faire sentir.

Après l’échec des plans de relance keynésiens du début de crise et la catastrophe provoquée en Europe par les différents plans d’austérité, le monétarisme semblerait faire ses preuves.  Les derniers G20 ont été témoins d’une Europe pointant du doigt l’irresponsabilité de politiques monétaires agressives et prétextant le risque d’une guerre des monnaies. Cette lamentable accusation a été ridiculisée par les communiqués du G20, donnant un blanc-seing au Japon pour une politique de relance de sa demande intérieure. La position minoritaire européenne éclatait au grand jour.

Après les Etats Unis, le Japon, le Royaume-Uni, le FMI s’aligne enfin sur une vision monétariste encore ignorée par l’Europe. Les dernières déclarations de Mario Draghi ne plaident d’ailleurs pas en ce sens malgré sa prise en compte du rapport du FMI "si ce papier du FMI identifie les causes des erreurs commises, nous devons en prendre compte pour le futur" tout en invoquant qu’il est facile de juger une situation passée "avec les yeux d’aujourd’hui". L’Europe se trouve aujourd’hui totalement isolée dans la poursuite d’une doctrine absurde, relevant bien plus de principes moraux que de quelconques réalités économiques. 

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