Ces raisons qui poussent les médecins à quitter la France <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Selon le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), le nombre de médecins en activité a baissé au 1er janvier 2013 de 0.12%.
Selon le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), le nombre de médecins en activité a baissé au 1er janvier 2013 de 0.12%.
©Reuters

Exil

Les derniers chiffres du Conseil national de l'ordre des médecins montrent une légère baisse du nombre de praticiens en France. Les raisons sont fiscales, sociales ou encore administratives.

Sylvain Blondin

Sylvain Blondin

Sylvain Blondin est un spécialiste reconnu du recrutement médical. Il est l'auteur d'un important rapport sur la désertification médicale présenté en 2009 au Sénat et le président de l'association BIG BANG qui regroupe un collectif de professionnels concernés par les problématiques existantes dans le milieu de la santé. Il a également écrit "Zones rurales, à votre santé" aux éditions Ginkgo. Il anime également l'émission "Libre échange" sur RCN radio.

Voir la bio »

Atlantico : Selon le Conseil national de l'ordre des médecins (Cnom), le nombre de médecins en activité a baissé au 1er janvier 2013, de 0.12%.  Ce chiffre est actuellement de 215 865 médecins en activité. Comment peut-on expliquer cette baisse du nombre de médecins en France ?

Sylvain Blondin : Cette baisse s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, le nombre de médecins qui partent à la retraite est plus important que celui qui s’installe actuellement. Le numerus clausus imposé n’est pas adapté. Et les médecins venus de l’étranger ne sont pas assez nombreux pour combler ce déficit.

Il ne faut pas croire que la désertification médicale ne concerne que les zones rurales, les zones urbaines sont touchées aussi. Même la capitale est en manque de praticiens. Aujourd’hui il faut résonner en temps de travail et non pas en termes d'effectifs.

En parallèle de ces chiffres, on observe un phénomène d'émigration chez les médecins, notamment au Canada avec 465 médecins français, l'Italie en compte 290 et l'Allemagne 433. Pourquoi des médecins qui ont fait leurs études en France, s'exilent-ils à l'étranger ? 

Les lourdeurs administratives, fiscales et sociales poussent les médecins à partir à l’étranger. Par exemple, en France, un médecin qui réalise 100 euros de chiffre d’affaires, n'empoche que 40 euros. De plus, la charge de travail imposée au corps médical actuellement est beaucoup trop grande. Ils vont chercher une certaine qualité de vie que leur offrent d'autres pays, mais aussi des pressions moins fortes et un stress réduit.

Quels sont les pays privilégiés et pourquoi ?

Le Canada, les Emirats Arabe-Unis et les Etats-Unis sont les destinations principales de l’exil des médecins. Cela s'explique car ces pays font également face à un manque de médecins. Les praticiens de l'Hexagone sont attirés car il y a une facilité par rapport à la langue, mais surtout car le salaire est plus élevé. Au Canada, un médecin gagne presque le double que son homologue français. Les systèmes de santé sont différents et offrent plus de liberté. L’exil médical dont nous parlons touche toutes les activités médicales, pas seulement les généralistes.

Quels sont les changements à opérer pour que la France garde ses médecins sur son territoire ? Cet exil révèle-t-il un problème plus profond avec le corps médical ?

Il faut prendre des mesures coercitives, il y a un déficit à combler. En France, on estime ce manque à 11 000 médecins. Augmenter le numerus clausus n’est pas une solution car nous ne disposons pas du nombre de professeurs nécessaire pour les former. Il faut développer des partenariats avec d’autres pays étrangers.  L’enjeu des déserts médicaux s’inscrit dans un problème plus global, un problème mondial. L'offre de soins va devenir un réel enjeu : les populations sont vieillissantes, l’espérance de vie s'allonge.. Selon les estimations, en 2050 nous serons 10 milliards contre 7 aujourd'hui. 

Nous devons faire évoluer les formations des étudiants, vers des formations plus pratiques. Les derniers chiffres montrent que seulement 60% des étudiants qui entament des études de médecine vont jusqu’au bout. Soit ils abandonnent, soit ils partent terminer leurs études dans des pays comme la Roumanie par exemple.

Il faut que nos politiques puissent mettre en place des mesures, mais 30% des médecins inscrits à l’ordre ont une place dans les institutions. L’influence est telle que les politiques n’osent pas entreprendre les mesures nécessaires.

Propos recueillis par Manon Hombourger

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !