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Sarkozy : le déclic web ?
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L’organisation d’un eG20 illustre la récente prise de conscience par l’Elysée de l’importance politique et économique de l’internet. Après avoir dressé un constat cinglant l’an passé sur "Sarkozy : le Président low tech", Arnaud Dassier fait aujourd’hui le point sur les changements en cours.

Arnaud Dassier

Arnaud Dassier

Arnaud Dassier est entrepreneur, actif en Ukraine depuis 2006, ancien élève du DEA d’études russes de Sciences Po, et marié à une femme d’origine ukrainienne.

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L’été dernier, mon billet sur "Nicolas Sarkozy, le président low tech" avait rencontré un succès inattendu avec plus de 80.000 lecteurs cumulés sur Rue 89.

Après ce billet, plusieurs membres de cabinets ministériels et d’agences publiques, en charge des questions internet, m’ont invité à les rencontrer. Alors que je m’attendais à être briefé sur les nombreux projets et succès du gouvernement, je n’ai rencontré que des interlocuteurs désabusés, confirmant mon diagnostic.

Entre indifférence et ignorance, les politiques de droite ont trop souvent eu un traitement négatif de l’internet caricaturé en poubelle, repère de pédophiles, voleurs et terroristes, à réglementer d’urgence (DADVSI, HADOPI, LOPPSI…). France.fr, elysee.fr (version 2007/2010), le lipdub des jeunes UMP ou les Créateurs de possibles ont achevé de montrer le gouffre culturel séparant la droite institutionnelle du monde de l’Internet. Un constat d’autant plus cruel face au dynamisme des administrations Obama et britanniques dans ce domaine.

Le mulot est mort

Mais depuis quelques mois, les choses changent du côté de l’Elysée. Des démarches ont été engagées.
Tout d’abord des opérations de communication symboliques destinées à montrer de la considération au monde de l’internet. Des gestes utiles avant de construire une relation durable :

  • Déjeuner avec un aréopage d’acteurs de l’internet
  • Diner entre Eric Besson, nouveau Secrétaire d’Etat à l’économie numérique, et des blogueurs.
  • Edition d’un nouveau site web et d’une application iPhone de l’Elysée, sous l’impulsion de responsables appartenant à la génération internet.


Mais aussi des initiatives structurantes, prenant en considération l’apport de l’internet dans le développement économique du pays et donnant enfin à ses acteurs un rôle dans les processus de décision.

  • Le grand emprunt prévoit l’attribution de 4,5 milliards au développement de l’économie numérique, dont plus de la moitié pour les services innovants (et non plus seulement pour les « tuyaux » cher au lobby des ingénieurs télécom) Une évolution majeure !
  • La nomination d’un DSI de l’Etat - Jérôme Filippini- chargé de piloter l'ensemble des grands projets de transformation numérique de l'administration, une nouveauté inspirée par l’exemple de l’administration Obama (et peut être le billet de Tariq Krim : "France needs a CTO now", auquel j’avais répondu)
  • Le lancement de l’Open Data au niveau gouvernemental, avec la mission "Etat Lab", confiée à Séverin Naudet (là encore, on observe la prise de pouvoir de la génération internet sur ces sujets).
  • La préparation d’un Conseil National du Numérique confié à Pierre Kosciusko Morizet.
    • Cette initiative est importante car elle devrait permettre de répondre au principal problème : l’incompétence en matière d’internet dans les sphères de la décision politique.
  • Et enfin, last but not least, l’annonce d’un prochain eG20, véritable sommet international de l’internet, à l’initiative de la Présidence française. Une initiative intéressante, même si on peut regretter, une fois de plus, que le sujet soit abordé sous l’angle de la régulation et de la « civilisation » de l’internet.


Le secteur Internet commence à gagner la place qu’il mérite

L’étude de McKinsey, selon laquelle l’internet représenterait 25 % de la croissance française et près d’1 million d’emplois, tombe à pic pour ouvrir définitivement les yeux des élites politiques sur l’importance de ce nouveau monde qu’ils ont largement ignoré et mal compris depuis des années.

Bref, un nouvel esprit se fait jour, comme si un déclic avait eu lieu. Après plus de 10 ans d’innovation et de travail d’évangélisation, les acteurs de l’internet ont enfin trouvé la reconnaissance et l’écoute qu’ils méritent. On ne peut que s’en féliciter et espérer que ces démarches trouveront des concrétisations rapides et probantes.

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