La marée montante du chômage va-t-elle finir par contraindre François Hollande à se renier ?<!-- --> | Atlantico.fr
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"La déferlante du chômage se poursuit inlassablement."
"La déferlante du chômage se poursuit inlassablement."
©Reuters

Editorial

Le taux de chômage de la zone euro s'est établi à un nouveau niveau record en avril, à 12,2% de la population active, selon les données publiées vendredi par l'office européen de statistiques Eurostat.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La déferlante du chômage se poursuit inlassablement. Elle a ajouté près de quarante mille demandeurs d’emplois supplémentaires en avril, soit 12,5% de plus que l’année dernière à la même époque. Et rien ne permet de penser que le mouvement va s’arrêter puisque ces chiffres tragiques n’intègrent pas l’aggravation de la récession intervenue en France au premier trimestre. D’autres tristes records se profilent à l’horizon et le niveau des trois millions et demi de chômeurs sera sans doute atteint, voire dépassé, d’ici la fin de l’année.

Et pendant ce temps, François Hollande poursuit son antienne « on va gagner », incantation d’un supporter inébranlable d’une équipe fatiguée et appelée à la relégation, plutôt qu’à la promotion au classement général des peuples. Car la comparaison entre la France et l’Allemagne marque un écart grandissant : le taux de chômage est inférieur de moitié Outre-Rhin et ne cesse de baisser.

Pour réduire la fracture, François Hollande en reste au catalogue des mesures déjà annoncées lorsqu’il croyait encore à la reprise de la croissance en Europe qui se diffuserait un jour chez nous. Il récite quotidiennement la litanie des emplois d’avenir, des contrats de génération et de la loi sur la sécurisation de l’emploi sans manifester son intention d’en ajouter d’autres, alors que l’arrivée de la récession compromet le succès de son dispositif. Il place désormais tous ses espoirs dans la conférence sociale pour l’emploi qui se tiendra les 20 et 21 juin, comme s’il attendait des partenaires sociaux des recettes miracles pour sortir le pays de son marasme, face au manque de courage de l’exécutif.

Pendant ce temps, la colère gronde face à la dérive française. Le gouverneur de la Banque de France rappelle que le monde a changé et que le vieux modèle de croissance basé sur une relance de la demande ne marche plus, car il profite surtout aux importations étrangères alors que les exportations stagnent dangereusement. Les Français, de plus en plus inquiets, développent une épargne de précaution qui gonfle les livrets A, tandis que le choc fiscal imposé aux entrepreneurs décourage l’investissement. L’OCDE tout comme le FMI avertissent que la situation ne s’améliorera pas avant la fin de 2014 en l’absence de mesures énergiques de redressement.

Et Bruxelles commence à tancer la France, montrée du doigt comme le mauvais élève de la classe européenne. Un guide des chantiers à ouvrir vient même d’être dressé. Il préconise notamment une réforme des retraites sans augmentation des cotisations, la réduction du coût du travail au-delà des simples mesurettes prévues actuellement, le renforcement de la concurrence, la simplification de la fiscalité. François Hollande s’insurge contre ce qu’il appelle l’ingérence de la Commission, alors que celle-ci ne fait que reprendre les idées développées dans les multiples rapports élaborés depuis des générations et qui n’ont  toujours pas trouvé écho.

La tâche est d’autant plus ardue qu’il faudrait prendre le contre-pied de toutes les idées développées par la gauche pendant la campagne électorale. Elle conduirait François Hollande à un véritable reniement. En est-il capable ? Ce serait pour lui le seul moyen de garder une place dans l’histoire et de ne pas assister impuissant au déclin de notre pays, dans un climat  de plus en plus délétère qui pourrait aussi déboucher sur des explosions sociales.

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