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Les problèmes du Japon seront-ils bientôt les nôtres ?
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Decod'Eco

Le Japon a généralement dix ans d'avance sur le reste du monde : c'est particulièrement vrai dans les domaines économique et monétaire. Il vaut donc la peine de s'y intéresser de près... surtout quand le temps se gâte.

Bill Bonner

Bill Bonner

Bill Bonner est le fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

Auteur de la lettre e-mail quotidienne The Daily Reckoning (450 000 lecteurs... ), il intervient également dans La Chronique Agora, directement inspirée du Daily Reckoning.

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Actuellement, les plus grands marchés, devises et économies de la planète dépendent tous des mesures téméraires des banques centrales. A court terme, ces dernières peuvent faire en sorte que les choses semblent sûres et stables. Comment ? En prêtant tant d’argent à des taux si bas qu’il est très difficile, pour les principaux intervenants, de faire faillite ; ils peuvent simplement se refinancer.

A long terme, cependant, ces mêmes politiques mènent à l’instabilité, aux bulles... et aux désastres. C’est bien dommage, mais on ne peut pas acheter la prospérité. On ne peut pas l’imprimer. On ne peut pas l’emprunter. On ne peut pas l’obtenir à coups de taux zéro ou d’assouplissement quantitatif. La prospérité vient du labeur, de l’épargne et de l’auto-discipline. C’est-à-dire qu’elle provient de politiques responsables, non de politiques hardies.

Le Japon sera le premier à le prouver. Le marché nippon a pris une volée de bois vert il y a quelques jours.

Pour lire des avis divergents sur le sujet voir : Relance monétaire massive : le Japon respire à nouveau mais faut-il craindre les effets pervers des Abenomics et Abenomics pour les nuls : les explications sur cette nouvelle politique monétaire qui pourrait révolutionner l'économie

Comme vous le savez, le Japon a toujours une longueur d’avance sur les Etats-Unis - et généralement sur le reste de l'Occident. Son économie chauffée à blanc a atteint son sommet en 1990. Le boom des dot.com américains a touché le sien 10 ans plus tard. Le marché boursier japonais a atteint un plus haut en 1990. Les actions américaines ont touché le leur 10 ans plus tard (bien que les prix aient atteint des sommets nominaux par la suite). Le Japon a eu recours aux renflouages, aux taux zéro et à l’assouplissement quantitatif dans les années 1990. Les Etats-Unis se sont lancés dans des expériences similaires durant la décennie suivante.

Irresponsabilité crédible

Il y a des différences, bien entendu. Mais pour les questions importantes, les Japonais sont toujours devant les Etats-Unis. A présent, ils sont encore plus tête brûlée que la Fed... augmentant le QE à un rythme sans précédent. Sur le site Pragmatic Capitalism : 

"... Quand une banque centrale s’engage à être ‘d’une irresponsabilité crédible’, il n’est pas rare que les marchés la prennent au mot. Lorsqu’elle s’engage à soutenir les prix des actions, cela donne aux traders un faux sentiment de confiance qui peut ensuite mener à une sorte d’environnement de Ponzi, lequel engendre un gigantesque boom".

"[Ainsi], la banque centrale peut en fait contribuer au boom qui crée ensuite le déséquilibre menant au krach".

On est presque à un "moment Volcker" pour le Japon. C’est-à-dire que la banque centrale du Japon a changé de direction. Mais Haruhiko Kuroda n’est pas Paul Volcker. Il ressemble plus à Gideon Gono, de la Banque du Zimbabwe. Volcker a été d’une incroyable responsabilité. Gono était d’une irresponsabilité crédible. Lorsque les marchés ont réalisé à quel point il était irresponsable... ils sont devenus fous. Le marché boursier du Zimbabwe a enregistré les meilleures performances du monde au milieu des années 1970.

M. Kuroda a annoncé qu’il allait doubler la masse monétaire du Japon. Depuis, les investisseurs achètent des actions avec enthousiasme. Les actions ont grimpé. Les obligations ont baissé. Est-ce que ça veut dire que les problèmes du Japon sont réglés ? Pas du tout. Cela signifie simplement que quand on a un banquier central imprudent, les actions sont une meilleure affaire que les obligations. Les actions grimpent avec l’inflation, parfois avec de l’avance... parfois avec du retard. Les obligations iront toujours dans une seule direction — le bas.

La vraie crise du Japon est encore à venir. C’est ce que la récente baisse signale : des problèmes... qui seront vraisemblablement ceux que rencontreront aussi les Etats-Unis, le Royaume-Uni et l’Europe.

[Retrouvez la vision unique de Bill Bonner sur le monde de l'investissement et de l'économie en continuant votre lecture...]

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