Quels sont ces métiers en pénurie de main-d’œuvre<!-- --> | Atlantico.fr
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Les domaines les plus touchés par le manque de main-d’œuvre seraient l'informatique et les services aux particuliers.
Les domaines les plus touchés par le manque de main-d’œuvre seraient l'informatique et les services aux particuliers.
©Reuters

Un métier, pas un emploi

Certains secteurs peinent à trouver des candidats à l'embauche. Près de 380 000 postes seraient ainsi à pourvoir. Avis aux amateurs.

Francis Kramarz

Francis Kramarz

Francis Kramarz est économiste, spécialiste des questions d'emploi et du marché du travail.

Professeur à l'école Polytechnique et l'ENSAE, il est également directeur du Centre de recherche en économie et statistique (CREST).

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Atlantico : Il reste en France près de 380 000 emplois à pourvoir. Comment expliquer que malgré les chiffres très inquiétants de Pôle emploi il reste autant de postes à pourvoir ?

Francis Kramarz : Dans toute économie développée, il est normal qu'il y ait de nombreux emplois à pourvoir. Chaque année, il y a des millions d'embauches, des millions. En 2012, il y a eu hors intérim  21 millions de déclarations uniques d'embauches (DUE). Parmi celles ci près de 80% étaient des CDD, et 65% des CDD de moins d'un mois. En 2010, près de 50% des DUE étaient d'une durée inférieure à une semaine. Dans un tel monde, où les emplois durent peu, où les entreprises ne sont pas sûres des débouchés, où la rotation est quasi-permanente, il est normal qu'il y ait de nombreux postes à pourvoir. Le contraire serait surprenant. Bien sûr, la crise rend ce nombre de postes à pourvoir choquant mais c'est juste une méconnaissance des mécanismes qui prévalent sur le marché du travail qui rendent ces chiffres "inquiétants".

Les domaines les plus touchés par ce manque de main-d’œuvre seraient : l'informatique ( cadres et ingénieurs) où 67.2% des postes ne trouveraient pas de preneurs, les services aux particuliers où il reste 54 311 postes à pourvoir... Pourquoi ces secteurs là sont-ils plus touchés ?

La liste des emplois les plus difficiles à pourvoir contient essentiellement deux types d'emplois : des emplois qualifiés et des emplois difficiles aux conditions de travail souvent pénibles. Pour ces derniers, un problème récurrent provient de la difficulté de stabiliser les salariés même après qu'ils aient été recrutés en raison de faibles salaires et des conditions de travail, horaires... Ils essayent et quittent souvent leur employeur. Et pas nécessairement pour de mauvaises raisons. Si vous pensez aux relations personnelles qui se développent dans ce genre d'emplois, la qualité du "match" est essentielle. Pour les emplois informatiques, la difficulté est certainement de former continuellement les personnes en place depuis longtemps et qui ont été formées à des techniques plus anciennes. Ainsi, les manques peuvent être liés à des imperfections des mécanismes de la formation continue dont on sait les limites.

Ce phénomène implique particulièrement les PME et les TPE, comment l'expliquer ? 

Bien sûr, les PME - TPE sont les premières touchées pour des raisons évidentes. Les emplois de services s'y déroulent souvent. On en a parlé plus haut. Mais aussi, si l'on reprend les exemples des informaticiens, les PME sont mal placées pour attirer les plus jeunes, pour les informer des offres d'emplois disponibles, leur proposer des carrières. En outre, l'absence de mécanismes de sécurisation des parcours professionnels joue à plein : des salariés de grandes entreprises préfèrent y rester même si les perspectives pour eux sont faibles car ils risquent de tout perdre en les quittant; leurs avantages étant liés à l'ancienneté qu'ils ont pu y acquérir.

Est-il possible de mettre en accord chômeurs et recruteurs ? Pour quelle raisons ?

Les recruteurs comme les chômeurs n'ont aucune raison d'être satisfaits car, pour des raisons évidentes, leurs intérêts sont en partie opposés. Surtout dans un moment où le pouvoir de négociation des salariés est faible. Les réformes Hartz en Allemagne ont, en forçant les salariés à accepter plus d'offres y compris celles qui ne leur convenaient pas parfaitement, a certainement amélioré la situation. De même, un apprentissage plus développé pour tous types d'emplois, qualifiés comme non qualifiés, permet de diminuer les tensions. Les entreprises ont souvent en France une attitude passive et attendent beaucoup trop de l'Etat en charge de "livrer des produits prêts à l'emploi". D'autres stratégies sont possibles et des grands groupes tels Mc Donald semblent avoir mieux intégrés cette dimension. Il faut donc simultanément exiger plus des uns et des autres. 

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