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Réforme du régime de l'auto-entrepreneur : ménage nécessaire ou peur congénitale de l'entrepreneuriat ?
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Coup de balai

La ministre de l'Artisanat Sylvia Pinel vient d'annoncer la mise en place d'une limitation à deux ans du régime d'auto-entrepreneur en tant qu'activité principale. Au-delà de cette durée, ils devront soit créer une société ou cesser leur activité.

Philippe  Hayat

Philippe Hayat

Philippe Hayat est entrepreneur et repreneur d'entreprises, professeur à l'ESSEC, cofondateur du fonds d'investissement Serena Capital, et président de l'association 100 000 entrepreneurs qui vise à l'enseignement la culture de l'entrepreneuriat aux jeunes. Il a remis a remis à Fleur Pellerin le rapport "Pour un New Deal entrepreneurial en Octobre 2012.

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Atlantico : La ministre chargée de l'Artisanat, Sylvia Pinel, vient d'annoncer la limitation de durée du régime d'auto-entrepreneur en tant qu'activité principale. Cette annonce n'est-elle pas contradictoire avec le discours du gouvernement qui dit vouloir encourager l'acte d'entreprendre ? 

Philippe Hayat : Je suis mitigé quant à cette annonce. Le régime de l'auto-entrepreneur est une très bonne chose pour l'encouragement à l'entrepreneuriat. Cela permet aux gens qui le souhaitent de tester leurs envies, leurs talents et leurs capacités d'entreprendre. Cela permet surtout de se lancer sans prendre trop de risques. Pour autant, le but est que ces auto-entrepreneurs deviennent de vrais entrepreneurs qui développent une activité. Cette réforme pose donc une date butoir qui peut être bénéfique afin de faire franchir le pas à ceux qui hésitent à se lancer.Mais elle peut aussi constituer un frein à l'entrepreneuriat et décourager certaines ambitions. Et il ne faut pas de freins, quels qu'ils soient, concernant l'entrepreneuriat. J'aurais préféré que cette limitation n'existe pas, même si elle part d'un bon sentiment. C'est une mesure que l'on va devoir suivre afin d'évaluer ou non son efficacité. 

Le système actuel fonctionne-t-il réellement ? 

En terme quantitatif, il fonctionne : la France produit aujourd'hui 550 000 nouvelles entreprises par an, dont l'immense majorité via le statut d'auto-entrepreneur. Et cette tendance continue d'évoluer : de plus en plus de gens se mettent à leur compte.

En terme qualitatif, c'est autre chose : il ne faut pas que ces auto-entrepreneurs restent des micro-entrepreneurs. Et pour cela, il faut les pousser davantage, les accompagner afin qu'ils franchissent pour de bon le cap de l'entrepreneuriat. Il faut vraiment améliorer la formation, même si les associations en sont conscientes et travaillent sur le sujet. Il est difficile de ne pas être frustré quand on voit quelquefois la lenteur des auto-entrepreneurs pour accroître leur activité. 

Quelles sont les dérives du statut de l’auto-entrepreneur ?

Il y a des dérives bien évidemment, même si ce n'est pas parce qu'il existe des risques de dérives qu'il faut tuer le régime : il faut réformer le système, mais surtout l'encourager. On parle souvent de concurrence déloyale par rapport aux artisans. Cependant, il faut rappeler que les artisans sont labellisés alors que les auto-entrepreneurs ne le sont pas. Il faudrait donc réformer en ce sens ce régime, en accordant un label d'excellence aux meilleurs d'entre-eux. Il reste encore beaucoup de progrès à réaliser, même si le fondement du statut est bon. 

Faut-il durcir le statut ou bien simplement le réformer ? 

Il est absolument nécessaire d'améliorer l'accompagnement des auto-entrepreneurs afin de les former davantage, mais aussi les faire prendre confiance en eux afin de faire grandir leur activité. Il y a beaucoup de réseaux d'accompagnement qui existent en France mais qui restent méconnus. Les auto-entrepreneurs sont souvent mal informés des outils qu'ils ont à leur disposition : les associations, mais aussi l'Agence pour la création d'entreprise, les chambres de commerce, les réseaux consulaires, les régions, les mairies... 

Les aides financières existent déjà : les auto-entrepreneurs peuvent "variabiliser" leurs charges par rapport à leur chiffre d'affaires, il n'ont donc pas à sortir de trésorerie. Le statut en soi est déjà financièrement intéressant à l'heure actuelle. Il faut davantage développer l'accompagnement à la formation et au développement. 

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