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Impôt sur les revenus : ce que révèle la répartition géographique des richesses en France
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Paris capitale des impôts

En 2011, les foyers parisiens ont déclaré en moyenne 37 764 euros de revenus, soit 14 000 euros de plus que la moyenne nationale.

Philippe Villemus

Philippe Villemus

Philippe Villemus, après une carrière dans de grands groupes internationaux, en France et à l’étranger,   a volontairement changé de vie pour devenir professeur et docteur en Sciences de Gestion à Sup de Co Montpellier. Il est également écrivain, chroniqueur (Midi Libre et France Bleu Hérault) et conférencier.

Il a notamment publié Qui est riche ?, Eyrolles, 2007.

 

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Atlantico : Les quelques 1,5 million de foyers fiscaux recensés dans la capitale déclarent en moyenne 37 764 euros de revenus, soit 14 000 euros de plus que le montant moyen national. Que révèle ce déséquilibre dans la répartition des richesses en France ?

Philippe Villemus :En France c’est que plus on est riche, plus on est susceptible d’habiter en région parisienne et en particulier à Paris. La proportion de foyers à revenu moyen de 10 000 euros par mois est deux fois plus importante à Paris que dans l’ensemble de la France. Plus les foyers sont aisées en revenus comme en patrimoine, plus on va trouver des franciliens.

L’immense majorité des grands patrons français, des décideurs nationaux sont installés en région parisienne, simplement du fait que les sièges sociaux sont à Paris. La grande majorité des artistes et le monde du showbizz sont également installés en Ile-de-France. Au delà des foyers aisés de par leur revenus, les prix mirobolants de l’immobilier font que les propriétaires parisiens sont très vite qualifiés de riches. Les riches revenus parisiens sont dans l’immense majorité des cas propriétaires de leur logement et de fait riches également en patrimoine.

Pourquoi les foyers aisés sont-ils essentiellement concentrés en Ile-de-France ?

Philippe Villemus : Ce phénomène est la résultante de la concentration des pouvoirs politiques, économiques, médiatiques et culturels dans la capitale française.

Quels sont les autres territoires français où l’ont peut trouver une concentration des foyers riches ? Qu'en est-il des foyers modestes ?

Philippe Villemus : Dans chaque grandes villes de province, on retrouve une concentration de foyers aisés même si cela n’a rien de comparable à Paris. Leur profil est néanmoins différent des riches parisiens. En province, on trouve d’avantage de professions libérales, avocats ainsi que des patrons de PME.

On peut signaler des îlots de foyers très riches sur la côte d’Azur comme à  Saint-Tropez, ou encore à l’île de Ré mais dans la majorité des cas ces patrimoines immobiliers d’exception  sont des résidences secondaires appartenant à des Parisiens ou à de riches étrangers.

En ce qui concerne les foyers modestes on peut identifier plusieurs régions caractéristiques comme l’arc de cercle méditerranéen et l’ensemble de la frontière Nord de la France.

Comment cette répartition des richesses a-t-elle évolué ces dernières années ? Existe-t-il d'ailleurs une différence de localisation entre les foyers riches de par leur revenus et ceux, riches de leur patrimoine ?

Philippe Villemus : Non leur localisation est la plupart du temps similaire. Ce phénomène se concentre de plus en plus sur la zone parisienne.  Les inégalités de patrimoine progressent beaucoup plus vite que celle des revenus en France. Tout d’abord à cause de la montée des prix de l’immobilier qui gonfle la valeur du patrimoine des propriétaires de biens.

Cette ségrégation spatiale trouve-t-elle des explications historiques ? Retrouve-t-on des cas similaires à l’étranger ?

Philippe Villemus :Si l’on remonte à la période de l’Ancien Régime, la France était beaucoup moins concentrée sur la ville de Paris. Les familles de riches nobles étaient plus équitablement réparties sur le territoire français. C’est seulement à partir de 1789 et la révolution française que la concentration politique et économique s’est accentuée à Paris, même si la ville est restée populaire jusqu’au début du 20ème siècle. Ce phénomène va s’accentuer pour la simple raison que les foyers défavorisés sont peu à peu chassés du centre de Paris à cause des prix de l’immobilier.  Ce n’est pas dans les gênes français car la France est née de la ruralité et de la féodalité de province. Je dirais que ce phénomène est né avec la révolution industrielle qui a poussé à la concentration parisienne.

On retrouve le même schéma en Angleterre où la concentration des pouvoirs et des centres de décisions ont produit le même effet sur la ville de Londres. C’est le seul exemple similaire que l’on trouve en Europe, même si globalement la flambée des prix de l’immobilier dans les capitales européennes chasse les populations modestes et les classes moyennes au profit des foyers aisés.

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