Bank of America a-t-elle raison de dire qu'un nouveau mur de Berlin divise l'Europe ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Le stratégiste en chef de la Bank of America affirme que l'accalmie actuelle de la crise économique cache en fait un "nouveau mur de Berlin" en Europe.
Le stratégiste en chef de la Bank of America affirme que l'accalmie actuelle de la crise économique cache en fait un "nouveau mur de Berlin" en Europe.
©Reuters

A deux vitesses

Le stratégiste en chef de la Bank of America affirme que l'accalmie actuelle de la crise économique cache en fait un "nouveau mur de Berlin" en Europe. Il note que les actifs allemands n'ont jamais connu d'aussi bonnes performances depuis que le chômage des jeunes dans les pays périphériques a atteint des sommets.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Nouveaux pics des actifs allemands, et chute du taux de chômage dans les pays périphériques (Portugal, Italie, Grèce, Espagne)

Atlantico : Le stratégiste en chef de la Bank of America affirme que l'accalmie actuelle de la crise économique européenne cache en fait la formation d'un "nouveau mur de Berlin" en Europe (voir ici). Il note en effet que les actifs allemands n'ont jamais connu d'aussi bonnes performances depuis que le taux de chômage des jeunes dans les pays périphériques a atteint des sommets (voir tableau). Existe-t-il un "mur de Berlin" économique ? Si oui, quelles en sont les conséquences sur les taux obligataires, et la solidité des économies ?

Nicolas Goetzmann : La Zone Euro est divisée entre l’Allemagne, l’Autriche, le Luxembourg et les Pays Bas, soit les «  pays du nord » et les autres membres. Le rapport de force est à la faveur des seconds, puisque le premier groupe ne représente que 40% de la zone Euro en termes de PIB.

Les pays du nord sont aujourd’hui dans une situation de plein emploi, et bénéficient de taux d’intérêts très faibles. Le reste de la zone euro est quant à lui est soumis à des niveaux de chômage importants, mais à des situations disparates concernant les taux. La France est encore épargnée, ce qui n’est pas le cas de pays comme la Grèce, le Portugal ou l’Espagne.

Les situations sont donc très diverses et appelleraient des traitements particuliers, ou au moins un traitement d’intérêt commun, mais ce n’est pas le cas aujourd’hui. De plus, seules des « solutions » budgétaires sont employées, ce qui est pourtant sans effet. Dans notre système monétaire, le multiplicateur fiscal est nul, et il n’y a donc aucun espoir d’arriver à quoi que ce soit en ne recourant qu’à ces solutions.

Faut-il croire qu'il existe une Europe à deux vitesses, avec deux modèles de croissance ?

Non, il n’y a simplement pas assez de croissance dans la zone euro pour tout le monde. C’est un nivellement vers le bas. Aujourd’hui pour avoir de la croissance il faut accepter de s’adapter au modèle allemand ou 8 millions de travailleurs travaillent sous le seuil du Smic français. Alors pour pouvoir profiter du peu de croissance que nous accorde la BCE, nous savons ce qui nous reste à faire.

C’est-à-dire que les électeurs ne servent plus à rien et c’est là le résultat du vice inhérent au traité de Maastricht ; la stabilité des prix. Vous pouvez voter pour qui vous voulez mais en restant dans un tel système monétaire, votre avenir est tout tracé. Alors soit on change la politique de la BCE vers le système dual américain, soit la défiance vis-à-vis de la zone Euro va continuer de s’aggraver. Parce qu’il est évident que les populations ne vont pas tenir beaucoup plus longtemps dans un tel système.

Quelles doivent être les priorités économiques pour remédier aux disparités ?

Ce qu’il faut comprendre, c’est que les pays du nord prétendent payer pour les autres alors qu’il s’agit d’une supercherie. La réalité est que la BCE contraint le niveau de la demande en zone euro afin de la préserver de toute inflation. Il s’agit là d’un gigantesque système de protection de l’épargnant. Cette contrainte a un coût, le chômage, et notamment le chômage dans les pays du sud. C’est-à-dire que le chômeur espagnol a une fonction de stabilisation des prix dans les pays du nord. Voici le formidable résultat d’une politique de maîtrise des prix. Il s’agit du plus grand transfert de richesse organisé en Europe. Les plus faibles offrent une garantie de stabilité des prix aux épargnants du nord.

Au final, les pays du nord offrent des garanties aux pays en difficulté dans ce qui apparaît être un grand geste de solidarité. Mais le prix payé est bien faible au regard des dégâts occasionnés. La politique budgétaire ne peut rien et les transferts budgétaires ne servent qu’à masquer la réalité du transfert opéré par la maitrise des prix.

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