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Rapport de la Cour des comptes : à quand une vraie gestion des ressources humaines dans l’Education nationale ?
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Leçon pratique

Dans son rapport "Gérer les enseignants autrement", publié mercredi, la Cour des Comptes épingle les "multiples dysfonctionnements" de la gestion des enseignants dont souffre l’Education nationale. "La suppression de 80 000 postes sous le précédent quinquennat ou la création de 60 000 postes en cinq ans sont vaines si elles se font à règles de gestion inchangées", juge la Cour.

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan

Erwan Le Noan est consultant en stratégie et président d’une association qui prépare les lycéens de ZEP aux concours des grandes écoles et à l’entrée dans l’enseignement supérieur.

Avocat de formation, spécialisé en droit de la concurrence, il a été rapporteur de groupes de travail économiques et collabore à plusieurs think tanks. Il enseigne le droit et la macro-économie à Sciences Po (IEP Paris).

Il écrit sur www.toujourspluslibre.com

Twitter : @erwanlenoan

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Atlantico : Dans son rapport "Gérer les enseignants autrement", publié mercredi, la Cour des Comptes épingle les "multiples dysfonctionnements" de la gestion des enseignants dont souffre l’Education nationale. Quels sont les plus problématiques ? 

Erwan Le Noan : Le principal problème, celui qui résume l’ensemble du rapport, c’est le gâchis. Le premier président de la Cour des comptes, Didier Migaud, l’explique très clairement dans un discours qui, pour une fois, ne mâche pas ses mots : « l’Education nationale ne souffre pas d’un manque de moyens ou d’un nombre trop faible d’enseignants, mais d’une utilisation défaillante des moyens existants ». C’est limpide : la France a plein de profs, plein d’argent mais elles les utilisent n’importe comment. Ce n’est pas nouveau, Didier Migaud le disait déjà il y a trois ans dans un autre discours lors de la remise d’un autre rapport de la Cour des comptes : «  la solution aux difficultés du système scolaire ne se trouve pas selon la Cour dans un accroissement des moyens financiers et humains qui lui sont consacrés ».

Ce gâchis s’explique par un deuxième problème, relevé par la Cour : la rigidité et l’uniformité des règles de gestion qui se font au nom de principes dépassés, bêtement égalitaristes et sans tenir compte des besoins des élèves.

Voir aussi l'article Les magistrats de la Cour des comptes sont-ils voués à dresser de brillants diagnostics jamais suivis d’effets ?

"La suppression de 80 000 postes sous le précédent quinquennat ou la création de 60 000 postes en cinq ans" sont vaines, juge la Cour des comptes.  Si les questions d’effectifs ne sont pas prioritaires, à côté de quels enjeux passe-t-on ?

Augmenter de 60000 ou diminuer de 80000 le nombre d’enseignants, quand il y en a 837000 c’est presque anecdotique. Ajouter des postes si on ne change pas les méthodes, cela ne sert à rien. A nouveau, Didier Migaud le dit clairement : « les périodes de hausse ne sont allées de pair avec une amélioration de la performance du système scolaire ». CQFD.

Il ne faut pas se cacher et avoir peur des mots : le vrai enjeu, c’est celui de la performance du système scolaire. Mettons nous tout en œuvre pour que les élèves réussissent ? A lire le rapport de la Cour des comptes, non. Cela s’explique notamment parce que les enseignants sont gérés de manière totalement archaïque avec des principes issus d’un autre âge. Il faut plus de souplesse, plus de résultats. Les syndicats bloquent tout ce qui va dans ce sens, mais les jeunes enseignants, eux, sont plutôt demandeurs.

La Cour des comptes prône une "réforme d'ensemble" de la gestion des enseignants. Quels pourraient être les grands axes de cette réforme.  Quelles sont les mesures à mettre en œuvre en priorité ?

La question à résoudre est celle des méthodes de gestion. Les pistes sont connues : c’est la décentralisation de la gestion, pour qu’elle soit plus efficace et proche de la réalité et des besoins du terrain ; c’est la performance, parce que les enseignants représentent 2,5 % du PIB et que c’est l’avenir des enfants qui est en jeu. Il faut permettre par exemple aux établissements de recruter leurs équipes et de les évaluer, comme cela se fait dans les pays nordiques.

Pour revaloriser la profession d’enseignants, il faut qu’ils soient mieux payés, ce qui suppose de mieux calculer leur temps de travail et certainement de l’augmenter : on ne peut pas vouloir être payé comme un cadre supérieur (ce que justifie leurs études) et travailler aussi peu.

Les enseignants doivent être considérés pour ce qu’ils sont : des professionnels de grande qualité. Cela veut dire qu’il faut arrêter de les fliquer et leur laisser de la liberté. En contrepartie, ils doivent travailler plus et répondre à des soucis de performance ; la confiance ne va pas sans la responsabilité.

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