Energie : l'Europe peut-elle encore longtemps continuer à ignorer la révolution qui sort les Etats-Unis de la crise ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La part du gaz de schiste représente aujourd’hui 20% de la production gazière américaine, alors qu’elle était quasi nulle avant 2007.
La part du gaz de schiste représente aujourd’hui 20% de la production gazière américaine, alors qu’elle était quasi nulle avant 2007.
©Reuters

Stratégiquement flop

La Conseil européen se réunit ce mercredi à Bruxelles pour discuter notamment des enjeux énergétiques en Europe. Un domaine dans lequel l'Europe accuse du retard alors que l'Amérique connait une véritable révolution énergétique.

Bastien Alex Thomas Porcher Florent Detroy

Bastien Alex Thomas Porcher Florent Detroy

Bastien Alex est politologue et géopolitologue spécialiste de l'Union européenne et des questions énergétiques européennes à l'Institut de Relations Internationales et Stratégiques.

 

Thomas Porcher est Docteur en économie, professeur en marché des matières premières à l'ESG-MS et chargé de cours à l'université Paris-Descartes.

Son dernier livre est Le mirage du gaz de schiste (Max Milo Editions, mai 2013).


Florent Detroy est journaliste, spécialiste des matières premières et des pays émergents. 

Il est aujourd'hui rédacteur en chef de Matières à Profits, une lettre d'investissements sur les matières premières.

Son blog sur la géopolitique des pays émergents: Energasie

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Atlantico : Le sommet européen s'ouvre ce mercredi à Bruxelles. Le Conseil européen, qui regroupe les chefs d'Etats et de gouvernements, se penchera sur la lutte contre la fraude fiscale et... la politique énergétique. Alors que la croissance américaine a été de 2,5% au premier trimestre en rythme annuel, la zone euro est entrée en récession et la plupart des grandes économies sont dans le rouge. Quel est l'impact réel de la révolution énergétique américaine sur la croissance et l'économie américaine ?

Bastien Alex : Le terme "révolution" est peut-être excessif mais on peut parler sans se tromper de renaissance industrielle. L’essor des gaz de schiste a d’une part fortement diminué la facture électrique d’une partie des industriels américains mais à également relancé la filière pétrochimique. De même, les Etats-Unis se préparent à utiliser les terminaux GNL [gaz naturel liquéfié, ndlr] qu’ils avaient installés autrefois pour retransformer du gaz importé, pour en exporter vers d’autres marchés, européen notamment. Cette renaissance se matérialise donc par des gains de compétitivité considérables pour l’industrie américaine qui sera, à terme, en mesure de fabriquer des produits sur son sol et de les exporter vers l’UE en étant moins cher que ses concurrents européens. Plusieurs questions restent toutefois en suspens, notamment la durée de cette renaissance et sa durabilité.

Le boom des gaz de schiste crée certes des emplois, fait des heureux du fait du code minier américain qui, contrairement à ses homologues européens, fait de chaque propriétaire terrien le propriétaire du sous-sol, qui perçoit donc une partie des recettes liées à l’exploitation des gisements découverts sous son terrain. Toutefois, les impacts environnementaux commencent à se faire sentir, les opposants à l’exploitation des gaz de schiste s’organisent et leur discours a davantage de résonance désormais. Il n’est donc pas certain que les conditions d’exploitation économique "optimales" perdurent et ne soient pas mises à mal par des réglementations plus sévères et respectueuses de l’environnement, ce qui est à souhaiter.

Florent Detroy : L’impact du gaz de schiste est majeur. La part du gaz de schiste représente aujourd’hui 20% de la production gazière américaine, alors qu’elle était quasi nulle avant 2007. Cette montée en puissance a permis de faire plonger les cours du gaz. Le million de BTU ("british thermal unit"), l’unité du gaz cotée sur le Henry Hub, le marché spot du gaz US, est passé de 12$ à 2$ entre 2007 et 2012. Or, la place du gaz est importante dans le mix énergétique US, puisqu’il représente un quart du mix énergétique. L’essor de l'industrie du gaz de schiste aux Etats-Unis aurait ainsi permis de créer entre 400 000 et 650 000 emplois. Selon une étude du cabinet PricewaterHouseCoopers, d’ici 2025, près d’un million d'emplois directs et indirects pourraient être créés. Sur le plan industriel, les entreprises ont gagné en compétitivité.

D’après les calculs de l’Agence Internationale de l’Energie, le gaz aux Etats-Unis coûte aux industriels américains un tiers de ce qu’il coute aux industriels européens, alors que les prix étaient proches dans les années 2000. Ce sont avant tout les industries des engrais, de la chimie ou encore les sidérurgistes qui en ont profité. Ces secteurs ont même entamé un processus de relocalisation sur le sol US de leurs usines, attirés par cette baisse des coûts de la matière première.

Thomas Porcher : Certes, la croissance américaine a été de 2,5% au premier trimestre mais elle reste très fragile et, selon les analystes, les premiers chiffres du 2ème trimestre laissent supposer un ralentissement pour le trimestre à venir. De plus, rien n’assure que ces bons résultats sont dus à la production des gaz et huiles de schiste - très largement mis en avant dans la "révolution énergétique" - qui sont exploités massivement depuis 5 ans aux Etats-Unis. On ne peut donc pas donner un cap à notre politique énergétique en nous basant sur les résultats américains d’un trimestre, c’est absurde !

Il faut également rappeler qu’il ne faut pas se fier aveuglément au taux de croissance du PIB comme indicateur. Même Nicolas Sarkozy en 2008 avait mis en place une commission pour déterminer les limites du PIB en tant qu’indicateur de performances économiques et de progrès social. N’oublions pas : avant la crise des subprimes, les Etats-Unis avaient un taux de croissance supérieur au notre, fallait-il pour autant suivre leur modèle ? Je ne pense pas.

En quoi l'avenir de l'Europe est-il aussi énergétique ? Quels pays y sont favorables ? Quel sont les grands enjeux géostratégiques qui se cachent derrière ?

Bastien Alex : Avant même l’avenir, c’est le présent de l’Europe qui est énergétique mais des problèmes de fond demeurent. L’UE n’est pas compétente pour imposer des orientations aux Etats dans leur mix énergétique, elle peut seulement fixer des objectifs tels ceux pour 2020 qui seront d’ailleurs difficiles à atteindre. Les différences de mix sont telles que penser et organiser une convergence à l’échelle européenne reste très illusoire. Comment faire lorsque l’Allemagne décide unilatéralement sa sortie du nucléaire, qui est la principale source d’électricité de la France, pour importer massivement du charbon américain à bas coût – qui mine son bilan carbone par ailleurs – qui est la base du mix énergétique polonais, etc. Autre problématique : peut-on organiser une sécurisation des approvisionnements au niveau communautaire ?

Les Européens ont essayé de porter le gazoduc Nabucco pour se désengager de la dépendance vis-à-vis de la Russie mais le projet qui est aujourd’hui opérationnel depuis 2011, et dans lesquels certaines entreprises européennes (Wintershall Holding et GDF Suez) ont une participation, reste Nordstream – tube reliant la Russie à l’Allemagne en évitant le nœud ukrainien – qui est approvisionné par du gaz russe… Les intérêts nationaux sont tout simplement divergents, tout comme l’illustre les âpres négociations qui ont eu lieu entre les Etats membres concernant la position à adopter vis-à-vis de l’Iran et la mise en place de l’embargo sur les hydrocarbures en juillet 2012 contre lequel la Grèce, en position de faiblesse, s’était malgré tout élevé du fait des livraisons de pétrole et gaz iraniens qu’elle recevait. En Europe, l’énergie est avant tout affaire de souveraineté qui n’est pas l’amie du multilatéralisme.

Florent Detroy : Un des axes principaux de la politique européenne est la diversification des approvisionnements énergétiques, notamment pour réduire la dépendance en gaz russe. Le gaz de schiste serait donc une bonne option. C’est ce qui explique que la Pologne se soit lancée à corps perdu dans le gaz de schiste, avec en prime l’aide de groupes américains (Exxon mobile). Mais au cœur de l’Europe, l’Allemagne a réussi à tisser des liens économiques et diplomatiques forts avec la Russie, qui lui assurent une certaine sécurité d’approvisionnements en gaz. Ces approvisionnements sont devenus d’autant plus importants qu’ils vont permettre à l’Allemagne de compenser l’arrêt de ses centrales nucléaires.

Au-delà de l’aspect géostratégique, les pays européens ont montré une certaine unité lorsque Bruxelles a annoncé vouloir taxer les importations de panneaux solaires chinois. Une Europe de l’énergie cohérente passe peut-être d’abord par une Europe de l’industrie énergétique forte.

Thomas PorcherL’avenir de l’Europe est énergétique mais cela ne se résume par forcément au débat « pour ou contre le gaz de schiste », ni au débat « croissance-décroissance » ou aux différents clivages politiques. Les objectifs clairs de l’Europe attestent d’une certaine volonté de mieux contrôler sa consommation d’énergie et, à terme, son coût. C’est pour cela qu’avant de vouloir suivre aveuglément l’exemple des Etats-Unis dans la production de gaz de schiste, nous devons dépolitiser le débat et prendre connaissance des enjeux qui dépassent la simple production de ces gaz. Ceux qui n’y voient qu’une posture politique devraient se rappeler le discours de Nicolas Sarkozy dans la présentation des conclusions du rapport de la commission de mesure de la performance économique et du progrès social.

Je cite : « Si nous ne voulons pas que notre avenir, celui de nos enfants et des générations futures soit semé de catastrophes financières, économiques, sociales, écologiques et, par conséquent, humaines, nous devons changer nos manières de vivre, de consommer, de produire… Cette révolution ne s'accomplira pleinement que si elle est d'abord une révolution dans les esprits, dans les façons de penser, dans les mentalités, dans les valeurs ». 

Alors que le Conseil européen souhaite désormais se pencher sur la question, pourquoi l'Europe peine à définir une véritable politique énergétique ? A quoi celle-ci pourrait-elle d'ailleurs ressembler ?

Bastien Alex : Considérant les obstacles à l’établissement d’une politique européenne en matière énergétique, il faut pour l’instant se contenter de collaborations dans lesquelles l’UE peut rencontrer des succès, notamment une politique de recherche et développement ambitieuse. L’UE s’est déjà positionnée avec le programme horizons 2020 et se doit de mettre de l’argent sur la table en ce qui concerne l’isolation/rénovation du bâti existant et le stockage de l’énergie, dont on ne peut faire l’économie si l’on veut obtenir des résultats pour les énergies renouvelables dont on néglige dans le débat public le caractère intermittent.

Le partenariat avec la Russie est très important mais le manque d’investissement de Moscou dans l’entretien des infrastructures réseau et pour le développement de nouvelles capacités de production, nécessaires du fait du tarissement à venir de ses principaux gisements, pourraient menacer la position dominante russe sur le marché européen. D’autant plus que le Qatar est en train de développer une politique d’exportation de GNL tout azimut via méthanier.

L’ère de l’énergie bon marché est cependant terminée pour la plupart des consommateurs, ou condamnée à s’achever un peu plus tard pour certains. Il faut désormais investir dans l’amélioration des capacités de production des renouvelables, dans l’isolation du bâti, dans la production et l'application de normes de construction et de rénovation ambitieuses et travailler au verdissement des énergies fossiles, irremplaçables pour l’instant (transports et plastique) et avec lesquelles nous serons encore obligés de composer pour de nombreuses décennies. La France dépense chaque année plus de 60 milliards d’euros (soit 77 milliards de dollars, l’équivalent du PIB de la Serbie ou du Kenya) pour son gaz et son pétrole. Jusqu’à quand pourra-t-elle le faire ? C’est la question qui doit animer nos décideurs, qui se doivent pour leur part de retrouver vision et courage politiques.

Florent Detroy : Le cœur du problème est que le mix énergétique reste particulièrement contrasté selon les pays européens. Si la France est dépendante de l’énergie nucléaire, les Pays-Bas consomment abondamment du gaz, et l’Allemagne du charbon et de l’énergie « verte ». L’Union européenne a cependant une ébauche de politique énergétique, grâce au partage d’objectifs environnementaux communs, les 3x20 (20% d’énergie renouvelable dans le mix énergétique européen, réduction de 20% des émissions de CO2 et 20% d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2020). Les moyens pour atteindre ces objectifs relèvent toutefois largement des choix nationaux, en fonction des ressources nationales ainsi que des contraintes économiques et environnementales. 

A l’occasion de ce Conseil européen, quelques pistes d’approfondissement de cette politique vont voir le jour. La France semble soutenir une politique européenne commune, ou au moins rassemblant un petit groupe de pays, en faveur du gaz. La présence de Total et surtout de GDF Suez, qui vient de se lancer dans un projet de liquéfaction de gaz (GNL) destiné à l’exportation, n’est sans doute pas étrangère à ce choix. Cela permettrait également de renforcer l’ambition de la France d’imposer un objectif de 40% de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2030. Avant de se fixer un nouvel objectif, les européens devront d’abord réformer le cadre de leur politique, notamment en modifiant le marché carbone ou en passant par la fixation d’objectifs par groupes de pays, ou peut être par secteurs.

Thomas Porcher : Ce sont plutôt les Etats-Unis qui n’ont pas défini de véritable politique énergétique. L’Europe a des objectifs très clairs : réduire de 20% les émissions de gaz à effet de serre, augmenter de 20% l'efficacité énergétique et porter à 20% la contribution des énergies renouvelables. C'est un projet ambitieux mais pour certains cette exemplarité ne sert à rien. Au contraire, en imposant à l’Europe de courir avec des sacs de sables, nous compromettrions sa croissance et sa compétitivité.

Je ne partage pas cet avis. Certes, les différentes conférences mondiales sur le climat n’ont pas abouti à un consensus pour améliorer ou encadrer nos modes de production, mais sans l’Europe, il y en aurait déjà un : le simple déni du réchauffement climatique.

L'Europe, si elle se lançait de la fracture hydraulique, pourrait-elle générer un choc de productivité identique à celui ayant eu lieu aux Etats-Unis ?

Thomas Porcher : Non et, comme je l’explique dans mon livre, ceux qui avancent cet argument font, volontairement ou pas, trop de simplifications en appliquant stricto sensu l’expérience américaine à l’Europe sans tenir compte des différences de fonctionnement des marchés du gaz. Au niveau mondial, il y a trois types de marchés du gaz qui fonctionnent selon des règles différentes. Le marché américain du gaz est un marché spot et le marché européen est un marché plus rigide fonctionnant via des contrats à long terme avec les pays fournisseurs. La vraie question est de savoir si sur un marché plus rigide, l’exploitation des gaz de schiste entraînerait une baisse des prix comme aux Etats-Unis ? La réponse est non et cela, même si le gaz de schiste est moins cher que le gaz importé, car la tarification du gaz doit permettre de couvrir l’ensemble des coûts y compris ceux du gaz importé. L’autre question est : pourrons-nous mieux négocier nos contrats si nous produisons du gaz de schiste ? La réponse est également négative, sauf si nous nous mettons à en produire une part suffisamment significative pour pouvoir établir un rapport de force avec les pays exportateurs. Et pour pouvoir le faire, il va falloir forer des centaines de milliers de puits.

Enfin, il faut recentrer le débat sur les vrais problèmes de l’industrie française. Aujourd’hui, le manque de compétitivité en France est plus un problème de qualité que de coût. Par exemple, une voiture de marque Peugeot coûte moins cher qu’une voiture de marque Volkswagen. En termes de compétitivité par les prix, la voiture Peugeot a donc un avantage et, si la compétitivité ne reposait que sur les prix, tout le monde devrait l’acheter au détriment de la voiture Volkswagen. Or, dans les faits, les voitures Peugeot se vendent moins bien que les Volkswagen. Car le véritable problème de la compétitivité de notre industrie réside plus dans la qualité de sa production et de sa spécialisation que dans l’avantage-prix

Florent Detroy : Il n’y aura pas de « choc » au niveau européen tant les pays européens avancent en ordre dispersé sur le sujet. La France, les Pays Bas et la Bulgarie restreignent l’utilisation de la fracturation hydraulique, technologie clef pour exploiter ces ressources, alors que la Pologne ou l’Angleterre n’ont posé aucun obstacle à son utilisation. La Commission européenne et le Parlement commencent tout juste à parler du sujet, en proposant d’instaurer des normes communes, mais on est encore loin d’une réglementation européenne. Ensuite, les conditions d’exploitation seront de toute façon différentes. Le prix du gaz vendu en Europe est encore en partie indexé sur celui du pétrole. Aux Etats-Unis, la libéralisation du marché permet de répercuter directement la révolution du gaz de schiste sur les prix.

Une division des prix du million de BTU par 6 en 4 années est ainsi improbable en Europe. Ensuite, selon le consultant Wood Mackenzie, les ressources actuellement estimées ne permettraient pas de couvrir plus de 5% de la consommation européenne en 2030. D’ailleurs, leurs exploitations seraient bien plus cheres, ce qui poseraient des questions de rentabilité. Enfin, indépendamment des choix politiques, l’Europe est bien plus peuplée que les Etats-Unis, et la proximité de forages près des grandes villes ajoute une caractéristique supplémentaire à la situation européenne. Après, le lobbying des syndicats d’engrais ou de la chimie, et l’enthousiasme d’industriels comme St Gobain ou Solvay pour les gaz de schiste montrent bien que certains pays ou groupes en Europe en profiteraient.

Par principe de précaution face aux effets néfastes probables du gaz de schiste, l'Europe prend-t-elle le risque d'accuser un certain retard par rapport aux Américains dans ce domaine ?

Florent Detroy : Le retard est certain en ce qui concerne la production gazière. Il faut cependant rappeler que le retard n’est pas nouveau. L’Europe, à l’exception des gisements de Mer du nord, ne possède pas de ressources en hydrocarbures abondantes. A l’inverse, les Etats-Unis sont à l’origine et son encore un des premiers producteurs de gaz (le premier depuis 2010) et de pétrole au monde. Le vrai retard qui serait dramatique serait le retard sur les technologies. La maitrise de la fracturation hydraulique et le forage horizontal sont encore l’apanage d’une poignée de groupes énergétiques. Leur maîtrise est d’autant plus importante que la « révolution » du gaz de schiste et du pétrole de schiste est amenée à se propager dans d’autres pays (Amérique Latine, Asie).

Or les groupes européens maitrisent ces technologies grâce à leurs investissements aux Etats-Unis. Par exemple Total a investi 2.3 milliards de dollars en 2010 dans sur le champ de Barnett Shale en association avec un des pionniers du gaz de schiste Chesapeake. Aujourd’hui Total veut participer à l’exploitation des shale gas en Chine, en Argentine et en Australie. L’Europe reste encore dans la course ainsi.

Thomas Porcher : Cela dépend du point de vue où l'on se place. Par exemple, nous sommes en avance sur la transition énergétique et dans le contrôle de nos émissions de CO2. Rappelons que les Etats-Unis ont rejeté le protocole de Kyoto et qu’étant la première puissance mondiale, ses choix politiques, bon ou mauvais, influencent les autres pays.

D’ailleurs, la Russie, le Japon et le Canada ne se sont pas engagés en 2012 dans un « Kyoto bis ». Pourtant un rapport de la Banque mondiale, sorti en novembre 2012, tire la sonnette d’alarme sur le réchauffement climatique et appelle à une action internationale concertée et rapide ainsi qu’une utilisation plus intelligente de l’énergie et des ressources naturelles. C’est pourtant l’inverse que font les Etats-Unis avec la production de gaz de schiste. 

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