L'UMP est-elle capable de se trouver un logiciel politique commun ? La réponse de la Boite à idées<!-- --> | Atlantico.fr
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L'élection à la présidence de l'UMP va probablement être repoussée en 2014 ou 2015.
L'élection à la présidence de l'UMP va probablement être repoussée en 2014 ou 2015.
©Reuters

(Dés)union pour un mouvement populaire

Dans un contexte de divisions idéologiques, l'UMP peut-elle encore avoir un programme commun ? Le point de vue des représentants de la "Boîte à idées", un groupe de réflexion qui entend représenter une nouvelle génération de militants.

Maël de Calan

Maël de Calan

Maël de Calan est conseiller départemental du Finistère et conseiller d'Alain Juppé.

Il est l'auteur de "La vérité sur le programme du Front national" (Plon).

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Atlantico : Initialement prévue en septembre, la nouvelle élection pour la présidence de l'UMP sera probablement reportée à 2014 ou 2015. Lors de l’élection de novembre dernier, six motions s'étaient affrontées. Quelles étaient les principales divergences de programmes entre ces différents courants ?  L’UMP peut-elle encore, dans ce contexte de divisions idéologiques, avoir un programme commun ?

Enguerrand Delannoy : L’UMP est d’abord un parti qui partage aujourd’hui un socle de valeurs et d’idées communes fort. L’action de Nicolas Sarkozy et l’ambition qu’il a portée constituent un point de référence partagé par la très grande majorité des militants et élus de l’UMP.  C’est la première grande leçon des élections internes de l’automne dernier.

Mais, il y a au sein de l’UMP deux manières d’analyser et de défendre le bilan de Nicolas Sarkozy. C’est l’autre leçon de ses élections. Une première approche que nous qualifiions de populiste vise à cliver les débats quitte à perdre de vue toute notion de réalisme, et à mettre l’accent sur les questions identitaires et sécuritaires quitte à oublier l’urgence économique et sociale. Cette approche se revendique des exigences de la conquête du pouvoir et cherche essentiellement à récupérer l’électorat du Front National. La seconde approche est celle des rénovateurs de l’UMP : elle s’attache à défendre le programme de « rupture » et de transformation du modèle social français porté par Nicolas Sarkozy. Cette approche refuse de sacrifier l’exercice du pouvoir à sa conquête : l’UMP doit élaborer un plan réaliste de réformes radicales qu’elle mettra en œuvre en 2017. Elle ne doit pas chercher à « récupérer les voix du FN » mais à régler les problèmes du pays pour faire disparaitre les causes du vote FN.  

La vision économique

Mael de Calan : Le projet économique de l’UMP est encore à construire. Et cela ne s’improvise pas car l’état dans lequel nous retrouverons le pays en 2017 sera dramatique. Le taux de chômage a dépassé les 10% et l’hémorragie des emplois industriels se poursuit , la pression fiscale représente 46% du PIB, la dépense publique devrait atteindre 57% du PIB en 2013 (comment oser parler d’austérité !), les perspectives de croissance sont inexistantes... Tous les indicateurs sont dans le rouge et le gouvernement socialiste n’a engagé aucune des grandes réformes structurelles dont notre pays a besoin. Ce n’est pas avec les emplois d’avenir ou les contrats de génération que l’on va faire baisser le chômage, mais avec de la croissance.

La croissance ne se décrète pas. Elle est le fruit de l’innovation et du travail d’entrepreneurs, de salariés, de Français qui s’engagent et qui prennent des risques. La croissance appelle un environnement économique, social et politique favorable que tous les pays européens essaient de bâtir chez eux… Sauf la France de MM. Hollande et Ayrault pour qui la compétitivité est un mot qui fait peur.

Si s’expriment parfois au sein de l’UMP des sensibilités différentes dans certains dossiers, il y a avant tout un ensemble de convictions communes : le matraquage fiscal a atteint des niveaux délirants ; la méfiance d’Etat à l’endroit des entrepreneurs et des entreprises stérilise les initiatives ; notre système social enferme les plus faibles dans la spirale infernale de l’assistanat.

L’UMP doit se retrousser les manches pour proposer une nouvelle espérance. Des pistes de travail sont sur la table. D’abord, dessinons les contours de l’Etat agile que nous voulons, puis tirons en les conséquences en matière de réduction rapide et très forte des dépenses publiques . Ensuite, engageons l’aggiornamento de notre modèle social qui, prisonnier des vérités révélés et des certitudes du programme du conseil national de la Résistance en 1944, s’effondre sous nos yeux. Retraite, santé, politique familiale… C’est le seul moyen d’enclencher une baisse radicale du coût du travail.

Soyons clairs : tout cela demandera des efforts. Les Français sont prêts à les accepter, les élus doivent être prêts à les défendre.

L'identité nationale et le rapport au FN

Enguerrand Delannoy : L’UMP s’est construit sur une ligne claire fixée par Jacques Chirac et Alain Juppé, confirmée par Nicolas Sarkozy, et rappelée par François Fillon et Jean-François Copé aujourd’hui : le refus de toute alliance et de toute compromission avec le FN. Ceux qui veulent aller dans une autre direction n’ont pas leur place à l’UMP. Car si le Front national a changé de visage, il n’a pas changé de programme : étatiste, populiste et anti-européen, le FN ne partage ni les valeurs de la droite et du centre, ni ses convictions.

Le vote FN est complexe et mixte : une part d’adhésion et une part de protestation. Il est difficile de les quantifier exactement. La seconde part est un faux-problème : dans l’opposition aujourd’hui, l’UMP aspire naturellement une forte composante du vote protestataire, comme on a pu le voir lors des législatives partielles. La question essentielle est donc celle du vote d’adhésion, et là il y a un vrai débat : doit-on faire du « FN light » pour reconquérir ses électeurs ou doit-on les convaincre avec nos valeurs, notre projet, et demain nos résultats ?

Pour nous, comme la très grande majorité de l’UMP, seule la seconde voie est possible. Le FN a changé et son électorat aussi : les marinistes de 2012 ne sont pas les jean-maristes de 2002. Et la stratégie de la « transgression » permanente n’a démontré aucune efficacité électorale.

Le projet européen

Mael de Calan : C’est vrai : il existe à l’UMP une tentation néo-souverainiste qui se dope aux sondages. Ces derniers semblent montrer que l’Europe inquiète plutôt qu’elle ne rassure les Français. Ces néo-souverainistes veulent coller à l’opinion et cèdent à l’« euro-bashing ». C’est dangereux.

Parce que l’Europe est notre principal atout et notre principal bouclier dans la mondialisation, nous devons éviter toute ambiguïté sur le sujet. Oui, le couple franco-allemand doit être le pilier de notre diplomatie. Oui, l’Union européenne doit continuer à se réformer pour se renforcer et se défendre. Non, l’euroscepticisme qui n’a aucune cohérence et n’offre aucune perspective n’est pas une voie d’avenir pour la France.

L’UMP est un parti pro-européen, c’est dans son ADN et c’est une force. Face à un PS miné par ses divisions, qui a totalement abandonné l’Europe, les Français doivent savoir que le seul vote réellement pro-européen est le vote UMP. Et c’est parce que nous sommes viscéralement pro-européens que nous pouvons la critiquer lorsqu’elle dysfonctionne et dire sereinement que nous en attendons davantage : davantage d’audace, d’innovation et de protection

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