Immigration : Claude Guéant n'a rien inventé...<!-- --> | Atlantico.fr
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En 1990, Jacque Chirac appelait à la "fermeture rapide des frontières" et à la "suspension immédiate de l'immigration".
En 1990, Jacque Chirac appelait à la "fermeture rapide des frontières" et à la "suspension immédiate de l'immigration".
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Souvenirs, souvenirs

Le ministre de l'Intérieur a créé la polémique ce jeudi en annonçant son intention de réduire l'immigration légale. Un petit retour sur les années 1990 montre pourtant que de tels propos ne sont pas nouveau. Voilà ce que disaient à cette époque les principaux dirigeants du RPR et de l'UDF...

Matthieu Creux

Matthieu Creux

Matthieu Creux est blogueur politique sur Le Mal Pensant.

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Il y a 21 ans, du 28 mars au 1er avril 1990, Nicolas Sarkozy pour le RPR et Alain Madelin pour l'UDF organisaient les États généraux de l'Immigration à Villepinte. Les images d'archives disponibles ne trompent pas : on reconnait bien Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac, Michèle Alliot-Marie, Roselyne Bachelot, François Bayrou, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé… et même Eric Zemmour (à 1min58) !

A l'époque, tel un clin d'œil aux internautes d'aujourd'hui, le journal télévisé du 31 mars 1990 s'ouvrait sur les soulèvements populaires en Lituanie pour l'installation de la démocratie dans les pays nordiques.

A l'époque, Valéry Giscard d'Estaing proposait une vision "à la française" du traitement de la question de l'immigration : révision du code de la nationalité, limitation du droit d'asile et de regroupement des familles, reconduction rapide des clandestins à la frontière… Pour lui, tout en dénonçant le sentiment grandissant de la "francophobie", la France n'était pas, selon lui, un pays d'immigration et l'État devait tout faire pour maintenir une immigration zéro.

A l'époque, on reprochait déjà à la gauche de sacrifier le débat sur l'immigration par angélisme et d'en laisser le monopole au Front national.

Dans son discours, Jacques Chirac disait alors que la France ne pouvait être considérée "comme un simple espace géographique sur lequel plusieurs civilisations pourraient coexister". Il appelait à la "fermeture rapide des frontières" et à la "suspension immédiate de l'immigration".

A l'époque, on ne parlait pas des "sans-papiers", sorte de mot-clé inventé par les associations comme SOS Racisme pour insinuer que ces "sans-papiers" devaient en avoir. On ne parlait que des  "clandestins".

Le parti de Nicolas Sarkozy faisait publier un tract sur lequel on pouvait lire que devaient être "vigoureusement combattu l'accès aux soins médicaux et hospitaliers par des étrangers en situation irrégulière".

Le RPR remettait en cause les prestations sociales aux étrangers (principe de préférence nationale) et constatait  "la fécondité des étrangères très supérieure à celle des Françaises".

Clou du spectacle : "la lutte des races remplacera bientôt la lutte des classes". "L'importance numérique des enfants d'immigrés est trop forte dans certains secteurs géographiques".

Comme le souligne Arnaud Folch dans son article "Immigration : quand la droite était (très) à droite" dans Valeurs Actuelles (du 31 mars 2011), "alors que Jean-François Copé proposait à la fin 2010 des cours d'arabe et Fabienne Keller l'introduction de cours sur l'histoire de l'Afrique, la droite d'alors était sur une ligne 100 % inverse" en demandant que "les cours de langues et cultures des pays d'origine [soient] facultatifs et déplacés en dehors des horaires scolaires."

Au final, le moins qu'on puisse dire, c'est qu'expliquer toute la journée que la droite se droitise est franchement faux… En 20 ans, la translation intellectuelle et politique s'est plus faite de la droite vers la gauche, que de la droite vers l'extrême droite. Ce que disait le RPR il y a 15 ou 20 ans, c'est ce que dit le FN aujourd'hui. Et pas l'inverse !

Enfin, dans cette vidéo extraite du même journal télévisé, on s'amusera de voir que le Front national était déjà présenté comme un parti en quête de normalisation.

12 jours plus tôt, Jean-Marie Le Pen venait d'être condamné par la cour d'appel de Versailles pour ses propos révisionnistes où il avait affirmé que les chambres à gaz n'avaient pas existé pendant la Seconde Guerre mondiale et qu'il s'agissait d'un détail de l'Histoire. Et depuis, il a été à nouveau condamné plus d'une dizaine de fois pour des raisons similaires ou divers dérapages verbaux. Comme quoi, quoi qu'il dise ou quelle que soit la manière dont il cherche à paraitre aux yeux des Français, le Front national ne change pas… ni la vivacité du débat sur les questions d'immigration !

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