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Jeunes entreprises innovantes : 
aidons-les à grandir !
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Crise d'ado

Le semaine de l'industrie est l'occasion de réfléchir au financement des jeunes sociétés. Passé le cap de la création, les leviers pour développer l'activité en France sont trop rares et pas assez encouragés pour être efficaces. Il faut agir !

François Cazalas

François Cazalas

François Cazalas dirige la société Claranor, spécialisée dans la sécurité alimentaire et sanitaire. 

Il est l’auteur du livre « Diriger une entreprise innovante », aux Editions d’Organisation.

 

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En 2004, lorsque j’ai créé mon entreprise Claranor, j’ai reçu le soutien de la Région, du Réseau Entreprendre, du Conseil  général, de quelques amis "business angels" et même d’un banquier séduit par la technologie cleantech que nous développions. C’était l’étape de la création.

Franchir la "mer aux crocodiles"

Deux ans plus tard, j’ai abordé ce que les anglo-saxons appellent la "mer aux crocodiles". Ma société avait passé le stade de la création, obtenu sa première commande, livré son premier client, recruté ses premiers collaborateurs. J’entrais dans la zone de turbulences où la mortalité des entreprises est la plus forte. Ce qu’on appelle dans le jargon des financiers de l’innovation l’"equity gap", littéralement le "saut de capitaux". L’expression illustre le fait que trouver des investisseurs à cette étape de la croissance de l’entreprise est difficile.

De fait, j’ai eu du mal à lever les fonds (nous recherchions 1,5 million d’euros) pour financer notre croissance. Ce n’est pas du fait de l’absence d’investisseurs, mais plutôt de leur rareté. La rareté de l’offre de capitaux pour des montants d’investissement situés entre 300 000 euros et 1,5 million d’euros face à la demande constituée par les entreprises innovantes avec 2 ou 3 ans d’existence explique la difficulté à lever des capitaux. Sans le concours de circonstances dont a bénéficié notre entreprise (un banquier extraordinairement patient et un investisseur providentiel qui a fait le bridge en attendant les capitaux en provenance des fonds d’amorçage), nous aurions déposé le bilan.

La même situation vécue quatre ans plus tard aurait-elle été fatale à mon entreprise ? Je le crois volontiers du fait de la raréfaction progressive mais certaine des capitaux dont ont besoin les entrepreneurs dans l’innovation.


Des fonds de placement trop peu rentables


L’offre de capitaux disponibles pour financer l’equity gap s’amenuise d’année en année. Et les dispositifs d’abondement public dans la proportion de 1 pour 1 des capitaux privés investis dans l’equity gap, bien que maintenus par l’Etat et les collectivités, ne peuvent être utilisés, faute de capitaux privés disponibles pour assurer le 1 pour 1.

Si les "business angels" ont gagné en organisation et en efficacité (on compte plus de 4 000 "business angels" en France réunis au sein de 80 clubs), ce ne sont pas eux qui financent l’equity gap. Ils interviennent avant.

L’equity gap est financé essentiellement par les FIP (Fonds d’Investissement de Proximité), les holdings loi TEPA, les FCPI (Fonds Communs de Placement Innovation) et les FCPR (Fonds Communs de Placement à Risques). A l’exception des FCPR qui ne sont pas des placements fiscalement aidés, les trois autres catégories de véhicules dépendent de la fiscalité. Or, ces fonds ont vu leur collecte diminuer très significativement l’an dernier. La cause principale de ce recul n’est pourtant pas la fiscalité, mais l’observation des taux de rendement interne de ces trois catégories de fonds. Il est connu maintenant, et il est négatif (-2,7 %) sur base du recensement effectué à fin 2009.


Alors, que faire ?


La solution est dans les moyens que l’Etat se donnera à la fois pour maintenir l’avantage fiscal associé aux placements dans l’innovation et pour abonder avec de l’argent public les quatre catégories de véhicules mentionnés plus haut. Cette stratégie d’abondement se heurte aux dispositions communautaires qui limitent strictement le niveau d’abondement à la règle du 1 pour 1 (1 euro public pour 1 euro privé) . Pourtant, l’enjeu est de taille. Il ne faut pas s’en laisser distraire. Ne pas financer l’equity gap, c’est en effet mettre en péril toute la chaîne du financement de l’innovation. Où s’investiront en effet les fonds levés par les "capitaux risqueurs" et les "capitaux développeurs" si nos entreprises ne sont plus en situation de traverser la « mer aux crocodiles » de l’equity gap ?

Les Américains ont compris les enjeux de ce financement. Le plan "Start-Up America" a été rendu public sur le site de la Maison Blanche le 31 janvier dernier. Le gouvernement fédéral des Etats-Unis va investir 10 milliards de dollars sur 5 ans. Il a sollicité la contribution financière des grands industriels en abondement de son propre investissement. Il a aussi décidé de proroger les dispositions fiscales au bénéfice des investisseurs privés qui financent l’innovation et d’organiser un coaching systématique de leurs entrepreneurs dans l’innovation.

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