La récession risque-t-elle de faire repartir les taux sur la dette française dans une tempête à la grecque ? <!-- --> | Atlantico.fr
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La France est officiellement entrée en récession au premier trimestre 2013.
La France est officiellement entrée en récession au premier trimestre 2013.
©Reuters

C'est calme, trop calme...

Avec une contraction de l'activité du PIB de 0,2% au premier trimestre 2013 et le décrochage de l'hexagone par rapport à l'Allemagne, les investisseurs pourraient bien commencer à s'inquiéter, voire à paniquer, du sort futur de la dette française.

Andrea Tuéni

Andrea Tuéni

Diplômé du Master en Finance de marché de Sup de Co Reims, Andrea Tuéni rejoint Saxo Banque en tant que Sales Trader il y a 2 ans.

Ce spécialiste des devises et matières premières est rapidement devenu un analyste reconnu par les médias financiers de référence (BFM, Reuters, Le Figaro,…) et participe au rayonnement de l’activité du département de Sales Trading de Saxo Banque France.

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Atlantico : La France est officiellement entrée en récession au premier trimestre 2013 avec une contraction du PIB de 0,2%. Alors que les taux auxquels s'endette la France sur les marchés sont au plus bas (1,704% pour les OAT à 10ans), va t-elle continuer a profiter d'une telle situation ou la récession peut-elle inverser la tendance ?

Andréa Tuéni : La situation économique de la France apparaît fragile depuis un certain temps maintenant. Le spectre de la récession plane sur nos épaules depuis au moins un an. En d’autres termes, la situation n’est pas nouvelle et les marchés ne réagissent d’ailleurs pas vraiment à cette annonce du PIBLe taux à 10 ans est récemment tombé à 1,696%, enregistrant ainsi un nouveau "plus bas" historique et démontrant par là même que son évolution se fait en sens inverse des indicateurs macro-économiques pour le moins moroses.

Dès lors, comment expliquer que les taux se maintiennent à un niveau exceptionnellement bas ? Plusieurs éléments peuvent venir justifier un tel phénomène et notamment :

  • Les attentes des investisseurs en termes de politique monétaire. En effet, la crise touchant de plus en plus le noyau dur de l’Europe (France, Allemagne), la BCE (la Banque centrale européenne, ndlr) se doit de réagir et c’est ce qu’elle a fait dans un premier temps en abaissant son principal taux directeur à 0,5% (nouveau plus bas historique). En effet, l’injection massive de liquidité, terrain sur lequel s’engage les banques centrales depuis le début de la crise, permet de maintenir artificiellement les taux des obligations à des niveaux faibles. Les attentes de plus en plus fortes quant à un accroissement de la politique de soutien de la BCE devraient soutenir la tendance actuelle. Aux Etats-Unis, le schéma est simple, la FED (la banque centrale américaine, ndlr) intervient à hauteur de 40 milliards de dollars par mois pour maintenir les taux à des niveaux artificiellement bas.

  • On observe également un intérêt grandissant d’investisseurs étrangers et notamment japonais. En effet, la politique agressive mise en place par la Banque du Japon a un effet négatif sur les taux des obligations japonaises ce qui incite les investisseurs à s’en détourner au profit de rendements plus attractifs. La dette française en est donc un bénéficiaire.

Même si à court-terme, la situation devrait rester globalement stable pour les raisons évoquées plus haut, on peut s’interroger sur la formation d’une bulle et le risque d’éclatement de cette bulle. En effet, la décorrélation évidente du marché obligataire par rapport à la réalité économique peut faire craindre un ajustement plus ou moins brutal à moyen-long terme. Cet ajustement pourrait être précipité en cas de changement de cap de la part des banques centrales. A court terme, un changement de politique de la FED est plus à craindre qu’un changement de la BCE. Les récents bons chiffres sur l’emploi américain ont d’ailleurs ravivé les spéculations. Dans ce contexte incertain autour des politiques des banques centrales, l’inflation est une variable incontournable. Pour l’instant, les niveaux d’inflation sont faibles et ne menacent pas l’action des banques centrales. Cependant, une hausse brusque de l’inflation pourrait tout bouleverser.

Pour conclure, la menace pour le marché obligataire se situe vraiment au niveau de l’action des banques centrales, du niveau de l’inflation voire d’une prise de conscience des marchés sur le paradoxe actuel du marché obligataire.

Quelles seraient les conséquences d'une hausse des taux d'intérêt obligataires français ? Le modèle social français pourrait-il y résister ?

Un éclatement de la bulle qui semble se former sur le marché obligataire et donc une hausse brutale des taux en France aurait des conséquences dramatiques. Dans un contexte où les gouvernements doivent mettre tout en œuvre afin de réduire leurs déficits, une hausse des taux aurait pour conséquence d’aggraver la situation et de faire grimper le coût de la dette. La France serait dans une situation délicate avec une dette étouffante, une récession avérée.

La difficulté avec laquelle la France essaie actuellement de réduire son déficit avec des taux pourtant bas laisse imaginer la situation encore plus délicate dans laquelle se trouverait le gouvernement dans le cas d’une hausse des taux significative.

Le risque donc pour la France serait d’être attaquée sur les marchés, rendant donc sa dette insurmontable et placerait ainsi le pays en faillite. Il sera alors temps de regretter les politiques structurelles que les gouvernements préfèrent jusqu’à présent contourner.

L'état de santé des économies allemande et française montrent un décrochage de l'hexagone vis-à-vis de son partenaire. Les investisseurs continuent-ils de considérer que la France est dans la même catégorie que l'Allemagne, ou est-elle devenue un pays du Sud de l'Europe ? Quelles conséquences pour la dette française ?

La France n’a jamais vraiment été considérée comme étant au même niveau de l’Allemagne. En effet, l’Allemagne, à la grande différence de la France, a déjà opéré les mesures structurelles sous l’ère Schröder qui permettent à son économie de résister aux tempêtes que traverse l’Europe. Aujourd’hui, la situation économique de la France est critique : chômage en hausse constante, déficit public alarmant, compétitivité en berne etc…

Certains économistes estiment même que la France répond, selon certains critères, à la définition d’une économie périphérique.

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