Mais qui Cannes fait-il donc rêver hormis ceux qui s'y rendent en notes de frais ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le 66e Festival de Cannes a débuté.
Le 66e Festival de Cannes a débuté.
©Reuters

Microcosme

Aujourd'hui débute le 66e Festival de Cannes. C'est bien. Mais tout le monde s'en fout.

Antoine Bueno

Antoine Bueno

Antoine Bueno est écrivain et chargé de mission au Sénat. Il se produit aussi dans son seul en scène, "Antoine Bueno, l'Espoir".

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A titre personnel, le Festival de Cannes m'a toujours profondément horripilé. 

Pour deux raisons : déjà, pour la cérémonie en soi. Et la seconde, parce que moi-même je ne suis pas invité. Peut-être que la seconde raison détermine la première, et que si j'avais été un invité de cette petite sauterie, ma vision aurait été tout autre, quoique le doute subsiste.

Le Festival de Cannes produit sur moi la même exaspération que les chroniqueurs mondains qui nous parlent des têtes couronnées. Ce n'est, finalement, rien de plus que le petit peuple à la vie banale qui regarde les fastes et les paillettes devant son écran de télévision. Ce petit peuple qui s'extasie devant la robe de la dernière petite actrice à la mode, et la manière dont elle gravira les marches après avoir trébuché ou non sur le tapis rouge. Tout cela étant passionnant, et surtout, ayant un lien direct avec le cinéma... Pas sûr que cela lui rende service. 

Cette mascarade est bien évidemment abominable : il faudrait d'ailleurs songer à s'en débarasser.  Il faut être vu, faire partie de ce petit monde-là. Et ne pas y être, c'est tout simplement ne pas exister. Mais nous devons nous rendre à l'évidence : nous avons les valeurs que notre société mérite. A partir du moment où l'on érige en modèle, où l'on nous dit que ce qui est enviable au sein de notre société n'est rien d'autre qu' un microcosme d'acteurs, nous ne pouvons nous en prendre qu'à nous-mêmes. Le Festival de Cannes relate simplement l' inversion des valeurs de notre société.

Cependant il faut nuancer un peu : distinguer le fond, le palmarès, de la forme, la foire : le fait qu'un filme soit primé à Cannes va donner une orientation au spectateur sur la qualité du film. On peut s'appuyer, en général, sur le jugement qui est rendu - quoiqu'on puisse en douter quelquefois, comme l'année où Entre les murs de Laurent Cantet a été primé au détriment de Valse avec Bachir de Ari Folman qui était un chef-d'oeuvre absolu. 

Il ne faut pas donc regarder le Festival de Cannes dans les médias mais davantage les films primés à Cannes, notamment dans certaines catégories comme celle d' "Un Certain Regard" qui permet souvent de découvrir des films puissants. Mais bien entendu, encore faut-il être dans les bons réseaux pour être sélectionné. Le Festival de Cannes est en réalité coincé. Coincé entre le petit milieu du cinéma qui s'adresse à des spécialistes et qui se récompense lui-même, et la volonté d'être un tremplin pour des films qui deviennent des succès légitimes qu'ils n'auraient pas pu connaître sans être primés. Espérons d'ailleurs que la Palme d'Or puisse récompenser cette année un film de qualité - contrairement aux années précédentes, notamment le désastreux "Amour" Haeneke l'année dernière...

Donc non, je ne regarderai pas le défilé du Festival de Cannes cette année. Tout comme je ne regarde pas les cérémonies des têtes couronnées.

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