Démocratie participative : avenir de la science<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Démocratie participative : 
avenir de la science
©

Citoyenneté scientifique

Référendum sur le nucléaire après le drame de Fukushima, motion du conseil municipal de Strasbourg appelant à l'arrêt de la centrale de Fessenheim... Et si l’avenir de la science passait par une démocratie éclairée ? Et si insérer les citoyens dans les choix et les décisions scientifiques était une nécessité pour l’avenir de la planète, aussi bien d’un point de vue démocratique que d’un point de vue scientifique ?

Jacques Testart

Jacques Testart

Jacques Testart est biologiste.

Agronome et biologiste de formation, il est directeur de recherche honoraire à l'INSERM et co-concepteur de la fécondation in-vitro.

Il est notamment l'auteur de "Labo-planète" : Ou comment 2030 se prépare sans les citoyens (Fayard/Mille et une nuit, 2011).

Voir la bio »

Dans un monde de plus en plus technologique, le citoyen ne peut rester un simple consommateur d’innovations, sans droit de regard sur des pratiques imposées qui ruinent la planète et fortifient l’aliénation au productivisme sans limite. Au delà du nécessaire contrôle sur les recherches scientifiques déjà entreprises, il faut instaurer, au nom de la démocratie mais aussi de l’avenir de la planète, un droit d’accès à la science en train de se faire.

L’incompétence des citoyens en matière scientifique : une idée fausse

Quand on parle de démocratie en ces domaines souvent complexes, la réaction fréquente des producteurs de techno-science (chercheurs, industriels, etc) mais aussi de beaucoup de personnes-cibles du « progrès », est de proclamer l’incompétence du citoyen ordinaire pour contribuer aux orientations et aux développements scientifiques.

Cette assertion est pourtant contredite par l’irruption d’un « tiers secteur » de la connaissance qui prend sa place dans la création comme dans la décision sans y avoir été invité, et y réussit fort bien : associations de malades collaborant avec les médecins, contributeurs à Wikipédia, paysans sélectionneurs de variétés, créateurs de logiciels libres, etc. S’il ne s’agit plus de construire ainsi des biens communs mais « seulement » de porter un avis sur des projets technologiques ou des innovations, la pertinence des choix pourrait être généralisée à toute la population, pourvu que les outils nécessaires à la décision (et en particulier des informations complètes et variées) soient disponibles dans les meilleures conditions en vue de choix complètement éclairés.

Le bilan de dizaines de conférencesdecitoyens dans le monde depuis vingt ans démontre que toute personne peut se comporter, au moins durant le temps de ce processus, en citoyen intelligent, responsable et altruiste. Que rêver de mieux ?... C’est pour assurer l’objectivité de telles procédures que la Fondation sciences citoyennes a codifié les conditions optimales de réalisation de « conventions de citoyens », outil dédié au choix éclairé et non partisan sans lequel il n’est pas de véritable démocratie [1].

De la démocratie élective à la démocratie participative

Postuler la compétence de n’importe quel volontaire tiré au sort pour contribuer à des choix scientifiques pertinents n’est pas une position démagogique. Elle ne nie pas l’aliénation ordinaire chez le consommateur « à l’état brut », celui dont les marchands de nouveautés et les amuseurs qui leur sont inféodés lavent le cerveau à plein temps.

Le moyen de la démocratie véritable est de révéler le citoyen qui sommeille en chaque gogo, même chez le beauf satisfait ou le petit-bourgeois ridicule. C’est possible ! Et d’un tel potentiel révolutionnaire que les politiques se gardent bien de légaliser ces procédures, leur préférant le défouloir sans conséquences des « débats publics » et autres « concertations citoyennes ». Le protocole démocratique actuel, construit sur l’élection de guides à tout faire pour une période convenue, entretient surtout l’anesthésie de ceux qui pourraient (devraient) résister à chaque nouvelle nuisance imposée.

Ce que révèlent les rares parenthèses où des gens ordinaires sont mis en mesure de devenir eux-mêmes, comme il arrive lors de mouvements sociaux importants ou à l’occasion de la tenue de conventions de citoyens, c’est l’énorme gâchis d’humanité qui constitue le lot quotidien des habitants de la Terre. Il faut prendre conscience de ce crime systémique qui permet l’hégémonie durable des élites proclamées car les êtres humains valent beaucoup mieux que demeurer seulement des électeurs !


[1] . http://sciencescitoyennes.org/spip.php?rubrique124

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !