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Le sursis accordé par Bruxelles à la France favorise la poursuite du déclin
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Editorial

La Commission de Bruxelles a donné un sursis à la France, jusqu'en 2015, pour ramener son déficit sous les 3%.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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François Hollande exulte. Contrairement à toute attente, la Commission de Bruxelles vient de combler ses vœux au-delà de ce qu’il pouvait espérer. Non seulement elle n’évoque plus une date pour le retour à l’équilibre des comptes publics, mais elle lui accorde un sursis de deux ans pour ramener le déficit budgétaire à 3%, moyennant l’engagement d’ un programme de réformes de structures.

Pierre Moscovici a fait éclater sa joie en proclamant :"l’austérité est finie", alors qu’elle n’a pas commencé et qu’elle serait plutôt devant nous si le gouvernement exécutait les demandes de Bruxelles au pied de la lettre. "Elle ne doit pas constituer une incitation au relâchement et à la paresse", a ajouté le ministre de l’économie.

C’est pourtant bien ce qui risque de se produire. On ne  change pas des habitudes qui perdurent pratiquement depuis deux générations dans un pays drogué à la dette. Si les Français reconnaissent la nécessité des réformes, c’est toujours pour les autres qu’ils les envisagent, et à condition qu’elles ne remettent pas en cause les privilèges si minimes soient-ils dont ils peuvent bénéficier.

Comme à l’accoutumée, François Hollande tient des propos ambigus. Il insiste sur les mesures prises au cours de la première année de son quinquennat, et attend d’en évaluer les effets d’ici la fin de l’année comme si l’essentiel du travail de redressement du pays était déjà accompli. Les Allemands ne sont pas dupes. Ils ne veulent pas envenimer les relations entre les deux pays au moment où leur économie donne des signes de reprise. Mais ils ne croient pas à la capacité de la France à se convertir à la rigueur. Car il manque toujours l’essentiel, le cap, pour mobiliser les énergies.

François Hollande est un  navigateur sans boussole, qui évolue au gré des vents sans avoir une direction assurée. Ainsi, le livre blanc sur la défense qui vient d’être publié se garde bien de décrire l’armée française de demain, au point que certains militaires se demandent si la France aura encore une armée pour assurer son indépendance compte tenu des coupes claires effectuées dans le budget.

Le silence sur les mesures à prendre demeure assourdissant. Tout le monde sait pourtant ce qu’il faut faire : depuis des années, les rapports s’empilent  les uns sur les autres dans une monotonie inquiétante, car jamais n’apparaît une véritable volonté d’agir. Le laxisme de Bruxelles ne peut que conforter les lobbies dans leur politique de refus du changement en continuant de s’arcbouter sur leurs privilèges. Ce n’est pas demain que l’on trouvera plus facilement des taxis dans Paris, que l’on paiera les lunettes moins cher, ou que l’on perdra notre statut de champion du nombre des collectivités locales

L’Etat se contentera de mesures symboliques. Il renouvellera l’expérience Jospin de 2002 en vendant quelques paquets d’actions qu’il détient dans de grandes sociétés cotées. Mais la simple annonce de ce désengagement très partiel a suffi à faire baisser leurs cours de Bourse, témoignant qu’il ne s’agit pas de la meilleure méthode pour trouver de l’argent. Au lieu d’attaquer de front les problèmes, François Hollande joue la montre dans tous les domaines. Le syndrome du mois de mai a été évité grâce au nombre élevé de jours de congé. L’été arrive avec les vacances. Le remaniement ministériel amuse la galerie politicienne, vise à faire croire à une autorité retrouvée du Président, même si celui-ci a précisé qu’aucune date n’était retenue pour l’instant. La palabre va continuer à dominer l’action politique, en confondant le verbe et l’action. François Hollande réclame sans cesse du temps, mais c’est pour mieux le perdre et non l’utiliser à regagner la confiance d’un peuple de plus en plus désenchanté et tenté par le repli sur soi faute de trouver auprès des dirigeants la  moindre marque d’intérêt pour ses problèmes. Et le laissez aller va se poursuivre sur la lente mais irrésistible voie du déclin.

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