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« Si on ne gagne pas cette fois, 
on est vraiment nuls !»
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Editorial

Pas de révolution mais une volonté d’efficacité. Les socialistes qui viennent de présenter leur programme n’ont que faire des critiques sur leur manque d’inventivité, tout à leur bonheur d’avoir réussi à faire œuvre commune en évitant les heurts entre candidats aux primaires.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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« Redresser, changer, rassembler » .De Benoit Hamon à Laurent Fabius, les dirigeants du  PS répètent inlassablement  leur nouveau slogan, pour promouvoir le projet  présidentiel du Parti. Sobrement intitulé « le Changement », il  est le fruit de trois  Conventions consacrées successivement à l’Economie,  à l’Egalité réelle, et aux Institutions, et il sera définitivement entériné par le Parti à l’occasion d’un Conseil National  samedi prochain.

Aucune proposition nouvelle au caractère flamboyant : le texte a d’emblée déçu ceux qui rêvent ou font mine de rêver à un nouveau  Grand Soir. Jean Luc Mélenchon et l’Extrême-Gauche  le raillent : pour le Président du Parti de Gauche, ce projet n’est « ni réaliste, ni socialiste ». En ligne de mire notamment  la proposition  de baisser l’impôt sur les sociétés de 33 à 30% pour les entreprises qui réinvestissent leurs bénéfices. Quant à la Droite, elle se retrouve  pour se gausser d’un programme  qualifié de «ringard», « dogmatique »  et de « machine à recycler les vieilles  idées du jospinisme … ». Est  visé le projet de  création de  « 300.000 emplois d’avenir  dans les secteurs de l’innovation  environnementale et sociale », qui ressembleraient à s’y méprendre aux emplois jeunes de l’ère Jospin.

Un programme qui ne fait pas rêver ?

Des propositions qui ne font pas rêver ? Un catalogue de «  déjà vu »? Peut-être. Mais le plus grand mérite du programme n’est pas nécessairement dans ce qu’on peut y lire.

Certains pensent même que les réactions suscitées sont plutôt bon signe en montrant que les socialistes ont atteint  le point d’équilibre qui les place au centre.  Et qu’avec la crise, ils sont devenus réalistes voire raisonnables. Ils prennent la calculette avant de promettre et concèdent que « tout ne pourra pas être fait tout de suite ».

Jérome Cahuzac, le président (socialiste) de la Commission des Finances de l’Assemblée - qui n’est pas l’un des co-auteurs du projet-  a annoncé la couleur : il y aura forcément augmentation de la pression fiscale, ne serait-ce qu’à travers la suppression des avantages consentis par Nicolas Sarkozy tels que la suppression de la taxation des heures supplémentaires. Et cette pression ne pèsera pas seulement sur les « plus riches » pour reprendre le terme générique. Car les Socialistes promettent aussi de réduire les déficits, même s’ils remettent en cause le délai prévu de 2013 pour y parvenir. Quant à la réforme fiscale qui préconise la fusion entre l’impôt sur le revenu et la CSG, autrement dit une rationalisation des services fiscaux, elle suppose une réorganisation des services  en question et des négociations avec les syndicats concernés.

Les experts pourront se pencher sur ces points là en temps voulu, pour l’heure les dirigeants du PS  sont tout à leur bonheur d’avoir réussi le tour de force de bâtir ce projet ensemble.

Porté par quel candidat ?

Même si Ségolène Royal a rappelé que chaque candidat conservait sa liberté pour établir des priorités, aucune voix discordante ne s’est élevée chez les candidats aux primaires. Arnaud Montebourg, assez critique par ailleurs sur les stratégies du parti, approuve le texte. « Chaque candidat a sa personnalité, son mode d'expression, et peut aller plus loin dans certains domaines, mettre l'accent de manière prioritaire sur d'autres », a rappelé Martine Aubry.  Mais on n’a entendu aucune  critique sur le fond ! Et pour cause : les candidats aux primaires ont été associés à  l’élaboration du  projet et  se réunissaient très régulièrement  en Conseil Politique au siège du PS, rue de Solférino sous la houlette de Martine Aubry. Dominique Strauss-Kahn  étant  « empêché » par ses fonctions au FMI, il était constamment représenté par  Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis.

Libre donc  à celui qui sera désigné  en octobre de hiérarchiser les priorités, ou d’y apporter  sa patte avec une idée personnelle. Si  la cheville ouvrière du texte s’appelle Guillaume Bachelay, un jeune normalien proche de Laurent  Fabius promis à un bel avenir, pour l’heure c’est avant tout la première  secrétaire  qui récolte les fruits de ce travail. Et elle ne boudait pas son plaisir lors de la présentation officielle du projet.

Cherchera-t-elle à transformer l’essai ? Son lapsus sur sa possible candidature (« je vous le dirai quand je serai candidate »)a échauffé les esprits. Ceux qui poussent Martine Aubry à se présenter rongent leur frein puisqu’elle leur a demandé de ne plus bouger. Et ceux qui sont persuadés que DSK ira, croient au contraire que si elle se lâche, c’est parce qu’elle  est « détendue, qu’elle n’a plus la pression parce qu’elle sait qu’elle n’ira pas ». La réalité est sans doute plus compliquée. Comment choisir celui qui «parait le mieux placé » des deux? Il est sans doute frustrant de «faire le job»et de ne pas en récolter les fruits, même en récupérant forcément à terme une (grosse) part (grosse) de gâteau !

Mais si les uns estiment que les Socialistes ne peuvent pas se payer le luxe de se déchirer parce que «la victoire est à portée de main» et que  la pression de leurs électeurs est  très forte pour qu’ils restent unis, les autres reconnaissent que la possibilité de division demeure, que les négociations de l’ alliance avec les Ecologistes seront compliquées, notamment à propos du nucléaire, et concluent à l’instar de Laurent Fabius «Si on ne gagne pas cette fois , on est vraiment nuls !» Comme si l’ancien Premier Ministre redoutait que les socialistes partagent en fait avec Nicolas Sarkozy la caractéristique d’être eux-mêmes leurs pires ennemis…

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