Cahuzac veut se représenter à la mairie de Villeneuve-sur-Lot : les électeurs sont-ils prêts à (re)voter pour des "repentis" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jérôme Cahuzac ne semble pas avoir totalement renoncé à sa carrière politique.
Jérôme Cahuzac ne semble pas avoir totalement renoncé à sa carrière politique.
©Reuters

Comeback

Après le déclenchement de l'affaire qui porte son nom, Jérôme Cahuzac a quitté son poste de ministre et a délaissé son siège à l'Assemblée nationale. Mais il ne semble pas avoir totalement renoncé à sa carrière politique.

Philippe Tesson

Philippe Tesson

Journaliste, fondateur et directeur du Quotidien de Paris de 1974 à 1994.

Chroniqueur habitué des studios de radio et des plateaux de télévision.

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Atlantico: Comment expliquer que les Français réaccordent leur suffrages, donc leur confiance à des personnages politiques  « repentis ». Sont-ils plus attachés à l’efficacité de leurs élus qu’à leur honnêteté ?

Philippe Tesson: Tous les sondages que j’ai vu sur cette question vont dans ce sens. Ils prouvent que ce que l’ont appelle la probité compte moins dans l’esprit des électeurs que l’efficacité de leurs élus. Certes ceux-ci retiennent la faute, la dénoncent, mais ils réclament avant tout une certaine efficacité plus qu’une morale républicaine irréprochable. On peut le comprendre mais c’est peut-être une erreur de François Hollande d’avoir tellement insisté durant sa campagne sur le thème de la république irréprochable. Qui plus est cette proposition n’a pas fait un triomphe dans l’opinion. La morale est en réalité un discours obligatoire. On remarque que ça été le thème favori de François Bayrou et ça ne lui a pas porté chance.

Il est évident que plus un candidat au pouvoir a la possibilité d’exercer ce pouvoir, plus les chemins qui mènent au pouvoir sont longs, plus les pouvoirs s’accroissent, et plus l’impression d’immunité est forte. On s’habitue au pouvoir et ce phénomène favorise un certain laxisme vis-à-vis de la morale. Il est évident que la moralisation de la vie politique induit la limitation du cumul des mandats.

En ce qui concerne Jérôme Cahuzac, c’est ce que l’ont pourrait appeler un cas psychiatrique car le déni de réalité dont il a fait preuve est absolument énorme. Il apparait qu’il y a chez lui une forme de sincérité. Il ne se rend pas compte de l’énormité de la faute qu’il a commise. D’autre part, il y a de sa part non seulement un déni mais il y a également un mensonge de sa part.

Je doute que Jérôme Cahuzac aille au bout de sa démarche, même si j’imagine que nombre de ces anciens électeurs du Lot-et-Garonne seraient prêts à lui accorder leurs suffrages une nouvelle fois. Car à l’échelle locale, le lien qui lie un député à ses électeurs ressemble presque à de l’intimité. Il est vrai que Cahuzac n’a pas commis de faute. Il a sans doute bien administré la commune de Villeneuve, ainsi que sa circonscription mais aussitôt que l’on élargit le problème à la dimension morale on ne comprend plus.

Jérôme Cahuzac est-il définitivement mort en politique ou conserve-t-il une chance de retour à la vie politique?

On a coutume de dire que les électeurs n’ont pas une mémoire totale des méfaits de leurs élus. C’est un peu vrai. On a connu des rachats même si la possibilité de rachat est proportionnel à la lourdeur de la peine promulguée par la Justice. Mr Carignon qui a été lourdement condamné est par exemple en voie de rentrer dans le jeu politique. Gérard Longuet à réussi ce retour également.

L’Homme a une mémoire sélective. Il faut vraiment que le crime soit énorme, impardonnable, pour faire une croix définitive sur une carrière politique. Je n’exclue pas qu’il puisse opérer un retour mais il nécessitera d’attendre de très nombreuses années. On vit dans un siècle où l’irrationnel et l’émotionnel jouent une très grande place et par définition l’émotionnel est un sentiment éphémère donc je n’exclue pas que le mensonge de Jérôme Cahuzac soit rapidement dilué. J’ai connu les scandales de la IVème république comme ceux de la Vème et j’ai en mémoire des surprises qui ont vu revenir au pouvoir des personnages qui avait pourtant commis sinon des crimes en tout cas des fautes graves.

Propos recueillis par Nicolas Hanin

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