Forêt, vin, chevaux... Ces solutions atypiques pour faire fructifier son argent<!-- --> | Atlantico.fr
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Certaines sociétés proposent d'investir dans des pur-sang pour quelques milliers d'euros.
Certaines sociétés proposent d'investir dans des pur-sang pour quelques milliers d'euros.
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Bonnes feuilles

Faire face à un imprévu, acheter une maison, souscrire à un plan d'épargne... La vie est jalonnée de décisions financières aussi cruciales que délicates. Pascale Micoleau-Marcel vous guide dans vos choix et vos démarches. Extrait de "Bien gérer son argent pour les nuls" (2/2).

Pascale  Micoleau-Marcel

Pascale Micoleau-Marcel

Pascale Micoleau-Marcel est diplômée de Sciences-Po Paris, de l’université Paris 1 et de l’American University de Washington DC. Elle a passé plus de dix ans à l’Autorité des marchés financiers, le « gendarme de la bourse », avant de prendre la direction de l’Institut pour l’Education Financière du Public (IEFP).

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Pour ceux qui veulent sortir des sentiers battus, lassés des livrets d’épargne, des actions et autres produits de placement, il existe des solutions atypiques, voire pour certaines très insolites, de faire fructifier son argent… Mais attention ! La plupart exigent bien souvent un capital important, une sérieuse connaissance du sujet et des nerfs bien accrochés… Car pour certains investissements, on peut perdre jusqu’à 400 fois sa mise. Pour d’autres il s’agit souvent d’une passion, ou d’un héritage familial. Tous ces investissements insolites exigent d’avoir du temps à y consacrer.

Warrants et options, pour les « super pros »

Un warrant est un produit boursier à effet de levier qui permet à l’investisseur d’amplifier les variations d’un actif à la hausse comme à la baisse tout en étant sensible à la volatilité et à la valeur temps. Warrants et options appartiennent à la même famille et fonctionnent de la même façon sur le plan de la mécanique financière. L’actif sous-jacent peut être une action, un indice boursier, une obligation, une devise, une matière première, etc. Le langage lui-même est complexe : on parle de call pour une option d’achat et de put pour une option de vente : un call warrant sur actions donne à son acquéreur le droit (et non l’obligation) d’acheter lesdites actions à un prix d’exercice convenu à l’avance. Si le sous-jacent du call dépasse le prix d’exercice, ou si le sous-jacent du put baisse en dessous du prix d’exercice, on est gagnant et on demande à exercer son droit d’achat (call) ou de vente (put)

– on parle d’« exercice » du warrant ou de l’option. Dans le cas contraire, le produit n’a plus aucune valeur à l’échéance et son acquéreur l’abandonne en perdant le prix qu’il a payé pour l’acquérir, appelé prime. L’utilisation des warrants et des options est rendue difficile par le fait que, si l’évolution de leur cours est bien sûr liée à celle du sous-jacent, d’autres facteurs ont une influence marquée, qu’il n’est pas forcément facile d’appréhender. Ainsi warrants et options perdent-ils de la valeur à l’approche de leur date d’échéance. Ils sont également sensibles à la volatilité, qui en renchérit le coût. Depuis la mise en place de la directive européenne sur les instruments financiers (novembre 2007), lorsque vous souhaitez investir dans des produits que la directive qualifie de « complexes » (warrants, dérivés, certificats), votre intermédiaire financier doit évaluer le caractère approprié de cet investissement pour vous, c’est-à-dire vérifier, par un questionnaire, que vous possédez le niveau d’expérience et de connaissance pour mesurer les risques du produit concerné.

Le Forex

Le Forex est le marché des changes (FOReign EXchange en anglais, marché des devises). C’est un marché de gré à gré, c’est-à-dire non réglementé, où les échanges se font directement entre le vendeur et l’acheteur. L’investisseur achète ou vend une devise en échange d’une autre dans l’espoir de faire un profit quand la valeur de cette devise évolue en sa faveur. Les échanges de devises sur ce marché reposent sur des instruments financiers hautement spéculatifs. Ils permettent d’engranger des profits, mais aussi des pertes pouvant être supérieures aux sommes investies, par un effet dit « de levier ». Vous pariez sur un montant qui est un multiple de votre mise initiale. Ce multiple, ou levier, peut être de 50 par exemple mais il peut aller parfois jusqu’à 400. Il multiplie aussi bien les gains que les pertes en fonction de l’évolution du marché. Un exemple : vous investissez 100 €, avec un effet de levier de 400, ce qui n’est pas rare. Si la valeur perd 10 %, c’est        4 000 € que vous perdez. Beaucoup plus que les 100 € investis au départ. Attention aux publicités qui fleurissent sur Internet. On vous fait miroiter des gains faciles. Bien souvent, ce sont des organismes non habilités à commercialiser ces produits qui ne vous vendent pas directement des produits d’ailleurs mais vous font croire que vous pourrez vous former en quelques leçons sur la Toile. Avant de souscrire à ces offres, vérifiez à qui vous avez affaire et vérifiez notamment si l’intermédiaire est agréé par l’Autorité des marchés financiers ou l’Autorité de contrôle prudentiel.

Les CFD, pour parier sur le futur…

Le contrat de différence ou CFD (pour contrat for difference) est un produit dérivé qui a fait son apparition dans les années 1990 et qui, comme le Forex, jouit d’une grande publicité sur Internet depuis quelque temps. Le CFD est un contrat conclu entre deux parties, un « acheteur » et un « vendeur ». Il stipule que l’une des parties devra payer à l’autre la différence entre le prix du sous-jacent à une date donnée (fixée dans le contrat) et son prix le jour où le contrat est passé. L’acheteur espère une hausse de la valeur du sousjacent alors que le vendeur mise sur une baisse. Il se négocie de gré à gré, c’est-à-dire en dehors d’un marché réglementé et son fonctionnement ressemble beaucoup à celui d’un contrat à terme ; en effet il s’agit de miser sur la variation de prix d’un actif financier (action, taux d’intérêt, indice…) et d’empocher (ou de perdre !) la différence de prix du sous-jacent entre le jour de la mise et celui du dénouement. Il s’agit donc de spéculer sur les fluctuations de prix d’un actif sans avoir à l’acquérir ou à le vendre au comptant. Les CFD sont autorisés dans beaucoup de pays, notamment en France, en Allemagne, en Italie, au Royaume-Uni, au Canada et au Japon mais ne le sont pas aux États-Unis où la SEC, le régulateur des marchés financiers, a décidé d’imposer des restrictions sur certains produits dérivés.

Comme la plupart des produits dérivés, les CFD sont des produits complexes. En raison d’un effet de levier considérable, ils peuvent entraîner pour l’une des parties une perte supérieure au coût de la transaction. Si vous pariez qu’une action passera de 100 € à 110 € en étant acheteur d’un CFD, il vous sera demandé de verser 10 € de dépôt. Mais si l’action perd 20 €, vous devrez payer 20 € au vendeur à échéance et vous perdrez donc deux fois votre mise initiale !

FIP, FCPI, et le non-coté en général…

Il existe différentes formules pour investir dans des PME et des PMI en bénéficiant d’un avantage fiscal. On peut placer son argent dans des fonds spécialisés comme les fonds d’investissement de proximité (FIP) dont le but est de privilégier un investissement régional ou les fonds communs de placement pour l’innovation (FCPI) destinés à soutenir les PME et PMI innovantes. Il est également possible d’investir « en direct » en souscrivant au capital d’une PME. Ces investissements ont le même régime fiscal et peuvent se cumuler dans la limite d’un plafond. Mais attention, ils présentent des risques élevés, une durée d’investissement très longue et sont destinés essentiellement aux personnes souhaitant faire de « l’optimisation fiscale », c’est-à-dire payer moins d’impôt. Personnes pas ou faiblement imposées s’abstenir !

Miser sur le vin

Rouge, blanc, rosé ou champagne, investir dans le vin est plus un placement passion qu’un moyen de s’enrichir. Si quelques bonnes affaires sont possibles et des plus-values réalisables, diversifier son patrimoine en achetant du vin (en bouteille), des parts de groupements fonciers viticoles (GFV), voire un domaine dans le Bordelais, en Bourgogne ou dans la vallée du Rhône, réclame de disposer d’une enveloppe financière substantielle et de s’armer de patience. Se constituer une cave demande de la persévérance, du flair et quelques deniers. Pour entamer une « belle collection » de bouteilles, il vous faudra investir entre 3 000 et 5 000 € et réinvestir en moyenne 250 à 300 € par an pour bâtir la « cave de vos rêves ». Pour répartir les risques, il est nécessaire de diversifier vos achats (régions de production, vins à boire, vins de garde, prix d’achat, millésime,…). Autre moyen d’investir dans le vin, l’achat de parts d’un groupement foncier viticole. Le prix des parts varie en fonction du vignoble autour de 5 000 € en moyenne. Elles peuvent vous rapporter entre 2 % et 3 % par an. De plus, la valeur de ces parts s’apprécie régulièrement. La rémunération des actionnaires se fait sous forme de dividende ou en « bouteilles ». La liquidité de ces parts est faible, car il n’y a pas de marché secondaire. Un nouveau type de support financier est apparu plus récemment. Il s’agit des fonds communs de placement dont les actifs sont majoritairement investis dans le vin et plus particulièrement dans les grands crus français et internationaux. Les vins sont sélectionnés sur la base de critères spécifiques (zone géographique, qualités oenologiques,…) et sont négociés auprès d’une plate-forme de référence et de négociants reconnus. Enfin, pour les plus aisés, reste la solution d’investir dans un domaine viticole. S’engager dans un tel projet réclame des fonds importants, une bonne connaissance en matière de gestion et la capacité de s’entourer de professionnels pour développer l’exploitation du domaine.

La forêt, un havre fiscal

L’investissement forestier est un moyen de réduire partiellement son impôt sur la fortune (ISF), et de préparer la transmission de son patrimoine puisque les donations et les successions comportant des forêts, des parts de groupements forestiers ou de sociétés d’épargne forestière sont pour partie exonérées de droit. C’est une manière originale de diversifier son portefeuille en prenant conscience que s’il revêt des avantages fiscaux manifestes, ce type de placement est peu liquide et le rendement est relativement peu élevé.

Il existe trois principales façons de le faire.  La première possibilité consiste à acheter à un propriétaire un domaine

forestier privé. Sachez que la valeur d’une forêt varie en fonction de critères physiques (surface, localisation, essences plantées, qualité du bois,…). Par ailleurs, être propriétaire d’une forêt impose de nombreuses obligations : assurer le boisement du domaine, l’aménager et l’entretenir. Cela suppose donc de « s’y connaître » ou de mandater un spécialiste, ou une coopérative, pour qu’il s’en occupe à votre place. L’investissement en direct nécessite de disposer de fonds importants, de 80 000 € à 300 000 €. Vous pouvez également investir dans un groupement forestier. Chaque investisseur achète des parts auprès d’un groupement forestier, seul propriétaire de la forêt. La durée de vie de cette société civile est de 99 ans. Ce type d’investissement permet de répartir les risques (climatiques, sanitaires, économiques) et d’avoir accès à un patrimoine diversifié. Le montant d’une part varie entre 10 000 et 300 000 €. Enfin, construites sur le modèle des sociétés civiles de placement immobilier (SCPI), les sociétés d’épargne forestière sont composées à 60 % au minimum d’actifs placés dans des forêts ou des parts de groupements forestiers et à 40 % d’actifs financiers (obligations, par exemple). Ces sociétés d’épargne forestière doivent recevoir l’agrément de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Collectionner les œuvres d’art

Commencer une collection d’œuvres d’art réclame une bonne connaissance de ce que l’on souhaite acheter (sculpture, peinture, objets rares, bijoux,…), de son origine, de son authenticité, de sa valeur marchande, et des procédures d’acquisition. L’art est un placement « plaisir » qui demande de la patience et souvent de la passion. Cela reste tout de même un investissement qui peut vous permettre de réduire votre ISF et d’éventuellement réaliser des plus-values.

Chevaux : pour la passion des courses

Réservé aux amateurs, voire aux accros des courses ! Les plus fortunés investiront dans un cheval, voire plusieurs. Mais sachez qu’il est possible de devenir copropriétaire d’un cheval de course. Certaines sociétés proposent ainsi d’investir dans des pur-sang, pour quelques milliers d’euros. La rémunération de votre placement dépendra directement des résultats de votre cheval en compétition…

Or : une valeur pas toujours si refuge

Depuis le début de la crise financière, le cours de l’or a évolué comme celui d’une valeur-refuge, c’est-à-dire d’un actif dont le rendement est non corrélé ou négativement corrélé à celui d’un autre actif en période de tensions sur

les marchés financiers. De fait son cours a beaucoup monté ces dernières années ! Mais la hausse n’avait pas toujours été au rendez-vous ! Il est ainsi resté quasiment au même niveau de 1986 à 1996. Le cours de l’or sur les marchés financiers est libellé en dollars, il indique le prix d’une once d’or (1 once équivaut à environ 28,35 g). Vous pouvez également opter pour l’achat d’or physique. Il existe des lingots et des pièces standardisés selon le poids, la taille et la qualité de l’or. Un

conseil de « pro » : les pièces d’or doivent être conservées dans des sachets scellés afin de les protéger et de garantir leur traçabilité. Si vous souhaitez revendre votre or, vous serez taxé sur la plus-value réalisée au régime des plus-values sur les biens meubles (près de 40 % du montant de la plus-value, avec un abattement de 10 % par an à partir de la 3e année), à condition de pouvoir justifier de la date de l’achat. À défaut, ou si vous le préférez, vous serez redevable de la taxe forfaitaire sur les métaux précieux (8 % sur le montant de la vente et non de la plus-value). Enfin, méfiez-vous des officines qui fleurissent actuellement partout en France, y compris dans les petites villes de province, et qui vous proposent

de vous racheter vos bijoux en or et vous vendent des lingots.

Sofica : pour la magie des belles images

Les Sofica, ou sociétés pour le financement du cinéma et de l’audiovisuel, financent principalement des productions françaises et privilégient les grosses productions. C’est un pur produit fiscal qui offre une réduction d’impôt immédiate égale à 36 % des sommes investies, dans la limite de 18 000 €, soit un avantage maximal de 6 480 €… Un produit de niche qui profite à seulement quelques milliers de contribuables. Mais après la carotte fiscale, que se passe-t-il ? Les capitaux sont bloqués généralement pour une durée supérieure à huit ans. Et les espoirs de gains des Sofica, hors avantages fiscaux, sont extrêmement réduits. Généralement la Sofica vous reversera à la sortie au moins 80 % de votre mise. Tout dépendra des « bons coups » du gérant. Ceux qui ont misé sur Bienvenue chez les Ch’tis ont sûrement fait une bonne affaire, mais pour un très grand succès populaire, combien de loupés ?

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