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La révolution est-elle devenue l'accessoire indispensable de la saison printemps été 2013 ?
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Editorial

Jean-Luc Mélenchon et 30 000 personnes manifestaient contre l'action du gouvernement et "pour une VIe République" dimanche dernier tandis que François Hollande annonçait hier "l’an II" de son quinquennat.

Pierre Guyot

Pierre Guyot

Pierre Guyot est journaliste, producteur et réalisateur de documentaires. Il est l’un des fondateurs et actionnaires d’Atlantico.

 

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Il y a des concepts comme ça, dans l’air du temps. Parce que les événements et le contexte ont un vague goût de déjà-vu. Parce qu’ils sont promus par les médias qui les font résonner. Parce qu’ils font les choux gras des leaders d’opinion, au premier rang desquels nos responsables politiques.

Ainsi en est-il de la révolution qui semble sur le point de devenir, dans les discours à défaut de l’être dans la rue, le prochain tube de l’été.

Reconnaissons à Marine Le Pen et à Jean-Luc Mélenchon d’avoir été des précurseurs de cette tendance en promettant au peuple, depuis déjà un bon moment, le bonheur pour tous, la fin des injustices, le plein emploi et un châtiment exemplaire pour mon voisin qui s’obstine à se garer juste devant chez moi. Mais être à la mode, même avant les autres, n’est jamais qu’une réussite sur la forme.

Cacher les crânes rasés qui ont si longtemps fait les beaux jours des défilés du 1er mai du Front National ne fait pas disparaître les relents poujadistes des slogans et l’inanité des propositions économiques ou sociales.

S’afficher place de la Bastille avec les oripeaux d’un Gavroche sexagénaire, foulard rouge autour du cou et œillets à la boutonnière (ne manque que la casquette !), peut à la limite susciter la même indulgence navrée que celle que l’on ressent face à des rombières qui pensent que leur minijupe fait la jolie fille, mais ne parvient pas à effacer le sentiment qu’il y a une rouerie dans cette vocation tardive, après une si longue carrière de sénateur et de ministre docile.

Et voilà que les autres s’y mettent, à la révolution !

A l’occasion du premier anniversaire de l’arrivée de François Hollande à l’Elysée, Jean-François Copé dénonce "l’échec cuisant" du chef de l’Etat et appelle à "un nouveau 1958" ! Rien que ça ! Le patron de l’opposition semble oublier que la crise politique de la SFIO à l’époque frappe, cette fois-ci, son bord et qu’il n’a guère été plus efficace en s’autoproclamant l’hiver dernier président de l’UMP que le Président du Conseil ne le fut il y a cinquante-cinq ans en ordonnant à l’Algérie de rester sous l’autorité de Paris…

Autre révolution : les amis de Nicolas Sarkozy qui, sondages à l’appui, imaginent en ce moment leur champion en "homme providentiel" préfèrent, eux, assurément la métaphore de la fin de l’exil à l’ile d’Elbe, même si le retour de l’empereur fut de courte durée.

Et même François Hollande semble séduit par ces accents de Comité de Salut Public, lui qui annonce hier "l’an II" de son quinquennat. Le chef de l’Etat promet dès cette année des résultats "sur le chômage, (…) mais aussi le retour de la croissance, sur les maîtrises de la dépense et sur le niveau des prélèvements". Le problème, c’est qu’au regard des prévisions de tous les autres analystes, cet engagement n’est qu’un vœu pieux et que les Français commencent à connaître le caractère de leur président. François Hollande promet de renverser la table, mais apparaît à peine capable de défroisser la nappe.

Je ne veux pas être trop sévère. Nos responsables politiques ont raison sur quelques points : nous sommes bien au mois de mai et tout le monde sent confusément qu’il faut que quelque chose change dans notre façon de (mal) fonctionner. Pas sûr pour autant que cela suffise à nous mener au grand soir.

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