Asthme : les malades se mettent en danger en pensant qu’il ne s’agit que d’une grosse allergie

Atlantico : Coordonnée en France par l'Association Asthme & Allergies, la journée mondiale de l'asthme le 7 mai vise à sensibiliser le public à l'importance de la prise en charge des asthmatiques. D'après l'OMS, cette maladie est la quatrième la plus répandue dans le monde. Comment expliquer qu'elle ne soit pas considérée davantage comme une véritable pathologie ? 

Michel Aubier : L’asthme est considéré par les professionnels comme une véritable pathologie, ce qui n’est pas le cas de certaines allergies respiratoires comme la rhinite. La rhinite est présentée comme une attaque mineure, or même si l’on n’en meurt pas elle est très dérangeante dans le quotidien. Mais comme l’asthme est la plupart du temps un asthme léger qui se manifeste de façon épisodique, avec des intervalles de temps longs, les gens ont moins tendance à en parler comme d'une véritable maladie. Cependant, il y a 10% des asthmes qui sont extrêmement sévères, avec une mortalité de 200 morts par an, en général des sujets jeunes. Même si dans la plupart des cas, on sait gérer la maladie avec des traitements simples, elle peut quand même évoluer dans le temps.

Combien de personnes sont concernées en France ? 

Environ 3.5 millions de personnes sont concernées par cette pathologie en France, c’est une maladie très fréquente. Selon nos estimations 6% de la population est asthmatique. C’est la première maladie chronique de l’enfant, un sur sept étant touché. Chez les 20-25 ans, entre 10 et 15% sont atteints alors que l'on a tendance à croire qu’elle ne concerne que les sujets jeunes bien qu'on puisse devenir asthmatique à tout âge.

Quels sont les différents types d'asthmes ? Comment les différencier ?  

On référence deux types asthmes : L’allergique qui concerne entre 80 et 85% des asthmes et l’autre catégorie qui comprend les asthmes dont on ne connait pas la cause allergène. Les traitements sont cependant à peu près les mêmes. Ensuite on les catégorise en fonction de la sévérité :

- Asthme léger ou intermittent : il se manifeste par des crises assez éloignées et ne nécessite pas de traitement régulier.

- Asthme persistant : les patients ont besoin d’un traitement de fond continu. Il est catégorisé comme léger, modéré ou sévère.

Assiste-t-on à une augmentation des cas d'asthme ces dernières années ? Comment peut-on l'expliquer ? 

Il y a eu une très forte augmentation depuis 30 à 40 ans des allergies respiratoires et notamment de l’asthme. Cette augmentation peut être imputée à plusieurs facteurs liés à notre mode de vie occidental :

- Les saisons polliniques sont plus longues et plus fortes, notamment à cause du réchauffement climatique,

- Les allergènes sont très présents dans nos locaux intérieurs : acariens, moisissures, animaux domestiques…

- Notre alimentation : moins de produit frais, plus de plats industriels qui contiennent des allergènes,

- Moins d’infections de la petite enfance, or c’est pendant cette période qu’on devient ou pas allergique. Si on ne fait pas d’infection de la petite enfance on a plus de chance d’être allergique.

Nous avons aujourd’hui atteint un plateau, une stagnation.

Dans l'imaginaire commun, l'asthme est une maladie héréditaire. Qu'en est-il vraiment ? 

Il y a un terrain génétique puisqu'il est prouvé que si on a un parent asthmatique, on a 30% de chance de l’être aussi, et si les deux parents le sont, la probabilité atteint 50%. Ce n’est pas nécessairement héréditaire mais il y a des prédispositions génétiques.

Soigne-t-on mieux l'asthme qu'auparavant ? Quelles sont les nouveautés en matière de traitement ? 

L'asthme se soigne beaucoup mieux, notamment grâce aux  traitements inhalés qui ont très peu d’effets secondaires et qui contrôlent parfaitement la maladie. Pour les asthmes sévères, il existe de nouveaux produits avec des anticorps qui bloquent les responsables allergènes. On a fait énormément de progrès, même si il reste des patients atteints d’asthme sévère pour qui la maladie est difficile à supporter.