Luc Trullemans : avis de tempête médiatico-politique sur la Belgique<!-- --> | Atlantico.fr
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Le monsieur météo de la Belgique a été licencié pour avoir tenu des propos polémiques sur l'immigration.
Le monsieur météo de la Belgique a été licencié pour avoir tenu des propos polémiques sur l'immigration.
©Reuters

Tornade médiatique

Le célèbre présentateur météo belge Luc Trullemans a été licencié de RTL-TVI pour avoir publié sur Facebook un message de colère après avoir été agressé vendredi 26 avril. Soutenu par une partie de l'opinion publique, l'affaire montre la fracture croissante en Belgique entre les élites et les citoyens sur la question de l'immigration.

Dominique Dupont

Dominique Dupont

Dominique Dupont est une journaliste belge, travaillant dans l'un des plus important journal quotidien du pays. Elle s'exprime ici sous un pseudonyme.

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"Je ne serai pas délicat dans mes mots.
Je vais probablement passer pour un raciste, JE M'EN FOUS !
Il est temps que quelqu'un dise tout haut ce que beaucoup de monde pense tout bas et ce message s'adresse à vous... amis MUSULMANS."

C'est par ces phrases que le célèbre présentateur météo belge Luc Trullemans a débuté son message sur Facebook, publié le vendredi 26 avril, apparemment peu de temps après avoir subi une agression par deux hommes, que la victime a décrite comme étant "musulmans".

Licencié de son poste à la télévision, son éviction a déclenché une vague de protestation dans toute la Belgique.

Vous pouvez retrouver l'intégralité du message posté par Luc Trullemans sur son compte Facebookici

La France a connu son clivant épisode du pain au chocolat pour lui faire prendre conscience des enjeux du communautarisme. Aujourd’hui, c’est au tour du voisin belge de vivre des heures révélatrices sur le climat d’omerta qui entoure les questions d’intégration lorsqu’elles conduisent à un constat d’échec et à un schisme. Sacrifié sur l’autel de la bienpensance et du laxisme réunis, Luc Trullemans qui faisait la pluie et le beau temps sur RTL-TVI, "LA" chaine commerciale francophone du pays, a été débarqué lundi de sa fonction de "Monsieur Météo". En cause, un message sans complaisance qu’il avait adressé vendredi soir à la communauté musulmane via son mur Facebook à la suite d’une altercation au volant avec quatre "jeunes".

Sale temps pour Monsieur Météo

Quelques minutes après avoir été posté, il est retiré du mur pour être remplacé par des excuses précisant que ses propos avaient été lancés sous le coup de l’emportement. C’était compter sans les printscreens qui avaient eu le temps de prendre pour cible le texte initial au contenu pour le moins explosif. Trop tard, l’affaire était lâchée sur la toile. C’est là que commence pour RTL-TVI une désastreuse gestion de crise sur fond de suspension immédiate du présentateur vedette. Alors que la presse reste dans un premier temps très discrète sur les événements, l’opinion publique réagit et se mobilise en faveur du personnage qui a toujours joui d’un grand capital "sympathie" auprès du public.

Samedi matin, une première pétition est lancée. "Rendez-nous notre Monsieur Météo". Elle commence par récolter quelques centaines de signatures. Moins de quatre jours plus tard, elle en comptera plus de 12.000 ! Une deuxième pétition est lancée par le journal en ligne "Le Peuple". Parallèlement, des groupes de soutien sont créés, dont certains par des élus locaux. Dimanche, Karima Safia, figure emblématique de la défense de laïcité et de l’intégration de la communauté musulmane en Belgique francophone prend publiquement fait et cause pour Luc Trullemans. Elle adresse un texte à RTL-TVI en faveur de la réintégration du journaliste et dénonce l’absence de débat sur l’immigration et sur les moyens mis en œuvre pour palier les échecs de la politique d’intégration.

Objectif 2014 : balle au centre-centre !

Le politique lui, est totalement pris de cours. Alors que la Belgique est - déjà - suspendue aux résultats des élections qui se tiendront en 2014, alors que la NVA caracole en tête dans les sondages en Flandre, les francophones de gauche et de centre-droit déjà en pleine campagne tentent de construire ensemble un scénario où chacun trouve sa place dans un gouvernement "post-2014". Pour y parvenir, PS et MR (réformateurs) se livrent, depuis la "miraculeuse" formation d’un gouvernement qui tient de l’union nationale par certains côtés, à un formidable et discret travail de convergence. C’est le fameux "centre-centre" que le Premier, Di Rupo (PS), avait mis en avant sur les plateaux de télévisons au lendemain de son investiture. C’est surtout une ligne politique "chèvre-choutiste" qui assure une place à tous. Les sujets clivants sont discrètement évacués pour ne laisser apparaître que les mesures qui "rassemblent".

Résistance 2.0

Dans ce contexte, un incident comme l’affaire Trullemans vient parasiter l’image du joli "compromis à la belge" de façade. Pour ne pas froisser le partenaire socialiste, les réformateurs n’ont pas hésité à envoyer au front le Monsieur Sécurité du MR, défenseur affiché des peines incompressibles, Denis Ducarme, pour condamner l’attitude de Luc Trullemans, dans laquelle il dit lire du racisme et des amalgames. Pour le MR, face à un PS quasi hégémonique, ce sera tout, y compris l’incohérence, plutôt que l’opposition à partir de l’année prochaine. Pourtant, la base ne suit pas vraiment. Les déboires de M. Météo monopolisent la toile. Le nombre de signatures en sa faveur explose. La presse écrite se met à suivre l’évolution en temps réel. Les articles qui se succèdent d’heures en heures génèrent des centaines de réactions en faveur de Luc Trullemans, elles-mêmes "likées" des centaines de fois. La chaine publique télévisée concurrente, la RTBF, finit par traiter le sujet forçant ainsi RTL-TVI à suivre. Exercice difficile. Lundi, malgré les innombrables signaux envoyés par la population, Philippe Delusinne, CEO de RTL-TVI mais aussi sympathisant socialiste et proche ami de Di Rupo annonce le licenciement de son météorologue attitré. Il se fend même d’une intervention télévisée pour tenter d’argumenter sa position qui semble surtout être celle d’un clan, celui du bien. De son côté l’autre employeur de Luc Trullemans, l’Institut Royal de Météorologie qui avait dans un premier temps accordé son soutien à son éminent scientifique revient sur sa position par l’entremise de Philippe Mettens (PS) directeur de la Politique Scientifique dont dépend l’IRM. Sur le net, pourtant, l’activité ne faiblit pas. Renforcés dans leur conviction par la sévérité et la disproportion des mesures prises à l’encontre d’une victime du politiquement correct, les internautes multiplient depuis lors des actions de boycott de RTL –TVI et se mobilisent désormais directement sur les pages des annonceurs…

L’intégration en question

Ce qui est déplorable dans ce feuilleton médiatique, c’est que le fond n’est pas abordé. Peut-être que la tournure judiciaire que vient de prendre l’affaire, puisque Luc Trullemans a choisi Maître Mischael Modrikkamen pour défendre ses intérêts permettra de revenir sur les faits, et ce qu’ils soulèvent comme questions. Qui parle encore de l’agression initiale dont a été victime Luc Trullemans ? Qui se pose la question du message de complaisance envoyé à ses agresseurs ? Qui va prendre à bras le corps l’épineux mais réel problème d’intégration des populations immigrées parfois présentes depuis trois générations ? Des groupuscules haineux qui prônent le djihad en rue et sur la toile comme Sharia4Belgium ont pu durant des mois déverser leurs propos haineux virulents à l’égard de la société belge, de l’Occident et des valeurs cardinales des droits de l’homme sans être inquiétés durant des années. Alors qu’ils menaient une action de démonstration en rue, le maire réformateur de la commune n’a pas hésité à leur serrer la main tandis qu’un autre membre du MR s’apprête à cosigner avec la gauche un texte criminalisant les critiques formulées à l’encontre de l’islam en instituant un délit d’islamophobie. Pendant ce temps, en quelques heures, un brillant scientifique est lynché sur la place publique pour avoir dénoncé en privé ce qui exaspère une large partie de la population belge… même d’origine immigrée.

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