L’avenir de l’industrie passe (aussi) par la finance<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
L’avenir de l’industrie 
passe (aussi) par la finance
©

Semaine de l'industrie

La finance est souvent jugée responsable de la mauvaise passe que traverse l'industrie française. Et s'il s'agissait d'un simple bouc émissaire ?

Robin Rivaton

Robin Rivaton

Robin Rivaton est chargé de mission d'un groupe dans le domaine des infrastructures. Il a connu plusieurs expériences en conseil financier, juridique et stratégique à Paris et à Londres.

Impliqué dans vie des idées, il écrit régulièrement dans plusieurs journaux et collabore avec des organismes de recherche sur les questions économiques et politiques. Il siège au Conseil scientifique du think-tank Fondapol où il a publié différents travaux sur la compétitivité, l'industrie ou les nouvelles technologies. Il est diplômé de l’ESCP Europe et de Sciences Po.

Voir la bio »

A la suite du colloque « Produire en France » du think-tank la Fondation Concorde qui s’est tenu il y a quelques jours à l’Assemblée Nationale autour de figures comme Erik Orsenna, Anne Lauvergeon ou encore Louis Gallois, le constat est inquiétant. L’industrie française, hors services à l’industrie, ne compte plus que pour 16 % du PIB contre 22 % en 1998, ce chiffre atteignant 30% en Allemagne et 22 % en moyenne dans la zone euro.

Aussi l’idée d’un grand pacte de préservation de l’industrie mérite d’être applaudi, ce secteur étant bien souvent un enjeu trop méconnu. Les propositions de la Fondation sont pleines de bon sens, notamment l’idée d’opérer d'urgence un transfert des exemptions de charges des secteurs non exposés à la concurrence telle que la restauration vers les secteurs exposés à la concurrence internationale et donc non protégés.

Rien ne sert de blâmer la finance

Pourtant, de manière beaucoup moins réjouissante, tous les intervenants ont blâmé la finance, distribuant ici et là des cartons rouges aux « jeunes de 22 ans qui demandent de fermer des usines » ou « à ces ingénieurs qui préfèrent les salles de marchés à l’industrie ». Suite au rapport de l’Institut Montaigne (1), on ne peut que déplorer que trop d’élèves ingénieurs se tournent vers le secteur de la finance. Mais avons-nous bien saisi les enjeux sous-jacents ?

Pas un intervenant n’a manqué de souligner le manque de capitaux propres des PME et ETI (entreprises de tailles intermédiaires) françaises. Or le contexte n’invite guère à l’optimisme. Avec la directive Solvency II, les assureurs devraient sortir partiellement des marchés d’actions. Déjà le PDG d'Axa Henri de Castries a averti que la part d’actions dans les portefeuilles des assureurs européens avait fondu de 400 milliards d'euros depuis 2000, passant de 15-20% à 3-4%. L’arrivée de fonds via les acteurs de capital-investissement est donc une bonne chose.

Finance et économie, les deux faces d'une même pièce

Malgré les risques inhérents aux montages LBO (leveraged buy-out ou financement d'acquisition par emprunt), ne boudons pas notre plaisir de voir des investisseurs soucieux de croissance. Et on peut espérer que les meilleurs étudiants rejoignent ces structures afin de rendre leurs cibles aussi compétitives que possibles. En outre, les invités ont fustigé l’épargne « dormante » de l’assurance-vie qui stérilise des ressources potentielles pour l’investissement productif. Mais, si on empêche la finance de recruter des étudiants de qualité, qui réalisera cette réallocation salutaire ?

Alors certes, il est nécessaire de réorienter nos étudiants vers des métiers moins complexes, dont celui de banquier prêteur qui doit retrouver son aura, mais en aucun cas ne jeter sur la finance un opprobre généralisé. Finance et économie ne sont que les deux faces d’une même pièce, redynamiser l’une en affaiblissant l’autre aurait certainement des incidences à long terme.

Pour finir, rappelons que l’Allemagne qui a reçu dernièrement, de manière méritée, de nombreux compliments pour son travail de préservation de l’outil industriel, possède aussi une industrie financière (sic) prospère. Sa bourse nationale Deutsch Börse vient d’avaler sans coup férir, et le NYSE, champion américain et Euronext, notre ex-plate forme nationale.

[1] Adapter la formation  de nos ingénieurs  à la mondialisation, par R. Bordier, A. Kirchner, J. Nussbaumer, p.5

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !