Syndicat de la magistrature : quand la justice voit rouge...<!-- --> | Atlantico.fr
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Des juges ont épinglé sur leur "mur des cons" les photos des personnalités à abattre.
Des juges ont épinglé sur leur "mur des cons" les photos des personnalités à abattre.
©Reuters

Taubira, au secours !

Des juges très marqués à gauche ont épinglé sur leur "mur des cons" les photos des personnalités à abattre. Par des moyens légaux, bien sûr.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Comme tous les citoyens français, les magistrats sont parfaitement libres d’avoir leurs opinions politiques. Mais, soumis à une obligation de réserve, ils n’ont – plaignons-les ! – que les urnes électorales pour les exprimer. Cette contrainte ne vaut manifestement pas pour le Syndicat de la magistrature qui, sur un mur, affiche – c’est le mot qui convient – la liste de ceux et celles – intellectuels, journalistes, politiques – dont il veut la peau. Même si ce mur ressemble de très près aux "Wanted" qu’on trouvait dans les bureaux des shérifs du Grand Ouest, il n’y a certes pas mort d’homme. Mais il y a mort de la justice ! Car les inquisiteurs du Syndicat de la magistrature ont précisément pour fonction – on l’aurait presque oublié – de rendre la justice. Maintenant, rêvons, ou plutôt cauchemardons, un peu.

Imaginons que Nicolas Sarkozy, qui figure en bonne place sur ce mur d’infamie, ait de nouveaux ennuis (il en a déjà) avec le juge Gentil ou avec d’autres magistrats chargés d’enquêter sur l’affaire Karachi (ça va venir). Peut-on croire un seul instant que ces magistrats, s’ils sont membres du Syndicat de la magistrature, instruiront à charge et à décharge comme la loi leur en fait l’obligation ? Supposons que l’incorrigible Éric Zemmour récidive (il a déjà été condamné pour ça) en affirmant que nos prisons sont remplies de Noirs et d’Arabes. Ferait-on confiance à des juges appartenant à ce syndicat pour le juger sereinement et prononcer un verdict équitable ? Supposons encore qu’Alain Minc, très proche de Nicolas Sarkozy, soit accusé de lui avoir donné des conseils financiers pour sa campagne électorale. Ne serait-il pas en droit de demander au juge qui l’aurait convoqué s’il est membre du Syndicat de la magistrature ? Imaginons enfin qu’Alexandre Adler se voit reprocher d’émarger au Mossad israélien. Ne serait-il pas fondé à récuser un juge qui appartiendrait à ce syndicat si militant ?

L’indépendance des juges est, on le sait, un des fondements de la République. La garde des Sceaux, Christiane Taubira, en est la garante. Quand Henri Guaino s’en est pris au juge Gentil, lui reprochant de déshonorer sa fonction, elle l’a fait poursuivre. Elle était dans son rôle et dans son droit. Mais Mme Taubira doit aussi veiller à l’impartialité des magistrats et protéger les justiciables contre toute frénésie idéologique qui ferait d’eux des cibles. Elle s’honorerait en faisant abattre ce mur de la honte qui figure triomphalement dans les locaux du Syndicat de la magistrature. La liberté de penser n’est pas la liberté de haïr… Sinon, que la garde des Sceaux remplace le code pénal par la loi du lynchage. Et qu’en bonne logique – la logique du Syndicat de la magistrature – elle débaptise les tribunaux pour les appeler Comités de Salut Public. Cette instance, très expéditive, fit fureur sous la Terreur.

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