Du vote de la loi sur le mariage homosexuel, ne gardons que le meilleur

Beaucoup des jeunes mariés – forcément hétérosexuels pour l’instant – font le constat que la journée tant attendue de leurs justes noces passe si rapidement, en regard des semaines d’attention et de préparation minutieuses qu’elle a nécessitées, qu’ils ont la sensation de passer à côté de biens des instants et des souvenirs. Regret de ne pas avoir pu consacrer plus de temps à ceux de la famille qu’on voit pourtant si rarement, de ne pas avoir pu mieux savourer le moment de l’échange des alliances, de ne pas être parvenu à ralentir le temps pour profiter davantage de ce moment unique. Parfois même d’avoir laissé le stress ou des détails sans importance gâcher un peu la fête…

Je veux faire aujourd’hui le choix de ne pas tomber dans ce travers et de ne garder en mémoire que le beau côté de cette journée du 23 avril 2013.

Il va falloir oublier la médiocrité avec laquelle l’Elysée a conduit le projet de mariage pour tous, réussissant à coups d’ambiguïtés et de maladresses à cristalliser au rejet pur et simple du concept de mariage homosexuel, les inquiétudes les plus innocentes et légitimes.

Il va falloir passer outre que le gouvernement est parvenu à faire d’un sujet globalement consensuel parmi les Français un motif de clivage comme nous n’en n’avions plus connu depuis bien longtemps.

Il va falloir ne pas songer (pour une journée seulement !) que l’accès à la procréation médicalement assistée et à la gestation pour autrui, les fameuses PMA et GPA, sont des sujets éthiques sérieux qui méritent d’être réfléchis et débattus autrement que sous le simple éclairage d’une pseudo "égalité des droits".

De cette journée, il ne doit rester que la satisfaction et la joie provoquées par un grand rendez-vous qui s’inscrit dans la lignée de l’héritage de la révolution française mettant fin à la répression pénale de l’homosexualité, de la suppression en 1981 du groupe de contrôle des homosexuels à la préfecture de police ou de la décision en 1993 de l’Organisation mondiale de la santé de rayer l'homosexualité de la liste des maladies mentales.

De ce vote à l’Assemblée, l’Histoire se souviendra de celles et ceux qui ont choisi d’approuver un texte juste, qu’ils soient de la majorité ou de l’opposition, à l’instar des trente-sept députés de droite ou de centre-droite qui avaient voté il y a trente ans, contre le reste de leurs formations politiques, pour l’abolition de la peine de mort. A ce titre, l’attitude aujourd’hui des députés de gauche d’Outre-mer qui prétendent défendre les valeurs et les coutumes ultramarines en s’opposant au mariage homosexuel n’est guère glorieuse, tout comme l’abstention de quelques figures importantes de l’UMP (Comment peut-on ne pas avoir d’opinion sur un texte pareil ?).

Il y a encore une bonne raison de pratiquer aujourd’hui la méthode Coué en faisant fi de ces mesquineries politiques, en remettant à plus tard les grands débats sur la filiation qui seront à coup sûr provoqués par cette loi et en ne gardant pour l’instant que le meilleur : les occasions de se réjouir sont si rares en ce moment.