Comme faire face à l’explosion des cas d’Alzheimer qui est déjà à l’œuvre ? <!-- --> | Atlantico.fr
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Le taux de mortalité attribué à la maladie d'Alzheimer a plus que doublé en 20 ans.
Le taux de mortalité attribué à la maladie d'Alzheimer a plus que doublé en 20 ans.
©Reuters

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Une récente étude britannique démontre que le taux de mortalité attribué à la maladie d'Alzheimer a plus que doublé en 20 ans. La démence entre ainsi dans le top 10 des maladies faisant le plus de morts.

André  Nieoullon

André Nieoullon

André Nieoullon est Professeur de Neurosciences à l'Université d'Aix-Marseille, membre de la Society for Neurosciences US et membre de la Société française des Neurosciences dont il a été le Président.

 

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Le nombre des patients atteints d’une maladie d’Alzheimer s’est accru considérablement au cours de la dernière décennie, pour atteindre plus de 860.000 cas dans notre pays, selon les dernières estimations. Et encore, il est vraisemblable que la vérité soit bien au-delà, au regard d’une part de la difficulté du diagnostic et d’autre part du fait qu’un nombre tout à fait significatif de patients ne consulte pas et n’est donc pas répertorié comme tel. Pourtant, il n’existe pas objectivement d’élément permettant d’affirmer que le nombre de malades progresse, sauf à considérer que c’est l’espérance de vie qui augmente.

En dépit de la complexité et de l’hétérogénéité de la maladie d’Alzheimer, en l’état de nos connaissances il faut admettre que l’âge est à ce jour le principal « facteur de risque » de développer une démence de type Alzheimer. Compte tenu alors de cette fabuleuse avancée de l’espérance de vie, d’environ une année supplémentaire tous les quatre ans jusqu’à présent, l’espérance de vie des femmes est aujourd’hui de l’ordre de 85 ans et celle des hommes de 78 ans. Considérant alors que l’incidence de la maladie augmente avec le grand âge, il n’est pas surprenant que le nombre de cas apparents ait lui-même augmenté puisque, statistiquement, les chiffres ne sont guère encourageants et montrent qu’à 85 ans c’est environ une femme sur trois ou sur quatre qui se trouve atteinte par la maladie.

Si rien n’est fait, les perspectives sont donc peu encourageantes, pour ne pas dire décourageantes puisque, en l’état, nous ne disposons pas des solutions thérapeutiques nécessaires à faire que, simplement l’autonomie des personnes ou leur sociabilité, déjà considérablement amenuisées, soit quelque peu maintenues…A ce stade il convient d’accepter avec modestie que, face à ce problème sociétal considérable, les solutions ne soient pour le moment « que » d’ordre social, sinon médical. En l’absence de solution médicale satisfaisante, la prise en charge des malades nécessite donc des structures d’accueil adaptées et en nombre suffisant pour des patients toujours plus nombreux. En ce sens on peut considérer que le « Plan Alzheimer » a pleinement joué son rôle et qu’à la fois les centres de dépistage et de « traitement » ont été mis en place pour une meilleure prise en charge au plan médical et social. Néanmoins, quels que soient les efforts consentis, il est aussi admissible que ceci soit encore insuffisant au regard de l’ampleur du problème ! En l’absence de traitements médicamenteux satisfaisants, les thérapies comportementales et cognitives sont ainsi les plus à même de maintenir à minima, voire de promouvoir dans les cas favorables, à la fois les capacités cognitives et l’autonomie des patients et leur sociabilité dans leur vie quotidienne.

Evidemment, même si l’arsenal médicamenteux est aujourd’hui limité et ne donne des résultats satisfaisants que dans un certain nombre de cas, notamment dans les formes débutantes de la maladie, il n’en reste pas moins que ces stratégies thérapeutiques doivent être pris en considération, avec leurs limites. Mais les vraies solutions sont ailleurs, seulement lorsque nous serons capables de ralentir, voire de stopper, l’évolution des processus dégénératifs. Aujourd’hui il apparaît que nous sommes encore loin d’interventions efficaces en ces domaines.

Mais l’espoir anime la communauté des chercheurs, qui se mobilise pour des solutions thérapeutiques basées sur l’étiologie de la maladie d’Alzheimer ; plutôt « les » étiologies compte tenu de l’hétérogénéité de cette pathologie, serait-il plus judicieux de dire… Ces solutions thérapeutiques, cependant, ne s’imposeront que lorsque deux conditions au moins seront remplies : d’une part que l’on connaisse mieux les causes et les mécanismes de ces processus neurodégénératifs ; d’autre part que l’on puisse progresser dans le diagnostic précoce de la maladie d’Alzheimer.

En effet, outre son début insidieux, il est manifeste que cette maladie ne s’exprime par des signes cliniques que lorsque les lésions sont déjà très significatives dans le cerveau. Il est donc essentiel de pouvoir la diagnostiquer le plus précocement possible si l’on veut mettre en œuvre des stratégies thérapeutiques qui relèvent ainsi de ce que l’on nomme la « neuroprotection », pour qu’il se trouve encore suffisamment de neurones intacts non atteints par la maladie pour assurer, ne serait-ce qu’à minima, les fonctions cognitives. En dépit de résultats précliniques encourageants et de nombreux essais thérapeutiques en cours, nous n’en sommes pas là mais c’est bien l’objectif que la recherche s’est fixé. 

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