Quand la gauche enfume l'opinion en faisant de tous les opposants au Mariage pour tous des réincarnations de fascistes des années trente<!-- --> | Atlantico.fr
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La gauche présente les opposants à la loi Taubira comme des fascistes des années 30.
La gauche présente les opposants à la loi Taubira comme des fascistes des années 30.
©Reuters

Écran de fumée (brune)

Profitant de faits divers perpétrés par des personnes qui ne sont pas représentatives de l'opposition au Mariage pour tous, la majorité fait oublier l'affaire Cahuzac et ses échecs en ressortant la vieille lubie de la menace fasciste.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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De qui se moque-t-on ?  A entendre ce matin à Roissy , François Hollande  et Manuel Valls  dénonçant les  “violences “ et les “actes homophobes “d’opposants au mariage pour tous, ou à  voir le “Nouvel Ob” agiter l’inusable drapeau du “retour des fachos”, on pourrait  croire en effet  que nous revoici plongés dans la marmite des années trente.

Tout cela parce qu’à Lille quatre crétins au crâne rasé ont foutu le bazar dans un bar gay, blessant légèrement  trois personnes ; qu’à Nantes la journaliste, militante lesbienne , Caroline Fourest s’est fait  huer par une poignée d’imbéciles ou que des groupuscules , sans liens avérés avec la Manif pour tous , sont en train, parait-il, de fabriquer un “climat pré-insurrectionnel” (sic) .

Histoire de nous faire oublier le scandale Cahuzac et, pire encore, la tragédie d’une France à la dérive, le pouvoir en miettes qui gesticule entre l’Élysée et Matignon, tente de nous faire avaler le spectre d’un soi-disant “printemps  facho”  auquel la droite parlementaire donnerait sa bénédiction .

Jusqu’à présent, cette guerre sans merci qui se traduit par des sit-in devant l’Assemblée, des députés PS réveillés au clairon et d’impressionnants rassemblements d’une demi -douzaine d’”Hommen “, masqués et biceps à l’air, gueulant “Non à la loi Taubira ‘”,n’a pas ,semble-t-il, provoqué de ruptures de stocks  dans les pharmacies au rayon Urgo et Albuplast .

Pendant ce temps là, à Notre-Dame-des Landes, de vrais casseurs, super-entraînés, creusent des tranchées, élèvent des barricades et castagnent pour de bon les CRS, qui comptent leurs blessés, sans émouvoir le moins du monde notre valeureux capitaine de pédalo. En septembre dernier, deux cents salafistes et apparentés s’étaient rassemblés devant l’ambassade des États-Unis pour protester contre un petit film américain, complétement nul, ridiculisant le Prophète  et qu’aucun d’eux d’ailleurs n’avait vu. Ils en avaient profité pour proférer des insultes infamantes contre les juifs mais là encore aucun de nos vertueux pépères n’avait jugé nécessaire de s’offusquer .

Le pouvoir - ou ce qui en tient lieu - n’a pas tort de s‘inquiéter. La rue le guette et il suffit parfois d’une étincelle pour y mettre le feu . Mais pense–t-il vraiment s’en protéger en ressuscitant artificiellement le retour aux années trente, celles des ligues et des factions, bien réelles celles là  ?  Franchement, qui nous fera croire que les catéchumènes de Civitas qui prient pour  le retour du Christ roi ou les fidèles du Bloc identitaire seraient la réincarnation des “chemises bleues “ de Jacques Doriot, l’ancien leader des Jeunesses communistes, des “chemises  vertes" d’Henri Dorgères, des Jeunesses fascistes de Georges Valois, des Francistes de Marcel Bucard ou des terroristes de la Cagoule ?

Cette manœuvre d’enfumage cache peut être une réalité beaucoup plus inquiétante : celle du jour imprévisible où, à bout de force, les Français de tous horizons et de toutes conditions battront la semelle sur le pavé  en hurlant leur colère et leur désespoir.

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