Si Jérôme Cahuzac avait eu de l'imagination, voici ce qu'il aurait dit<!-- --> | Atlantico.fr
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Jérôme Cahuzac s’est expliqué sur l’existence d’un compte à l’étranger hier mardi sur BFM TV.
Jérôme Cahuzac s’est expliqué sur l’existence d’un compte à l’étranger hier mardi sur BFM TV.
©Reuters

Soyez sympas, rembobinez

Au lendemain de la confession télévisée de Jérôme Cahuzac, qui a suscité pas mal d’interrogations, ce mauvais esprit de Christian Millau s'est glissé dans la tête de l’ex-ministre pour une nouvelle confession, imaginaire celle-là.

Christian Millau

Christian Millau

Grand reporter, critique littéraire notamment pour le journal Service Littéraire, satiriste, Christian Millau est aussi écrivain.

Parmi ses parutions les plus récentes : Au galop des hussards (Grand prix de l'Académie française de la biographie et prix Joseph-Kessel), Bons baisers du goulag et aux éditions du Rocher,  Le Petit Roman du vin, Journal impoli (prix du livre incorrect 2011), Journal d'un mauvais Français (21 avril 2012) et Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi (Rocher, 2013)

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Mais, boudieu, quelle connerie je viens encore de faire ! Même à droite, mes adversaires disent que je suis très intelligent. Et pourtant… Le drame, c’est qu’on n’écoute que  les mauvais conseils.

“Vas-y, tu vas voir, elle est formidable !“ Les derniers amis qui me restent m’ont littéralement poussé dans ses bras.  Résultat, le lendemain de mon déballage, ficelé comme un paquet-cadeau de chez Fauchon, les médias, un coup de plus, me sont tombés dessus. Certains, je ne les ai convaincus qu’à moitié et d’autres comme “Libération“, le carnet mondain de Rothschild, pas l’ombre d’une miette. J’aurais dû me méfier de cette dame Hommel, le petit génie de la com’ qui avait planté Strauss-Kahn sur le plateau de TF1 avec une confession brodée au petit point. A part Claire Chazal, qui retenait ses larmes, la France entière a rigolé au spectacle d’un DSK clapotant dans le bénitier de la repentance. Il aurait dit :”Tirer des coups, j’aime cela et alors, où est le mal ? Ne suis-je pas dans la grande tradition  gauloise ? ”, qu’il aurait mis tout le monde dans sa poche.

Moi aussi, je me suis laissé avoir quand dame Hommel m’a servi son truc miracle : la "faute morale". A confesser la main sur le cœur et droit dans les yeux. Sur le moment, j’ai complétement oublié qu’elle avait déjà refilé le bonbon à ce pauvre Dominique. Et moi qui ressors le vieux bout de guimauve du paquet ! C’est atterrant.

Dans ce déballage, il n’y a eu qu’une seule bricole que je ne regrette pas. Et elle ne m’a même pas été soufflée par ma communicante. C’est quand, interrogé sur ce que savait Pépère de ma carambouille, j’ai répondu :”J’ignore quel était son degré de connaissance de mon affaire". Et vlan ! Bonjour la peau de banane ! Lui qui aime les douceurs, il va pouvoir se régaler. Soit dit en passant, le parti socialiste ne s’est jamais relevé de la disparition de François Mitterrand, le seul président de la Ve, issu de la droite vichyste. Plutôt marrant quand on y pense.

Depuis, J’ai bien réfléchi. Si c’était à refaire, voici ce que je dirais. La vérité, toute la vérité, rien que la vérité :

"Mes chers compatriotes, je regrette très sincèrement ma conduite inqualifiable. Je me suis laissé prendre aux pattes comme un bleu. Je tiens à m’en excuser auprès des milliers de Français, de gauche comme de droite, qui ont des comptes dans les paradis fiscaux  et, Dieu les garde, ne se réveillent pas la nuit en se frappant la poitrine sous le poids du remords. Ils font gaffe, voilà tout, alors que moi, comme une truffe, je ne me suis pas méfié de ces fichus portables qu’on laisse bêtement ouverts tandis qu’on déballe des tas de petites saletés qui ne regardent personne.

Le progrès technique est une catastrophe. Jamais avec le bon vieux téléphone de papa, au  temps du "22 à Asnières", un pareil sac de nœuds n’aurait mis la République sur les genoux. Oui, je suis vraiment désolé et avant de me faire oublier pendant quelque temps, je voudrais, mes chers compatriotes, vous donner un dernier conseil : "Souvenez-vous de vous méfier"."

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