Petroplus : ces raisons qui ont pu pousser le tribunal à finalement décider qu'il n'y aurait pas de repreneur<!-- --> | Atlantico.fr
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Le licenciement collectif des 448 salariés de Petroplus va être enclenché.
Le licenciement collectif des 448 salariés de Petroplus va être enclenché.
©Reuters

Alea jacta est

Le tribunal de commerce de Rouen a scellé mardi le sort de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime), en rejetant les deux dernières offres de reprise du site de 470 salariés qui cesse ainsi son activité après plus d'un an de rebondissements.

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre

Stephan Silvestre est ingénieur en optique physique et docteur en sciences économiques. Il est professeur à la Paris School of Business, membre de la chaire des risques énergétiques.

Il est le co-auteur de Perspectives énergétiques (2013, Ellipses) et de Gaz naturel : la nouvelle donne ?(2016, PUF).

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Atlantico : Le tribunal de commerce de Rouen a rejeté les deux offres de reprise retenues pour la raffinerie de Petit-Couronne. Le licenciement collectif des 448 salariés va être enclenché. Comment expliquez-vous la décision du tribunal ?

Stephan Silvestre : cette décision est avant tout économique : la poursuite de l’exploitation du site de Petit-Couronne n’était envisageable qu’à la condition d’importants investissements de remise à niveau, nécessitant une large envergure financière et technique. Cette raffinerie, presque centenaire, était la plus ancienne de France.

Or l’activité de raffinage ne dégage plus suffisamment de marges en Europe pour couvrir des coûts d’exploitation toujours plus lourds. En effet, les prix de vente de cette activité ne sont pas fixés par les producteurs, mais par le marché de gros de Rotterdam, où se négocient des produits raffinés de tous horizons.

C’est pourquoi le repreneur devait offrir non seulement d’importantes garanties financières, mais aussi suffisamment de savoir-faire technologique pour moderniser les installations. Aucun des candidats ne réunissait toutes ces conditions.

De manière générale, le raffinage est-il un marché en surcapacité ?

Oui, malgré les nombreuses fermetures de sites ces dernières années, il existe encore des surcapacités en Europe. Le marché européen est stagnant, voire récessif, alors les importations de produits raffinés augmentent. La tendance est à la concentration des unités sur des sites de plus fortes capacités afin de réduire les coûts.

En France, la production d’essence est en forte surcapacité (près de 50% de la production est exportée), alors que celle de gazole est en sous-capacité (près de 50% de la consommation est importée). Mais les raffineries françaises, datant des années 1930 à 1960, ont été conçues pour produire de l’essence, carburant devenu très minoritaire en France. Leur nombre a ainsi chuté de 24 à 8 en 40 ans.

Comment expliquez-vous que les entrepreneurs étrangers s’intéressent néanmoins à ce marché ?

Leurs motivations sont ailleurs que sur le profit. Certains des candidats ont pu être tentés par un débouché européen pour leur pétrole, d’autres s’intéressaient aux technologies européennes de raffinage. Mais cela ne concernait que des acteurs de second plan. Les supermajors, seules capables de développer ce site, n’ont besoin ni de l’un ni de l’autre. De plus, l’activité de raffinage, sans marges, ne les intéresse plus depuis longtemps. C’est en amont qu’elles réalisent leurs profits : sur l’exploration-production et surtout sur le trading.

Quel était le profil des deux repreneurs qui ont été écartés, le libyen Murzuq Oil et la société de droit panaméen NetOil, dirigée par l'homme d'affaires libano-américain Roger Tamraz ?

Murzuq Oil est une petite compagnie pétrolière libyenne, née en 2007. Son jeune PDG (34 ans) cherche à se développer et s’est dit intéressé par les technologies de la raffinerie française. Roger Tamraz est un banquier qui a une longue expérience dans les affaires. Il connait bien la France pour y avoir effectué ses études. Sa société NetOil finance des opérations dans le gaz et le pétrole. Elle possède déjà des raffineries en Europe (Suisse, Allemagne, Italie), mais ne dispose pas de pétrole en propre.

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