Snobée pour le 1er mai : la CGT a-t-elle creusé sa propre tombe ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La CGT manifestera seule pour la fête du travail le 1er mai prochain.
La CGT manifestera seule pour la fête du travail le 1er mai prochain.
©Reuters

Ci-gît la CGT

La CGT défilera seule le 1er mai prochain. La scission entre la CGT et les autres organisations syndicales est consommée. Seule contre tous, la CGT a-t-elle encore un avenir ?

Hubert Landier

Hubert Landier

Hubert Landier est expert indépendant, vice-président de l’Institut international de l’audit social et professeur émérite à l’Académie du travail et de relations sociales (Moscou).

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Atlantico : La CGT a adopté un discours de plus en plus vindicatif à l'égard des autres syndicats (principalement la CFDT) depuis l'accord du 11 janvier sur la compétitivité. Alors que le mouvement de Thierry Lepaon manifestera seul le 1er mai, peut-on dire que cette formation creuse aujourd'hui sa propre tombe ?

Hubert Landier :Ce n’est pas la première fois qu’une organisation syndicale manifeste seule à l’occasion du 1er mai et ceci est le plus souvent le cas de Force Ouvrière, de la CFTC et de la CFE-CGC. Ce qu’il y a de nouveau, c’est la brouille entre le CGT et la CFDT. Celle-ci résulte d’analyses divergentes en ce qui concerne l’accord national interprofessionnel du 11 janvier dernier, qui a été signé par la CFDT, mais non par la CGT. Toutefois, cette position de la CGT s’explique largement par la proximité du congrès. Thierry Lepaon ne pouvait pas se permettre de cautionner un texte qui faisait l’objet de fortes critiques, venant de l’aile gauche de la CGT, où l’influence du NPA est importante. D’ici quelques mois, les choses auront évolué.

Ce phénomène doit-il être vu comme le signe d'une formation dépassée dans un monde du travail profondément différent de celui de 1895, date de la création du syndicat ?

Ceci est vrai pour toutes les organisations syndicales. Le syndicalisme dans son ensemble n’a cessé d’évoluer afin d’essayer de s’adapter à l’évolution du contexte social et économique de son action. Ceci étant dit, il est aujourd’hui confronté à des difficultés certaines, et c’est vrai de toutes les organisations syndicales. Le problème qui est posé est celui de la relève. La culture dominante dans les centrales syndicales reste celle des années soixante-dix ; or le contexte a considérablement changé, avec la fin des années de croissance forte, qui autorisait une augmentation régulière du pouvoir d’achat d’année en année, et avec la montée du chômage. De plus les jeunes ont souvent un comportement plus individualiste que leurs aînés et d’autres formes d’expression et de mobilisation. Il en résulte que l’influence des syndicats reste limitée aux secteurs d’activité traditionnels. Ils éprouvent de grandes difficultés à s’implanter dans la distribution, dans les industries nouvelles, et bien sûr, dans les TPE. Cela pose un problème, car il ne peut pas y avoir de véritable dialogue social sans des acteurs forts, comme c’est le cas, notamment, en Allemagne et dans les pays d’Europe du nord.

En dépit de son ornière actuelle, la formation peut-elle aujourd'hui se refaire une santé auprès de l'opinion ?

La CGT, aujourd’hui reste la première organisation syndicale française, que ce soit par la notoriété, par les résultats aux élections professionnelles ou par le nombre d’adhérents. Elle reste une référence aux yeux des salariés, même si elle est talonnée par la CFDT. Le problème, c’est de savoir comment elle va évoluer.
Compte tenu de sa prise de distance avec le Parti communiste, elle est devenue très démocratique, et pas seulement en apparence. D’où un pluralisme interne qui va des adeptes du dialogue social à ceux qui n’ont pas changé dans leurs convictions marxistes. Dans ce contexte, les trotskistes et les militants du NPA se font fortement entendre. La Direction confédérale essaye d’éviter de se laisser entraîner par cette tendance radicale mais ce n’est pas facile pour elle, compte tenu de la situation économique, qui se traduit par de fortes craintes portant sur l’emploi, ce qui a pour effet d’exaspérer les passions.
Or, il ne faut pas oublier qu’une partie de l’opinion se reconnaît aujourd’hui dans une critique extrémiste de la politique menée par le Gouvernement et une partie du patronat.

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