Sauveuse de la nation ou reine de la division : ce portrait contrasté que les médias anglais offrent de Margaret Thatcher <!-- --> | Atlantico.fr
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Les obsèques de l'ancien Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, ont lieu à Londres ce mercredi.
Les obsèques de l'ancien Premier ministre britannique, Margaret Thatcher, ont lieu à Londres ce mercredi.
©Reuters

Revue de presse

La dépouille de Margaret Thatcher devait reposer mardi dans une chapelle du Palais de Westminster, pour une cérémonie privée à la veille de funérailles quasi nationales et sous haute surveillance. Au Royaume-Uni, les médias célèbrent, chacun à leur façon, la Dame de fer.

Albert C.  Querfiniec

Albert C. Querfiniec

Albert C. Querfiniec est journaliste. Il écrit pour Atlantico sous pseudonyme.

 

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Seulement une poignée de personnalités politiques peut prétendre avoir changé la face du monde et Margaret Thatcher appartient à cette toute petite minorité. C’est ce que souligne The Economist. Aujourd’hui plus que jamais, poursuit l’hebdomadaire libéral anglais, le Monde a besoin de s’en tenir aux principes qu’incarnait la Dame de fer.

Le Guardian, situé politiquement plus à gauche, tout en affirmant que Margaret Thatcher devint progressivement une caricature d’elle-même (elle fut "plus dure que dure"), lui reconnait une forme de longévité exceptionnelle : c’est elle qui rédigea la feuille de route de la Grande Bretagne pour un tiers de siècle. Non seulement elle marqua le pouvoir de son empreinte de 1979 à 1990 mais encore tous les grands débats publics qui comptent et qui, aujourd’hui encore, traversent la société britannique (économie, politique sociale, droit, culture, affaires étrangères …) restent placés sous le signe du thatcherisme. Selon le Guardian, la vie publique est encore déterminée à un point incroyable par la confrontation entre ceux qui veulent poursuivre l’œuvre alors entreprise et ceux qui, au contraire, cherchent à édulcorer ou inverser la tendance.

Le Sun, journal populaire conservateur, estime que par rapport aux responsables politiques actuels, il n’y a pas photo : Maggie n’avait rien à voir avec le côté Flanby  de ces poids-plume politiques que sont, à droite, Dave (Cameron), au centre, Nick (Clegg) ou encore, à gauche, Ed (Milliband). Et le Suns’enorgueillit d’avoir, par la force et la fidélité politiques de son lectorat, pris une part non négligeable dans une véritable révolution reposant solidement sur les principes et les réalisations de Maggie : liberté individuelle, autonomie, défense forte, impôts allégés, mise en échec de la dictature syndicale, rejet de l’ Etat-Nounou maternant les citoyens, refus de toute ingérence bruxelloise, victoire dans la guerre froide, inflexibilité face aux assassins de l’ Armée Républicaine Irlandaise, reconquête des îles Malouines…

Le Times est certain d’une chose : l’héritage de Margaret Thatcher lui survivra. L’Angleterre a enfin commencé à prendre la mesure de ce qu’elle représente , à savoir, selon ce journal, la plus éminente personnalité britannique en temps de paix, une femme qui est parvenue à changer la vie en profondeur grâce à la seule force d’un tempérament hors du commun. Elle fut en effet la femme des vérités simples, parvenue au sommet du pouvoir à la fin d’une décennie qui avait vu la Grande Bretagne perdre confiance en elle-même. Sur les grands problèmes de son temps, elle fit les bons choix, juge le Times.

Le Daily Mail reprend à son compte la formule de David Cameron, l’actuel locataire du 10, Downing Street, évoquant "la femme qui sauva la Grande Bretagne" et nous propose l’analyse suivante : Margaret Thatcher était animée de la ferme conviction qu’une société, c’est la résultante des forces qui agissent à sa base (individus, familles, paroisses, entreprises, associations…). Margaret Thatcher estimait que ses concitoyens avaient trop tendance à s’en remettre à l’Etat, qu’ils se focalisaient sur leurs avantages et leurs droits plutôt que sur leurs obligations ; elle entrevoyaitune société libérée, avec une multiplicité d’initiatives partant d’en bas ; ainsi serait avantageusement remplacée la société de type socialiste où bureaucratie et technostructure chapeautentle bas de la pyramide et décident à sa place.

Le Daily Mirror, symétrique, côté gauche, du Sun, précédemment cité, présente Maggie comme "la femme qui a divisé une Nation" mais reconnait tout de même qu’elle sut jusqu’où ne pas aller trop loin dans le "Tout-libéral" : ainsi, pendant la durée de ses mandats comme Premier Ministre,la dépense publique n’a, malgré tout, jamais chuté en deçà du seuil de 39% du Produit Intérieur Brut et la Dame de Fer se garda bien de s’attaquer au NHS (« National Health Service »), le système médical public auquel les Anglais restent attachés. Le Daily Mirror en conclut que Margaret Thatcher, qui parvint à renverser complètement la pensée dominante de son époque quant à la relation entre la puissance publique et les forces du marché, cette femme de convictions en qui ses admirateurs voient la Sainte Jeanne d’Arc du libéralisme économique, sut aussi se montrer pragmatique.

Pour le meilleur ou pour le pire, la Baronne Thatcher a refaçonné notre Nation, peut-on lire dans The Independant. Encore aujourd’hui, poursuit ce journal, le sens du mot "thatcherisme" est compris dans le monde entier. Il évoque une action énergique, sans états d’âme, dans le style "retroussons - nous les manches" ; il suggère une certaine forme d’obstination et est devenu synonyme de coupes budgétaires.

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