La France et l’Italie sont-elles les plus grands dangers qui menacent l’Europe comme le dit le rapport Olli Rehn ?<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
La France et l'Italie sont des dangers pour l'Europe selon le rapport Olli Rehn.
La France et l'Italie sont des dangers pour l'Europe selon le rapport Olli Rehn.
©Reuters

Prudence

Le niveau élevé de la dette publique française peut "avoir des effets négatifs sur le fonctionnement économique de la France et de la zone euro dans son ensemble" a estimé dans un rapport Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques.

Daniela  Ordonez

Daniela Ordonez

Daniela Ordonez est en charge du suivi des finances publiques et de la problématique de la dette publique en zone euro, des pays d'Amérique latine et d'Europe du Sud (Espagne, Italie, Grèce).

Voir la bio »

Atlantico : Lors d'une conférence de presse, Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques, a estimé que la dette publique française peut "avoir des effets négatifs sur le fonctionnement économique de la France et de la zone euro dans son ensemble". De même, les faiblesses de l'économie italienne ont été soulignées alors que l'Allemagne semble toujours aussi solide. La France et l'Italie sont-elles constituent-elles un risque pour la zone euro ?

Daniela Ordonez :La France et l'Italie sont deux grands pays dont les économies pèsent fortement sur l'ensemble de la zone euro. Elles sont respectivement les deuxième et troisième économies de la zone. Par conséquent, toute faille de leur part impacte l'ensemble de la zone euro, et ce dans des proportions bien plus importantes que ce que nous avons connu avec Chypre par exemple alors bien même que les difficulté de l'île ont fait vaciller l'Europe plus d'une semaine durant.

Le premier risque est financier. Si la France ou l'Italie sont dégradées sur les marchés, c'est l'ensemble des autres pays fragiles de la zone qui verront leurs conditions de financement affectées sur les marchés. L'autre risque est lié à l'économie réelle puisque toute récession ou stagnation économique dans l'un de ces deux pays pénalise l'ensemble de la zone que se soit en termes de croissance, d'échanges commerciaux et, par conséquent, d'emploi. Si des pays comme la Grèce ou Chypre ont fait peser un risque financier sur la zone euro par effet de contagion financière, leurs poids économique restent faibles et toute récession chez eux impacte en moindre mesure les autres États. C'est ce point crucial qui distingue la France et l'Italie : au delà d'un risque financier, ils font peser un risque économique réel sur l'ensemble de la zone (croissance, commerce extérieur...).

Quels signaux montrent un affaiblissement des économies française et italienne ?

D'un point de vue conjoncturel, le premier signal d'affaiblissement est, sans surprise, la faible croissance économique, voire la récession dans le cadre de l'Italie. Mais il s'agit d'une caractéristique qui affecte l'ensemble des économies européennes. Sur le plan structurel, certaines faiblesses s'accentuent et deviennent de plus en plus problématiques, comme le signale la commission européenne. C'est le cas de la perte de la compétitivité des entreprises locales et des exportations de ces deux pays

Un point important concerne le coût salarial unitaire nominal dans ces pays. Depuis le premier trimestre 2009, soit juste après la faillite de la banque Lehman Brothers, celui-ci s'est réduit de plus de 9% en Espagne (ce qui traduit une réduction de la main d’œuvre permettant un retour de la compétitivité), contre une hausse de presque 5,5% en France et 3,3% en Italie. Ceci révèle que le coût que les entreprises françaises et italiennes doivent payer pour chaque unité produite continue de s’alourdir, pénalisant de plus en plus la compétitivité de leur industrie.

Le salaire espagnol avait beaucoup augmenté dans les années précédant la crise. Il s'agit d'un effet d'ajustement suite à l'éclatement d'une bulle qui ne pouvait plus durer. Cette baisse du coût du travail correspond à une dévaluation interne qui lui permettra par la suite de rebondir, notamment par les exportations. L’Italie et la France vont donc faire face à un problème structurel de compétitivité. Il s'est déjà manifesté : le taux de marge des entreprises française à diminué à un niveau très faible.

Olli Rehn a également précisé que "la commission croit encore, que l'Allemagne peut faire bien plus pour stimuler sa demande intérieure", comme ouvrir son secteur des services à la concurrence. Quelle est la part de responsabilité de l’Allemagne dans les difficultés rencontrées par certaines économies européennes dont la France et l’Italie ?

Il est souhaitable que l'Allemagne adopte une politique de relance de sa demande interne car cela contribuerait de remédier à certains déséquilibres. Les Allemands doivent comprendre que nous sommes dans une union monétaire et que nous devons travailler ensemble pour aller de l'avant.

Mais nous ne pouvons pas nier que l'Allemagne a déjà procédé à un certains nombres d'efforts. De même, il ne faut pas oublier que l'économie allemande s'en sort très bien y compris hors zone euro : son excédent commercial est même essentiellement dû à ses exportations vers le reste du monde extra zone euro. Le succès allemand ne s'exerce donc pas uniquement au détriment des autres économies européennes comme nous l'entendons souvent.

L'Allemagne a très vite compris qu'il fallait aller chercher la croissance là où elle était : chez les pays émergents ou même les Etats-Unis. La France et l'Italie ont manqué ce tournant et doivent elles aussi se tourner davantage vers les économies à forte croissance.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !