La Troïka fait le point à Athènes : la Grèce a-t-elle rempli sa part du contrat ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Plusieurs petites communes ont été supprimées pour les regrouper sous des formes plus importantes.
Plusieurs petites communes ont été supprimées pour les regrouper sous des formes plus importantes.
©Reuters

Le bilan

L'Union européenne, la BCE et le FMI ont repris leurs discussions pour vérifier qu'Athènes mène à bien les réformes exigées (nombre de fonctionnaires, taxe sur la propriété immobilière). Des discussions cruciales en vue du versement d'une nouvelle aide de plus de 2,5 milliards d'euros.

Jésus Castillo

Jésus Castillo

Jésus Castillo est économiste, spécialiste de l'Europe du sud chez Natixis.

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Atlantico : L'Union européenne, la BCE et le FMI ont repris leurs discussions pour vérifier l'état d'avancement des réformes exigées à Athènes, en particulier celles relatives au nombre de fonctionnaires ou la taxe sur la propriété immobilière. L'objectif étant le versement d'une nouvelle aide de plus de 2,5 milliards d'euros. Où en est la Grèce avec ses réformes ?

Jésus Castillo : Beaucoup de réformes ont déjà été adoptées pour assainir les comptes publics du pays : économies de dépenses dans le système fiscal pour essayer de mieux collecter l'impôt en élargissant la base imposable, baisse du salaire des fonctionnaires de l'ordre de 15%, baisse des retraites les plus élevées ou encore hausse de la TVA et de l'impôt sur le revenu.

De même, le gouvernement s'est lancé dans un processus de réduction des entités publiques que se soient pour les administrations ou les entreprises publiques et parapubliques, l'objectif étant de supprimer les doublons. Pour ce faire, plusieurs petites communes ont été supprimées pour les regrouper sous des formes plus importantes. Enfin, plusieurs actifs publics ont été privatisés.

Les nouvelles mesures que va surveiller la troïka (BCE, Union européenne, FMI) consistent à réduire le nombre de fonctionnaires à hauteur de plusieurs milliers de postes par an et à instaurer une taxe sur la propriété immobilière pour élargir la base imposable afin d'éviter que certains ne payent pas leurs taxes en usant de subterfuges divers et variés. L'idée est d'associer le paiement de la taxe foncière au paiement de la facture d'électricité. Cette méthode consiste à accroître l'efficacité du recouvrement de l'impôt.

De 2009 à 2012, le déficit public a été réduit de 15,6% du PIB à 6,6% soit 9 points de réduction : c'est colossaleNous constatons cependant que ces mesures ne sont pas suffisantes car plusieurs d’entre elles sont en suspend et mettent en difficulté l'atteinte des objectifs fixés à l'horizon de 2013. La situation reste donc très compliquée et les investisseurs sont encore dubitatifs.

Alors que l'Italie devrait connaître une contraction plus forte que prévue de son PIB - 1,6% contre -1,5% initialement - selon, Gianfranco Polillo, le sous-secrétaire d'Etat à l'Economie, les réformes menées en Grèce l'empêche t-elle de retrouver la croissance, pourtant meilleure voie pour rembourser ses dettes ?

Effectivement, les mesures adoptées en matière d'austérité budgétaire ont des effets récessifs. Comme nous l'avons vu, le déficit public est passé de 15,6% du PIB à 6,6% de 2009 à 2012. Mais pour obtenir ces 9 points de réduction, le pays a été contraint d'adopter pour presque 14 ou 15 points d'économies à cause des effets secondaires : une baisse des salaires des fonctionnaires réduit la consommation et par conséquent les recettes fiscales. Il y a une spirale récessive.

Pour réduire d'un point le déficit public (un point de pourcentage par rapport au PIB, ndlr), un point d'économie ne suffit pas car il a un effet multiplicateur. L'effet récessif des mesures prises a été sous-estimé par le passé. L'impact sur la croissance économique fut donc beaucoup plus fort que prévu. Le FMI a lui-même reconnu dans certaines de ses publications parues depuis cet été que cet effet multiplicateur avait été plus fort qu'il ne le pensait, ce qui explique les mauvais résultats des plans mis en place par la troïka. Et sans perspectives de débouchés, il n'y aura que peu d'investissements.

Les risques que faisaient peser la Grèce sur la zone euro sont-ils essentiellement derrière nous ?

Ce risque est désormais exclut de la quasi totalité des scénarii établis par les économistes depuis que la BCE a précisé qu'elle interviendrait autant qu'il le faudra pour éviter un éclatement de la zone euro. Cela ne signifie pas pour autant que la banque centrale va régler les problèmes de solvabilité des finances publiques et des banques.

Cela se manifeste dans son comportement : elle n'achète pas de dette publique des pays en difficulté pour faire baisser les taux d'intérêts auxquels ces pays s'endettent comme le font la Fed ou la Banque d'Angleterre. Elle n'achète pas non plus les actifs toxiques des banques pour assainir leurs bilans mais demandes aux Etats de s'occuper de cette tâche et donc de porter ce risque. Il n'y a toujours pas de véritable dissociation des risques bancaires et souverains.

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