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Affaire Cahuzac : la gravité des faits, la médiocrité des réactions
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Editorial

Dans l'affaire Cahuzac, au lieu de se poser les bonnes questions, les politiques tentent de tirer profit des événements. Seule la réaction de Jean-Louis Borloo se distingue.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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"Quand les remèdes sont pire que le mal, il faut changer de docteur". Ce vieux proverbe s’applique assez justement à ce qu’il est convenu désormais d’appeler l’"affaire Cahuzac". L’ex ministre du Budget qui se tenait toujours droit comme un "i" et affichait le sourire carnassier de ces hommes qui ont réussi vient d’avouer avoir détenu un compte en Suisse, avoir menti sur ce compte devant les Français, dans une lettre manuscrite évoquant celle qu’on rédige souvent avant de commettre l’irréparable. La dernière lettre avant la balle.

La double faute de Jérôme Cahuzac, choisi par François Hollande pour serrer les cordons de nos bourses et  réduire la dette du pays, rejaillit forcément sur l’image du gouvernement tout entier, sur celle de la gauche et sur l’image des responsables politiques en général, les affaires n’ayant pas épargné les présidences de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. L’actuel chef de l’Etat a eu cependant le mérite de laisser travailler la Justice, de démissionner le fautif dès l’ouverture de l’enquête puis de condamner ses agissements à partir du moment où la culpabilité de Cahuzac ne faisait plus aucun doute.

On attend désormais de nos responsables politiques qu’ils posent les bonnes questions et tentent d’y répondre. Comment une telle nomination a-t-elle pu être possible ? Existe-t-il un cercle vicieux qui amène ce genre de personnages au pouvoir ? Comment faire, à l’avenir, pour éviter  qu’une telle situation se reproduise ? Au lieu de cela, la plupart des opposants à François Hollande ne cherchent qu’une seule chose : tirer un profit politique, voire politicien, de ces événements. Marine le Pen réclame une dissolution. Sans doute pense-t-elle que face à cette pagaille généralisée – affaire Cahuzac, mise en examen de Nicolas Sarkozy, perquisitions chez Guéant et Lagarde dans l’affaire Tapie-Crédit Lyonnais- le FN se distinguerait lors de législatives anticipées. Jean-François Copé demande au Président de la République de "changer complètement son gouvernement". Pourquoi ? En quoi Laurent Fabius, Vincent Peillon ou Fleur Pellerin par exemple sont-ils fautifs dans cette affaire ? Copé veut déstabiliser le pouvoir socialiste, pousser l’avantage, et montrer qu’il reste l’opposant le plus virulent de son camp. Quant à Jean-Luc Mélenchon, concentré sur son objectif qui reste de matraquer la "gauche social-traitre" pour la devancer lors des prochaines consultations, il semble se réjouir de traiter Cahuzac de "salaud ". Mais attention, au sens sartrien du terme…

De crédible, soucieux de faire progresser la République, je ne vois guère que Jean-Louis Borloo, président de l’UDI, qui a proposé de créer une commission parlementaire afin d’identifier la chaine des responsabilités et d’en tirer les conséquences. Parfois, le centrisme a du bon.

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