Quels sont les emplois les plus menacés par la crise en France ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Beaucoup d'emplois sont menacés.
Beaucoup d'emplois sont menacés.
©Reuters

Où, quand, comment ?

Le nombre de demandeurs d'emploi n'a cessé d'augmenter au cours des 22 derniers mois en France, à tel point que l'Hexagone frôle le record atteint en janvier 1997 de 3,195 millions d'inscrits.

Francis Kramarz

Francis Kramarz

Francis Kramarz est économiste, spécialiste des questions d'emploi et du marché du travail.

Professeur à l'école Polytechnique et l'ENSAE, il est également directeur du Centre de recherche en économie et statistique (CREST).

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Atlantico : Alors que le taux de chômage a dépassé les 10% au quatrième trimestre 2012, les fermetures d'usines et les destructions d'emplois se font ressentir. Quels sont aujourd'hui les emplois les plus menacés par la crise ?

Francis Kramarz : Toute la recherche en France, comme dans les pays développés, démontre que la question ne se pose pas tout à fait par secteur ou type de contrat. Même dans des secteurs en difficulté, disons le textile ou le vêtement, certaines entreprises vont très bien. Ainsi, Inditex (Zara) ou H&M se portent à merveille. Alors que d'autres, plus ou moins connues, vont fermer. La vision des pouvoirs publics, qui raisonnent en termes de secteurs, de régions... est totalement fausse et inadaptée. La question ne se pose ni en termes de secteurs, ni en termes de taille ou encore d'âge des entreprises. Ce qui compte ce sont les produits, l'organisation ou encore les personnes qui y travaillent, voire le chef d'entreprise et son talent d'innovation.

Il en va autrement du type de contrat car, bien sûr, les intérimaires et les CDD sont les premiers à subir les chocs économiques alors que les CDI sont (relativement) protégés.

Les accords sur la sécurisation de l'emploi, signés entre les partenaires sociaux - syndicats et patronat - le 11 janvier dernier peuvent-ils protéger les emplois menacés par des fermetures ? Ces accords, en cherchant à sécuriser l'emploi, risquent-ils de pénaliser les embauches et les créations d'emplois dans les secteurs d'avenir ?

L'accord compétitivité-emploi qui prévoit de sécuriser des emplois contre des baisses temporaires de salaires (s'il y a accord majoritaire des salariés) a certainement des vertus défensives. L'exemple le plus fameux est allemand : Volkswagen a pu faire le dos rond et revenir au beau fixe actuel. Et protéger l'emploi dans une entreprise ou un secteur risque de bloquer les salariés dans des entreprises sans avenir et d'empêcher l'émergence d'emplois dans des entreprises - encore une fois je refuse de parler de secteur - d'avenir.

De ce point de vue, le système français, même après l'accord de janvier 2013 est loin, très loin, d'un système assurant la flexicurité. Rappelons qu'un tel système ne restreint pas le licenciement et met le paquet sur le transfert des compétences et des droits d'une entreprise, d'un métier à un autre. Ainsi, il protège les personnes et non les emplois. Malheureusement, pour les salariés, l'accord du 11 janvier ne porte nullement cette vision.

Les emplois détruits pendant la crise pourront-ils être recréés une fois celle-ci terminée ? Les emplois de demain seront-ils les mêmes que ceux d'aujourd'hui ?

Certains emplois détruits seront recréés, d'autres non. La crise permettra de tester la pertinence de certains choix stratégiques et les entrepreneurs ayant faits les bons choix verront leurs entreprises croître. Les emplois de demain seront un mélange d'emplois passés et d'emplois récents, en tout cas se déroulant dans des entreprises qui auront su résister, voire profiter de la crise pour se développer. Ni moi, ni les hommes politiques ne peuvent prédire qui survivra, qui verra son entreprise fleurir, ou se faner.

C'est dur à accepter mais c'est la chance du petit face au gros, du peu éduqué face à l’énarque ou au polytechnicien, du peu connecté face à celui disposant de réseaux... mais vous voyez qu'en France, nous partons avec un handicap pour que le système fonctionne bien car l'éducation et les réseaux sont plus prégnants que dans de nombreux autres pays.

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