François Hollande, président technocrate d'une autre planète<!-- --> | Atlantico.fr
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François Hollande n'a pas convaincu lors de son entretien avec David Pujadas jeudi soir.
François Hollande n'a pas convaincu lors de son entretien avec David Pujadas jeudi soir.
©Reuters

Editorial

Le grand oral de François Hollande jeudi soir ressemblait vraiment à l’exposé oral d’un ancien élève de l’ENA et ne répondait en rien aux interrogations des Français angoissées devant l’accumulation des faits témoignant du déclin du pays. Le chef d'Etat continue d’arborer sa posture immobiliste, en procédant seulement à quelques incantations.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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La prestation à laquelle vient de se livrer François Hollande à la télévision a répondu pleinement à ce qu’on pouvait attendre de lui, mais en aucune façon à ce qu’auraient souhaité les Français. C’était vraiment l’exercice de l’exposé oral d’un ancien élève de l’ENA, formaté à la technocratie la plus étroite de cette grande école qui imprègne depuis soixante ans les hautes sphères dirigeantes du pays. Avec cette prétention à incarner une vérité transcendantale qui ne s’arrête pas aux états d’âme et aux crispations d’une opinion traumatisée par la crise. Rien dans les propos présidentiels qui répondent aux interrogations angoissées devant l’accumulation des faits témoignant du déclin du pays : un chômage qui monte inexorablement, un pouvoir d’achat en berne, une véritable entrée en récession de l’économie selon la révision des chiffres de l’OCDE, la recrudescence de l’intolérance et le développement des conflits.

Face à ces signes multiples que mettent en relief tous les observateurs, François Hollande reste de marbre, ou plutôt continue d’arborer sa posture immobiliste, en procédant seulement à quelques incantations. « Le monde bouge, il évolue rapidement. Nous devons aller  plus vite » souligne le président. Le mot « faire » revient sans cesse dans  ses propos. « Je suis dans l’obligation de faire car la crise a été trop longue. Je veux réussir. Je n’attends pas la croissance, je la crée. On va tout revoir. Je suis dans l’action. » Des phrases martiales, définitives, qui masquent  pourtant un étonnant vide dès que l’on passe au mode des actions concrètes.

François Hollande annonce un choc, mais c’est celui des simplifications administratives ! A s’interroger si ce n’est pas l’une de ces boutades dont le président est si friand et dont il n’arrive pas à se départir alors que la situation est critique. Il s’attarde longuement sur les mesures, toujours les mêmes, annoncées il y a quelques mois et qui n’ont toujours pas fait sentir leurs effets. Il se borne maintenant, pour épicer son discours, à prévoir quelques mesurettes supplémentaires, mais dont les imprécisions sont susceptibles d’aviver de nouvelles craintes en  matière d’allocations familiales ou de retraites. Face à la montée des périls, il faudrait galvaniser, mobiliser, rassembler. Au lieu de la chaleur de l’enthousiasme, il veut afficher des nerfs d’acier dans un corps froid, pour apaiser, pacifier un pays en effervescence, attitude qui passe pour de l’indifférence et le fait apparaitre comme un personnage déshumanisé, désincarné, aux yeux de ses adversaires, mais aussi parmi certains  de ses amis politiques.

Le chef de l’Etat prétend toujours qu’il sait ce qu’il veut faire, mais il demeure dans ses propos une ambigüité qui évoque celle du sphinx, qui n’est pas propre à rassurer. François Hollande attend que les événements décident pour lui : il espère toujours que la reprise américaine ramènera la croissance en Europe. Mais d’ici là, il ne peut exclure une pression de la rue à la faveur des manifestations qui grondent de  plus en  plus fort. Car l’opinion ne croit plus dans des remèdes qui se font trop longtemps attendre, ni dans l’autorité de celui qui est censé les administrer.

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