"Le modèle de résolution à la chypriote"...? La gaffe du président de l'Eurogroupe sur Chypre était-elle une révélation déprimante de la façon dont les dirigeants européens voient l'avenir ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Jeroen Dijsselbloem a expliqué que le plan de sauvetage élaboré pour Chypre pourrait servir d'exemple à d'autres pays cherchant à restructurer leur secteur bancaire.
Jeroen Dijsselbloem a expliqué que le plan de sauvetage élaboré pour Chypre pourrait servir d'exemple à d'autres pays cherchant à restructurer leur secteur bancaire.
©Reuters

Humour potache

Le plan de sauvetage élaboré pour Chypre pourrait servir d'exemple à d'autres pays cherchant à restructurer leur secteur bancaire, a déclaré ce lundi Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico : Le nouveau président de l'Eurogroupe a déclaré que "Si une banque à risque ne peut pas se recapitaliser elle-même, alors nous discuterons avec les actionnaires et les créanciers obligataires, nous leur demanderons de contribuer (...) et, si nécessaire, aux détenteurs de dépôts non garantis." Est-ce que venant de la bouche du président de l'Eurogroupe cette sentence annonce l'avenir de la politique européenne ? Allons-nous vers une politique de réponses brutales aux problèmes des états membres de la zone euro ?

Nicolas Goetzmann :  Revenons quelques semaines en arrière, le 1er février 2013, Jeroen Dijsselbloem nationalisait SnsReeal , la 4e banque néerlandaise  pour 3.7 milliards d’Euro. Cette solution est de fait totalement opposée à ce qui se passe à Chypre et les déposants néerlandais n’ont pas été sollicités. Alors soit le président de l’Eurogroupe a changé d’avis en quelques semaines, soit les déposants chypriotes sont moins égaux que les autres. Ensuite, il est important de noter que Jeroen Dijsselbloem est un représentant du parti travailliste néerlandais, affilié au parti socialiste européen. Le caractère rugueux de ces déclarations peut ainsi doublement surprendre.

Il semble dès lors que la position de l’Eurogroupe devient moins tolérante, alors même que l’on ne peut pas considérer qu’elle ait été extraordinairement laxiste par le passé. Nous avons ainsi une situation d’austérité monétaire et budgétaire à laquelle s’ajoute une certaine radicalisation du traitement des difficultés.

Cette déclaration fracassante a été qualifiée de "gaffe" pour cause "d'inexpérience". Selon vous, est-ce bien le cas où s'agit-il au contraire d'une approche tout à fait assumée et calculée ?

Il me semble que la déclaration est suffisamment claire pour ne pas parler de gaffe. De plus, Jeroen Dijsselbloem a d’ores et déjà subi beaucoup de critiques (Benoit Coeuré de la BCE, Jean-Claude Juncker qui occupait le poste avant lui etc..) et il tient encore debout. Nous assistons simplement à un réel durcissement de la stratégie en Europe, ce qui peut tout de même paraître paradoxal.  Nous nous alarmons devant la montée des populismes tout en continuant de serrer les vis.

On reproche à Jeroem Dijsselbloem d'être un "homme d'Angela Merkel". Derrière les prises de position du président de l'Eurogroupe, quelle la part directement imputable à l'influence de l'Allemagne ?  

Jeroen Dijsselbleom est un socialiste, ce qui l’oppose normalement à Angela Merkel. Et pourtant  le traitement de la crise Chypriote se fait dans une douce harmonie idéologique. La solution apportée ressemble de très près au premier projet du FMI qui était soutenu par l’Allemagne. Les appartenances politiques européennes ont laissé place aux intérêts nationaux, aux groupes de pays et le contre-pouvoir que pourrait porter la France fait défaut. L’Allemagne défend ses intérêts et se trouve dans un processus électoral (le scrutin ayant lieu en septembre prochain) qui n’a pas tendance à arrondir les angles. Dans de telles circonstances, il en effet plus compliqué de négocier et demander une plus grande participation au contribuable allemand.

Il faudrait tout de même que les pays du nord se rendent compte qu’ils bénéficient déjà d’un Euro faible au regard de la performance de leurs économies et d’une protection contre l’inflation qui leur est garantie par les 18 millions de chômeurs Européens. Leur poids sur la baisse des salaires permettant la maîtrise des prix. Mais très clairement, nous ne pouvons pas accuser les pays du nord frontalement, notre part de responsabilité est immense puisque nous ne parvenons pas à faire peser nos intérêts.

La déclaration ayant soulevé le tollé parmi chez certains membres de la zone euro, cette approche brutale pourra-t-elle tenir la distance face à une fronde des états qui ne partage pas cette approche ?

La fronde est pour le moment inexistante. Je tiens à rappeler que François Hollande, aussi bien que Nicolas Sarkozy avaient intégré une notion très forte dans leur programme : la refonte du mandat de la BCE pour une prise en compte de la notion de croissance. Dans son article 11, le programme socialiste le mentionnait explicitement. Le discours de la Concorde de Nicolas Sarkozy fait également part de cette même intention. Sur un sujet d’une telle importance, nous pourrions presque avoir un consensus politique national, qui pèserait lourdement dans les négociations Européennes. De plus, je n’ai aucun doute qu’une telle proposition puisse être soutenue par de nombreux pays en Europe. La sortie de crise ne passera que par ce débat ; une crise monétaire appelle une réponse monétaire. Ce débat n’aura pas eu lieu lors de l’intervention du Président de la République le 28 mars.

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